Un été en Villers (2) – Les Villers, suite mais pas fin…

Balades à moto Tourisme P.Bonamis J.Berghmans
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Dans la famille des Villers, voici les parents du Luxembourg… belge, bien sûr!

En ce mois de juillet, nous prenons la direction du grand Sud vers des paysages de rêve et des routes aux grandes qualités motocyclistes pour continuer notre exploration des Villers de Wallonie. Tous en selle, il y a des BBB ou Belles Bornes pas Banales (!) à faire en ce mois de juillet.

Ferrières sera notre point de départ. Facile d’accès depuis la E25, la localité nous offre un clin d’œil à notre précédente BBB. Nous nous étions arrêtés à Villers-le-Temple, devant le «Café des Sports». Nous démarrons ce jour devant un autre «Café des Sports». Au sortir de Ferrières, le ton est donné: petites routes, vastes horizons et plaisir à tous les…Villers! Car nous arrivons très vite à Villers-Sainte-Gertrude. Petite commune agréable, elle tire son nom de sa longue appartenance au monastère Sainte-Gertrude de Nivelles, entre le Xe et le XVIe siècle. Nous entamons une longue descente plein sud. Quelques courbes et épingles à cheveux après ce premier Villers, on emprunte la N806 pour traverser le Bois du Pays, cela ne s’invente pas.

Vers les hauteurs

Nous surfons de crêtes en crêtes, entre des étendues boisées. La vue se dégage, les yeux se perdent sur les cimes des arbres. On rejoint la N30 pour passer à la Baraque de Fraiture. Troisième point culminant de Belgique, à 652 mètres, nous avions jusque-là bénéficié d’un ciel bleu peu nuageux. A notre arrivée à la Baraque de Fraiture, le ciel était gris, plombé, comme si les nuages étaient restés bloqués par cette barrière de la Haute Ardenne. La N30 nous fait longer l'E25. Il est étonnant de voir comment l’autoroute est clôturée, grillagée, encagée. Outre le fait de ne rien voir, l’autoroute prend un air de prison. Beurk!

Achouffe et sa célèbre brasserie sont à un jet de pierre. Pour les plus assoiffés, on vous promet d’y revenir. Tout comme à Houffalize que nous ne ferons que traverser après une longue descente en larges virages. Prenez le temps, en passant, de jeter un œil à une petite statue en remontant le versant sud. Sur votre droite, un personnage ressemble à Tchantchès! Que nenni, il s’agit d’un hommage à Pogge (prononcez Poje), un Schaerbeekois célèbre au XIXe siècle, qui avait pour habitude de régler à l’amiable tous les conflits de quartier. Houffalize est jumelé avec Schaerbeek… De là cet hommage qui a donné lieu à de nombreux échanges festifs entre les deux communes. Nous quittons bien vite la ville par la N30 avant de prendre une belle route vers Vissoule et Tavigny. Le revêtement vient d’être entièrement refait pour le passage de la course cycliste Liège-Bastogne-Liège. Il faut que cela présente bien pour les images vues depuis l’hélico! Ne crachons pas dans la soupe et profitons-en pour enquiller allègrement les courbes qui suivent dans un cadre très agréable jusque Tavigny.

Souvenirs guerriers

Nous continuons notre descente. Au sens propre également, nous ne sommes plus qu’à 488 mètres d’altitude. Merci le Tripy! Nous voguons sur les plateaux de cette belle province, entre verts pâturages et parcelles boisées. Quelques villages viennent agrémenter ce tronçon: Boeur, Bourcy ou Arloncourt. Nous sommes à quelques centaines de mètres du Grand-Duché. Les maisons commencent à présenter un autre caractère. Les routes sont étroites, le revêtement en bon état, le décor grandiose. Le bonheur est simple comme une balade à moto! On se rapproche de Bastogne. Toute la région a été le théâtre d’intenses combats en décembre 1944 et janvier 1945.

A l’entrée de Marvie, une tourelle de char américain témoigne de ces massacres. Encore quelques kilomètres à travers de beaux massifs forestiers et l’on rejoint, au creux d’une vallée encaissée, le village de Villers-la-Bonne-Eau. Il tire son nom d’une source miraculeuse qui serait apparue lorsque les habitants du village, désespérés par un incendie qui avait ravagé leurs maisons, se mirent à invoquer sainte Barbe, leur patronne. Aussitôt une source jaillit à côté de l’église. L’incendie put alors être rapidement éteint. Merci sainte Barbe! Nous reprenons à présent un peu de hauteur en roulant tout en finesse, de virolos en virolos sur des voies étroites. On franchit la Sûre à Strainchamps. Comme il existe plus au nord le célèbre «Entre-Sambre-et-Meuse», nous sommes ici dans «l’Entre-Sûre-et-Strange»! Un crochet par la N848 et l’on arrive au centre de Fauvillers. C’est sur la jolie place verte triangulaire que nous nous arrêtons pour calmer nos estomacs affamés par tant de jolies choses. Une brasserie à l’accueil sympathique (avec une édition du journal local disponible pour tous!) nous permettra de nous sustenter sans traîner. Il nous reste encore pas mal de kilomètres, car nous ne sommes qu’à la moitié de cette BBB qui nous mène dans l'un des coins les plus reculés de Wallonie. La forêt d’Anlier nous attend. Quelle merveille! Au détour d’un virage, on découvre un mur de végétation fendu verticalement par la route. A l’assaut!

