Champion du Monde EWC en titre, Xavier Siméon est le local de l’étape. Le pilote officiel Suzuki répond à nos questions.
Qu’as-tu ressenti lors de tes premiers tours de roues à Spa avec ta moto d’Endurance ?
C’était évidemment un feeling très particulier. J’ai bien entendu roulé très souvent à Francorchamps, mais la plupart du temps, c’était hors compétition. Donc, sans pression ni objectif de résultat. Avec les premiers tests avant les 24H de Spa, nous sommes passés aux choses sérieuses. Ces journées servent à travailler, à peaufiner les réglages, etc. Et parfois, on vit des moments étranges. Cette fois, j’avais l’impression de rouler sur un autre circuit. J’ai rencontré des problèmes avec les repères que je possédais au guidon d’autres motos. Il a fallu que je me réadapte afin d’en trouver de nouveaux. C’était vraiment complètement différent avec ma moto d’Endurance.
Donc, même si tu connais Spa-Francorchamps comme ta poche, tu dois t’adapter ?
Oui, la Formula EWC est une véritable moto de course. Elle est plus rigide, dispose de bons freins, et il y a de la puissance à revendre. Tout est plus compliqué. Au début, tu as l’impression d’aller vite et, en fait, tes chronos montrent le contraire. Le ressenti différait beaucoup de mes expériences précédentes. Il faut se débloquer psychologiquement, oublier tout ce qu’on connait et repartir sur de nouvelles bases.
Parles-tu de la course à venir avec ton père ?
Non, les deux époques sont complètement différentes. Il préfère ne rien dire car, de toute façon, ça ne servirait à rien. Aujourd’hui, les rythmes en course se révèlent presque similaires à ceux en qualification. Il faut donc attaquer sans arrêt. Les conseils d’hier ne sont plus utilisables. Sauf un : continuer sur ma lancée et faire comme j’ai toujours fait depuis mon arrivée en Endurance. À savoir rouler vite mais en gardant toujours une petite marge de manœuvre pour éviter de partir à la faute. C’est le conseil numéro 1… à appliquer partout !
Que va apporter le fait d’être le « national » de l’étape ?
De la motivation. Je suis content de pouvoir rouler devant le public belge, devant ma famille. C’est la première fois que tous les membres de ma famille seront présents sur une course. Beaucoup vont pouvoir enfin découvrir l’univers dans lequel je vis car, en réalité, ils ne le connaissent pas… même s’ils savent très bien ce que je fais. C’est donc une motivation mais une saine motivation. Pas de celle qui te pousse trop loin. Non, je reste les pieds sur terre car ce qui compte le plus, c’est de terminer sur le podium.
Vous visez donc le podium ?
Nous visons le meilleur résultat possible en fonction de notre potentiel. Si nous terminons cinquièmes, nous nous contenterons donc de la cinquième position. Prendre des points pour le championnat reste la chose la plus importante en vue de l’objectif final : reconduire notre titre.
Qu’apporte chaque individualité – Gregg Black, Sylvain Guintoli et Xavier Siméon – à l’ensemble SERT ?
Chacun met son égo de pilote de côté. Personne ne cherche à montrer à tout prix qu’il est le plus fort. Nous formons véritablement une équipe et, au lieu de nous tirer dans les pattes, nous mettons tout en œuvre pour nous entraider. Et je pense qu’aujourd’hui, cet état d’esprit fait la force du SERT. Gregg n’a jamais eu la chance de rouler en GP malgré son talent exceptionnel. Faire équipe avec deux ex-pilotes de GP permet de mettre en avant son potentiel à sa juste valeur. Sylvain est arrivé avec l’intention de gagner, et non pas de montrer son CV. Nous avons tous les trois cet esprit d’attaquant mais l’intérêt de l’équipe prime toujours.
Par rapport aux autres équipes, où le SERT parvient-il à faire la différence ?
Notre équipe ne laisse absolument rien au hasard, ce qui nous permet d’attaquer sur la piste mais sans jamais dépasser la limite. Car nous savons, par exemple, que l’équipe établit des stratégies parfaites, notamment au niveau des arrêts au stand. Tout le monde fait sa part du travail. Mais celle du SERT représente certainement 80% du gâteau, les pilotes apportent les 20% pour finir le job et déposer la cerise sur la pièce montée.
Quelles sont tes relations avec les autres Belges du paddock ?
Pour moi, la concurrence est uniquement sur la piste. Cela dit, nous avons peu le temps de nous voir, tout le monde est très occupé. Mais c’est super de voir des Belges dans ce championnat. J’espère qu’il y en aura encore davantage à l’avenir, surtout avec le retour de Spa au calendrier mondial. Ce rendez-vous doit jouer le rôle de locomotive et donner envie aux jeunes de se lancer dans la moto. Nous avons un circuit de référence, avec à sa tête une équipe ambitieuse, Zelos et la BMA abattent un boulot impressionnant… tout est réuni pour remettre la moto belge sur la carte !
Un dernier mot pour le public ?
Venez nombreux, vous ne regretterez pas d’avoir payé votre place ! Par rapport au MotoGP, le public a accès au paddock avec un ticket « entrée générale ». Les pilotes et les teams sont beaucoup plus accessibles, il y a de nombreuses animations autour du circuit durant les 24 Heures… L’Endurance, c’est très différent d’une course sprint. Mais cela reste une expérience inoubliable pour tous les fans de moto ! (Photos Jonathan Godin)
