C’est par monts et par vaux que l’on vous emmène en ce mois de février. A quelques encablures de la cité ardente, nous démarrons d’Aywaille pour découvrir des petites routes tortueuses et montueuses. Pour rester cohérent avec les variations d’altitude, nous vous avons tracé un parcours en forme de «grand huit». Un road-book… comme à la foire, quoi!
La riante petite ville d’Aywaille est facilement accessible par la E25. Ce n’est pas pour rien qu’elle est surnommée «La porte de l’Ardenne liégeoise». Voilà qui annonce d’emblée la couleur…. Nous «zérotons» sur la place Joseph Thiry, à deux tours de roue du pont de l’Amblève. L’endroit offre nombre d’établissements permettant de se réchauffer les menottes, une tasse de chocolat chaud entre les doigts. Nous quittons Aywaille par la célèbre «Route des Ardennes». La N30 que nous empruntons était un axe majeur entre Liège et Bastogne avant la mise en service de l’autoroute E25. Rassurez-vous, nous ne l’utiliserons que sur 4 petits kilomètres, juste le temps de faire grimper les moteurs en température…
En Awan ou en arrière?
Une courte incursion à Harzé – nous y reviendrons plus tard dans la journée pour nous sustenter – et l’on remonte vers Awan. Figé par l’hiver et le petit matin, Awan est l’un de ces villages comme on les aime, mélange d’authenticité ardennaise, de respect des traditions et de dynamisme culturel (voir le Carnet). De nombreux jeux de mots débiles nous viennent en tête: «Awan c’était mieux», «Allons de l’Awan», etc. Après un passage au sommet de la colline, on se laisse glisser en tournant gentiment jusqu’à l’Amblève. Quelques virages plus loin, nous frôlons Rouvreux. Nous sommes sur de bien petites routes. Quel régal! La saison ne permet pas d’ouvrir les gaz en grand, et le parcours incite à la flânerie. Tant mieux! On traverse le hameau de Presseux avant de descendre rapidement jusqu’à Chanxhe pour aller franchir l’Ourthe. Voilà un étonnant village partagé entre deux administrations communales: sur la rive droite, vous êtes sur Sprimont. Mais dès que vous franchissez le pont de l’Ourthe, vous vous retrouvez dans l’entité de Comblain-au-Pont, tout en étant toujours à Chanxhe! Les voies de l’administration sont décidément impénétrables… On bifurque à droite pour rejoindre Poulseur, autre village bien sympathique où le charme de l’Ardenne n’a pas été dénaturé par les promoteurs immobiliers. Si la soif vous torture, la place Puissant est bien agréable pour arrêter les machines et boire un verre en toute tranquillité. Au pied de la place, la gare a perdu son âme. Le bâtiment, à peine rénové, a été désaffecté par la SNCB. Ô temps, ô mœurs! Durant des décennies, des centaines d’ouvriers carriers ont transité tous les jours par la salle des pas perdus, se réchauffant autour du vieux poêle de Louvain. Et voilà qu'au nom de la rentabilité, un service public balaie d’un coup de paperasse ce témoin de la glorieuse histoire industrielle wallonne. Allez, reprenons la route. En quittant le village, jetez un œil à la splendide «Maison du Peuple».
Par Mont et par vaux
Un autre joli «berg op berg af» (comme on dit à Bruxelles) nous attend! Après un passage boisé, on retrouve les verts pâturages. Nous grimpons la colline jusqu’à Mont, cramponné sur la cime, avant de nous laisser descendre sur un filet de gaz pour aller effleurer le centre de Comblain-au-Pont. Nous remontons tout de suite vers le sud-ouest pour passer devant l’entrée de la splendide activité nature «Les Découvertes de Comblain» avec, entre autres, la grotte de l’Abîme et l’excellent Centre d’interprétation de la chauve-souris, à découvrir sans faute. Après une nouvelle bosse enjambée pour rejoindre Comblain-Fairon, nous retrouvons les rives de l’Ourthe. Nous traversons Hamoir, la ville natale de Jean Delcour (1627-1707) sculpteur de renom et de son frère cadet Jean-Gilles Delcour (1632-1695) peintre et portraitiste de talent. Ils doivent leur nom au quartier de Hamoir où habitait la famille. Notre parcours reste dans l’artistique en remontant vers Filot, village natal d’Edouard Senny (1923-1980), musicien et compositeur de musique d’église. Mais Filot est plus connu pour être le berceau des récits du célèbre chroniqueur René Henoumont, qui nous a quittés il y a bientôt 3 ans.