Les 4 frères

Au sortir de la forêt nous sommes à quelques mètres du village de Behême. Entre la célèbre marque bavaroise et la chanson d’Aznavour (mais oui: «je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…la behême ça voulait dire on est heureux»…) nous ne pouvions manquer cette localité. C’est la Forêt de Rulles que l’on traverse cette fois. Après un passage sous l'E25, nous marquons une petite pause au Chêne des 4 Fils Aymon. Sur une ancienne souche coupée, quatre rejets ont repoussé avant de s’unir, soudés l’un à l’autre comme les 4 frères. L’arbre majestueux aurait près de 250 ans. C’est à 100 mètres de la route. Villers-sur-Semois nous attend. Il s’agit d’un village typique de la Gaume, avec ses maisons écartées et son relief généralement plat. A Sainte-Marie, c’est le bâtiment officiel de la commune qui nous surprend. Comme sur la plupart des hôtels de ville de la région, il porte, affichée en grand, l'inscription «Mairie». Tout cela donne un agréable parfum de France à la région. Nous faisons une petite halte à Bellefontaine, plus précisément au cimetière militaire qui longe la route. Créé par les Allemands à partir de 1917, 527 militaires français et 928 soldats allemands y sont inhumés. Tous sont tombés lors de la bataille acharnée de Bellefontaine du 22 août 1914. La sobriété et le calme des lieux incitent à la réflexion. Entre ironie et morale de l’histoire, tous ces hommes qui se massacrèrent les uns les autres pour la «patrie» se retrouvent côte à côte pour l’éternité. Nous reprenons la route le cœur serré. Nos pensées s'égayeront rapidement. Près de six kilomètres de courbes nous feront traverser le Grand Bois de Lahage. Ah, quel régal! Nous passons sous le chemin de fer et arrivons à Meix-Devant-Virton. Le tracé vous fait remonter vers l’église et le centre du village pour bénéficier d’une belle vue sur les toits et sur le défilé de la vallée, souligné par la route, la voie de chemin de fer et la Chevralle. Cette petite rivière a imprimé sa marque au relief. Depuis Fauvillers, nous sommes au contact de nombreux cours d’eau. Toute la région est baignée de rus, rivières et autres ruisseaux: la Chevralle que nous découvrons, mais aussi l’Anlier, la Rulles, la Semois, la Sûre, le Strange etc. Au pied de l’église de Meix-devant-Virton quelques bancs invitent au farniente. Nous profitons de quelques rayons de soleil. Bercés par les bruits tamisés de la vallée, nous sortons la carte pour faire le point.

Crochet français

Nous sommes maintenant tout près de Villers-la-Loue, dont le nom latin était Villare Allodium. Il s’agissait d’une propriété héréditaire, libre et affranchie, par opposition à un fief qui est la concession d’un seigneur. Ce cinquième Villers de la journée est un tout petit village. De là, nous devrons piquer vers l’ouest pour une incursion en France. Comme à l’accoutumée, sans le panneau indicateur du passage de frontière, il serait impossible de savoir si l’on est en Wallonie ou dans l'Hexagone. Juste après Sommethonne en territoire belge, nous parcourons les rues de Thonne-la-Long, en France. Sur les murs de l’église, les derniers stigmates de la campagne électorale sont toujours affichés, avec les portraits des dix candidats à l’élection présidentielle. Après le village d’Avioth, nous profitons de beaux virages en descente vers Breux. Le nom du village nous fait penser au «Pogge» de tout à l’heure. En bruxellois, «breu» signifie frère, et les deux régions traversées de part et d’autre de la frontière sont biens «frères» ou plutôt sœurs. Une jolie route vers Fagny nous attend avant de piquer à gauche sur la minuscule D17, repasser en Belgique et atteindre le drapeau à damier de cette BBB: Villers-devant-Orval. Nous ne pouvions que nous arrêter au café proche de l’église: «Le Villers» nous permettra de prendre le dernier verre avant le retour. Florenville puis Neufchâteau ne sont pas loin pour retrouver l'E25. Bonne route, prudence et bons Villers!

Arrêts gourmands

– Ferrières: Le Café des Sports est un bistrot de village comme on les aime, avec une sympathique terrasse. Café des Sports, 6 place de Chablis, 4190 Ferrières.

– Fauvillers: L’Eldo est un café-resto qui vous offrira une cuisine simple et bon marché pour repartir l’estomac bien rempli. L’Eldo, 40 rue du Centre, 6637 Fauvillers. Tél.: 063/60.01.93.

– Villers-devant-Orval: Le café Le Villers est un must où l'on ne peut que s’arrêter pour boire le verre de l’amitié avant le retour. C'est un bistrot de village avec un four à bois qui permet de cuire des pizzas en soirée, si une faim vous tenaille. Le Villers, place Dom Marie-Albert, 6823 Villers-Devant-Orval.