Qui n’a jamais rêvé de se mouvoir dans les cieux? Nous vous proposons de découvrir l’Ardenne sous un nouvel angle: vue du ciel, tout simplement! Dans le silence des airs, à peine troublé par le sifflement du vent sur les ailes, nous vous emmenons à la découverte du monde passionnant du vol à voile. Come fly with us! En selle, bien sûr!
En cette fin d’hiver, il est temps de sortir nos rutilantes machines. Outre le plaisir d’aller angler et de se balader dans notre douce Wallonie, ces BBB sont aussi une bonne occasion pour découvrir d’autres passions. Les planeurs sont à l’aviation ce que les voiliers sont à la marine. Elancé, majestueux, silencieux et propre, le planeur laisse la part belle au pilotage naturel, mais la nature et la météo ont plus que leur mot à dire! Une subtile alchimie qui vaut la peine d'être découverte. Et n'allez pas croire que ce soit du "promène couillon", sous le fallacieux prétexte que ça n'a pas de moteur: le planeur, c'est sportif et ça peut aller très, très vite!
Coup d’aile, coup de gaz, coup de blues
A notre arrivée au petit matin à l’aérodrome de Temploux, nous découvrons sur la piste un grand oiseau blanc en attente de l’avion remorqueur. Nous irons nous réchauffer à la brasserie "d’Hélices" en attendant les compagnons de route. Quelque temps plus tard (ce sont toujours les mêmes qui se font attendre…Grr!!), nous quittons l'aérodrome de Temploux par la N93 pour aller chercher la N958. On traverse la Sambre que nous longerons le temps de quelques coups de gaz. A Malonne, on passe devant le collège Saint-Berthuin où des dizaines de générations de potaches de la région ont usé leurs fonds de culotte. Juste derrière, l’église abbatiale du même nom arbore fièrement la haute flèche de son impressionnant clocher. Nous sommes au cœur de la vallée du Landoir, endroit où Berthuin se fixa en 660, sur les conseils d’un ange, pour évangéliser la "Gaule-Belgique". On remonte vers le plateau à travers l’entité de Malonne. Village attachant certes, mais l’ambiance, par cette météo chagrine, y est un peu morose. De nombreux commerces de proximité ont fermé leur porte, emportant avec eux un peu de la vie du village. Si le soleil fait défaut, coup de blues garanti!
Une Sibérie sans goulag
La route tournicote gentiment pour rejoindre le plateau. Nous quittons l’itinéraire "de base" pour suivre des panneaux interpellants. "Point de vue de la Sibérie", késaco? Un petit parking nous permet de laisser refroidir les moteurs. Cinq minutes de marche et nous découvrons un panorama impressionnant sur la vallée de la Meuse. Mais pourquoi la Sibérie? Pour une simple raison de degrés centigrades! Il fait par ici de trois à quatre degrés de moins que dans le centre de Bois-de-Villers, et ce en permanence. Une jolie descente, avec un revêtement de qualité, nous permet d’enquiller quelques épingles à cheveux bien sympa pour rejoindre les bords de Meuse. On arrive à Profondeville, Parfondeviye en wallon namurois. Après quelques centaines de mètres, on traverse le fleuve pour remonter la rive droite. Ne manquez pas de jeter un œil sur les splendides villas mosanes du début du siècle dernier. Certaines sont d'ailleurs classées et ce n'est que justice. Les bords de Meuse restent incomparables. Une atmosphère unique en Wallonie, de tourisme paisible et cossu, se dégage des lieux. On profite de cette rive droite trop souvent négligée pour s’imprégner de cette ambiance. A l’entrée d’Yvoir, on bifurque à gauche. Dès que l’on quitte la "fille de la Haute-Meuse", on longe une vertigineuse plaque de pierre bleue taillée dans la colline. Les grandes excavatrices semblent minuscules sous cette énorme masse minérale. Comme il fait humide, nos machines sont partiellement repeintes d'une gadoue blanchâtre, charriée par les camions. Nettoyage obligatoire au retour, tant cette bouillasse poussiéreuse est abrasive!
Routes d’antan
Une jolie boucle méconnue nous attend. En direction d’Evrehailles, une petite route virevolte en sous-bois. Ça grimpe gentiment jusqu’à l’ancienne gare de Bauche-Evrehailles. Joliment transformés en brasserie-restaurant, les lieux méritent que l'on s'y arrête. A peine plus loin, une autre surprise nous attend: une route minuscule qui grimpe plus encore avec de nombreuses courbes. L’étonnement vient du revêtement utilisé dans les virages: une succession de petits pavés usés par le temps. Ils feraient presque pitié! En passant dessus, on a l’impression de rouler sur un toit de tuiles. La direction générale opérationnelle des Routes et Bâtiments du SPW ne doit pas connaître l’existence de cette chaussée, tant elle semble surgie en droite ligne du XIXe siècle. Surprenant! Tout comme les paysages qui s’offrent à nos yeux, d'ailleurs… Après cet hiver trop rude, nos yeux s'émerveillent devant ces panoramas. On traverse le beau village d’Evrehailles, pour rejoindre la N937. Cette autre classique nous mène à Purnode. On délaisse la brasserie du Bocq (nous y reviendrons lors d'une prochaine BBB) et l’on continue jusque Spontin. Si la ville pouvait s’enorgueillir depuis 1888 de l’exploitation de ses eaux, depuis le mois de septembre dernier, la société a été déclarée en faillite. Encore une tranche de notre patrimoine industriel qui disparaît! On traverse la localité. Sur la gauche, le château semble quelque peu délabré. Il est vrai que l’entretien d’une telle demeure réclame de solides moyens financiers. Notre chemin se poursuit en direction de Ciney. Cette N937 est vraiment plaisante à parcourir sur deux roues! Après nous être lesté l'estomac dans la cité condruzienne, nous poursuivons sur une route splendide. En direction de Custinne, on s’en donne à cœur joie. La vue se dégage, le plateau au large de Conneux et de Conjoux se laisse parcourir avec bonheur. La route serpente entre les pâturages. Nous glissons de vallons en vallons jusqu’au doux village de Custinne. La N929 nous attend: certes c'est tout droit, mais les paysages caractéristiques du Condroz restent on ne peut plus plaisants. Et l’on continue sur le même "mode plaisir": plein sud cette fois.