Harassé à Harzé
Les changements de niveau (peut-on parler d’altitude en terre wallonne?) nous laissent un léger répit en restant à mi-pente. Nous traversons le joli bois de Xhoris (prononcez «Horiss») et revenons sur Harzé. Nous terminons ainsi la boucle supérieure de notre «grand huit». Le château de Harzé est une splendeur. Prenez le temps de parcourir ses jardins avant d’aller déguster un plat mijoté, sous les voûtes du restaurant installé au cœur du château. C’est donc le ventre plein que nous entamons une longue descente vers le sud. Après Paradis, on ne fait qu’y passer – l’arrêt définitif est prévu le plus tard possible! – nous traversons Burnontige. Si Chanxhe a une situation administrative tordue, Burnontige a une situation religieuse rocambolesque. Burnontige fait partie de la commune de Ferrières et devrait donc dépendre du diocèse de Liège. Pas de chance, Burnontige fait partie de la paroisse St-Antoine (province du Luxembourg) et dépend donc du diocèse de Namur tout en étant situé en province de Liège. Ouf… Cette fois, ce sont les voies du Seigneur qui restent impénétrables. On continue notre balade de crête en crête vers Erezée. Bercée par l’Aisne, la ville est connue par son célèbre tramway touristique. Nous partons à la découverte de l’un des derniers témoins du réseau ferré secondaire qui était géré par la défunte SNCV (Société Nationale des Chemins de fer Vicinaux). A la sortie de la localité, un ancien tram décore joliment le rond-point. Un arrêt «nostalgie» s’impose, tout comme à la Forge à la Plez que nous atteignons en longeant le cours sinueux de l’Aisne. De l’autre côté de la rivière, on aperçoit de temps à autre la voie du tramway touristique. Après avoir enjambé la rivière, voici l’arrêt du vicinal de la Forge à la Plez. Comme son nom l’indique, l’endroit abritait une forge qui fabriquait du fer platiné. D’anciens wagons se laissent contempler dans l’attente de soins qui leur feront vivre une seconde jeunesse grâce à l’activité touristique.
Quelques kilomètres encore et l’on arrive dans un petit village au charme irrésistible: Grandmenil. Toits d’ardoises et pierres de pays donnent aux maisons une allure calme et sereine. Le passé du village a pourtant été troublé. La folie meurtrière des hommes s’est exprimée ici à de nombreuses reprises. La dernière fois, ce fut lors de la sinistre offensive von Rundstedt. En décembre 1944, les nazis en déroute sèment la terreur et incendient tout le village. Il en reste un témoin privilégié: le «Panzer» échoué là. Peu après Grandmenil, nous traversons la N30 dont nous parlions, il y a peu, avant de passer au-dessus de la E25. Comme ce long trait bitumeux est laid dans la riante campagne ardennaise…
Courbes à tour de bras
La moto nous permet d’aller découvrir d’autres petites voies bucoliques. D’abord vers Bra, tout en usant la tranche de nos pneus, Trou de Bra ensuite, en longeant la riante Lienne. Nous suivons la rivière pendant près de 14 kilomètres. Ses eaux semblent magiques, comme sorties d’un conte de notre enfance. Du plaisir tout en courbes pour atteindre le confluent avec l’Amblève. Entre-temps, nous serons passés par Les Forges. A quelques centaines de mètres d’ici, sort de la roche la célèbre «eau perlée» de Bru. L’eau, purifiée par la roche, filtre à flanc de route, conférant des couleurs splendides aux rocs. Encore quelques tours de roue le long de l’Amblève avant de remonter vers la crête et rejoindre le sommet du Stoqueu et ses impressionnants 347 mètres d’altitude… Sur le plateau, les arbres qui bordent la route ont dessiné une arche qui forme un tunnel végétal de toute beauté. Sympa à parcourir. On frôle encore la E25 avant de savourer nos dernières petites routes tournicotantes et entamer là l’ultime descente de ces «montagnes russes», pour revenir vers notre point de départ: Aywaille. Vous avez mérité un dernier verre avant de rentrer dans vos pénates, de belles images de nature plein la tête! Bonne route et bon amusement.
La saison ne permet d’ouvrir les gaz en grand. Et le parcours incite à la flânerie.
Un arrêt «nostalgie» s’impose à la Forge à la Plez que nous atteignons en longeant le cours sinueux de l’Aisne.
Sur le plateau, les arbres qui bordent la route ont dessiné une arche qui forme un tunnel végétal de toute beauté.