Au revoir Condroz, bonjour Famenne
Après Buissonville, on retrouve des petites routes comme on les aime. La Famenne nous accueille. Dans cette dépression, les champs se font plus vastes. Si les reliefs s’apaisent, la forêt ardennaise montre le bout du nez. C’est à On (c’est bien le nom du village…) que l’on emprunte la N86. Plus roulante, cette nationale effleure Jemelle et nous conduit à Nassogne. On se glisse dans l’ombre de la collégiale Saint-Monon, dont la façade date de 1661. Les trente prochains kilomètres se feront sous la voûte sylvestre. Au cœur de l’Ardenne Centrale, nous traversons des chênaies, des hêtraies et une érablière. Après le Bois de Grune, nous pénétrons dans la forêt de Saint-Michel. En son cœur, le chêne Michel est âgé de plus de 250 ans. Il doit son nom à l’ancien "champêtre" qui soignait la forêt. Avec une circonférence de 4 mètres et une hauteur de 25 mètres, il fait partie des trésors à préserver de notre Ardenne. Il nous reste à traverser le village de Lavacherie, connu pour ses vestiges romains, avant de plonger dans la Forêt de Freyr (rien à voir avec le château du même nom, qui est en bord de Meuse…. ).
Rendez-vous dans les cieux
Une dernière passe sur la N89 nous mène directement à l’entrée du CNVV ou Centre National de Vol à Voile, terme de notre balade. En sortant d’ici, la pratique du planeur n’aura plus de secrets pour vous. Ce lieu envoûtant, magique, nous permet de faire un baptême de l'air. En planeur, même si le cocon de plastique est souvent étroit, un seul sentiment domine: une liberté absolue! Après un court briefing, le baptême démarre par l’enfilage du parachute. Je prends place dans le cockpit. J’ai l’impression de me glisser dans le réservoir d’une moto… L’avion remorqueur roule sur la piste en herbe. Une bonne âme tient l’aile pour empêcher qu’elle ne frotte sur le sol. Après quelques mètre à peines, le couple avion-planeur quitte le sol. En moins de cinq minutes, le plafond de 500 mètres est atteint. L’avion-remorqueur bat des ailes, et le pilote du planeur largue le câble de traction. L’avion plonge vers le sol dans un piqué impressionnant. S’en suit une petite demi-heure de pur bonheur. A glisser sur l’air, surfer sous les nuages, bercé par le bruit de l’air qui siffle sur les ailes, nous imitons les buses variables de la région. L’œil se perd au loin. Les panaches de fumée blanche de la centrale de Chooz, proche de Givet, et celles de Tihange, à proximité de Huy, sont bien visibles. La ville de Saint-Hubert paraît minuscule. Le planeur tourne et retourne à la recherche des courants ascendants pour prolonger son vol. L’atterrissage se fera tout en douceur sur une centaine de mètres seulement. Nous pourrons alors profiter de la terrasse du nouveau complexe hôtel-resto-brasserie. Entre-temps, l'obscurité est tombée sur l'Ardenne. Aussi empruntons la rectiligne N89 pour aller récupérer la N4 et rentrer à la maison. Bonne route, bon vol et prudence!
Arrêts gourmands
– Evrehailles: l’ancienne gare abrite un bel établissement. Que ce soit pour y boire un verre ou y manger, l’endroit mérite qu'on s'y arrête. Cossu et agréable, Le Terminus est sis 18 rue de la Bonne Auberge (ça ne s'invente pas…) à 5530 Yvoir/Bauche. Tél.: 082/64.69.45 ou www.restaurantleterminus.be
– Ciney: le plaisir d’une délicieuse pizza, cuite au four à bois, et servie rapidement, ça ne se refuse pas. Le restau italien où nous avons fait halte est idéal pour ne pas se ruiner et manger copieusement. Ristorante Il San Marino Ciney, 160 rue du Commerce à 5590 Ciney. Tél.: 083/21.17.81. Noter également, à deux pas, un restaurant chinois de bonne réputation. La spécialité de la maison est le canard laqué. Restaurant Laï Laï, 127 rue du Commerce à 5590 Ciney. Tél.: 083/21.66.99.