Depuis 1805, D’Ieteren est synonyme de locomotion. Après les carrosses, après les voitures, après les motos, après les scooters, voici les vélos électriques. Une panoplie complète d’ailleurs pour mieux se mouvoir. Une escapade en Toscane nous l’a prouvé !
L’avion s’est à peine immobilisé sur le tarmac de l’aéroport de Florence qu’on tombe le pull. La Toscane nous accueille de sa lumière toute particulière et dans une douceur que ne connaît pas encore la Belgique en ce début mars. Notre groupe est conséquent et disparate. Aux habituels journalistes spécialisés motos sont venus se greffer des collègues de magazines plus people et féminins. Bernard de Longueville, le directeur général de D’Ieteren Sport, renoue ainsi avec une tradition: faire découvrir la gamme de produits que distribue sa maison. Concevons qu’il y a du pain sur la planche… et même mieux que du pain puisqu’on commence par se rassasier dans un petit mais goûteux établissement près du célèbre Ponte Vecchio.
Digestion électrique
L’antipasti envisagé se transforme d’ailleurs en un véritable repas. Pas le régime idéal pour visiter la Piazza del Duomo. Heureusement, on enfourche toute une série de vélos électriques et la digestion devient plaisir. Un coup de pédale et «Reddy kilowatt» fait le reste. Comme Florence pullule de zones pédestres où les vélos sont tolérés, nous voilà en train de tourner autour de la cathédrale zigzaguant entre les autres touristes, souvent japonais. On passera même le Ponte Vecchio sur deux roues. Cela valait peut-être mieux pour éviter que les dames présentes ne s’attardent trop aux mille joailleries érigées sur ce pont dont le Corridor di Vasari, une galerie longue d’un kilomètre au total, permettait aux Médicis de rejoindre leur Palais Pitti au Palazzo Vecchio sans se mêler au populo. Mais le vélo électrique trouve toute sa signification lorsque nous montons vers le Belvédère d’une pédalée souple et franche pour dominer cette magnifique ville d’art. Tout le monde se sent prêt à gagner Milan-San Remo!
Vers Sienne
Le lendemain matin, les choses sérieuses commencent dans un petit brouillard qui se lèvera très vite. Pour les uns, les moins aguerris, randonnée en petits scooters (50, Xenter et Switch électrique), pour les autres, découvertes ou redécouvertes de quelques-unes des motos fleurons de Yamaha.
Les 250km qui nous mèneront à Sienne et retour ne manquent pas d’intérêt. D’abord par la découverte d’une campagne lumineuse où, à chaque instant, on s’attend à voir débouler les légions romaines, ensuite par le «tournicoti» des routes et, enfin, par la diversité de nos montures. Il y a là des Super Ténéré, des XJ6, des FZ8, des FZ1 et naturellement les nouveaux TMax 530. Une bonne occasion de constater qu’un modèle n’est pas l’autre et que chaque moto présente des spécificités et une conduite propres. Vous vous en doutiez un peu, mais ici, en passant directement d’un modèle à l’autre au fil des kilomètres, on le découvre bien plus aisément.
Changement de cavalerie
Je débute par la XJ6 qui va se révéler idéale pour le genre de routes empruntées. Le travail effectué pour donner un maximum de couple à ce quatre cylindres permet d’enrouler les virages sans devoir constamment changer de rapport. La puissance est loin d’être brutale. On la domestique aisément ce qui, ajouté au bon équilibre général et à un poids pas trop élevé, permet d’enquiller les virages sans souci. Freinage et suspension sont à la hauteur des demandes. J’hérite peu après de la FZ1 et j’entre dans une autre dimension. Rien qu’en s’installant au guidon, on sent qu’on a quelque chose de plus monstrueux entre les jambes.
Le moteur est nettement plus dynamique, les accords de suspension plus fermes et le freinage plus vigoureux. Même la sélection de la boîte est différente, plus sèche. Vu les bas-côtés escarpés, j’évite de me prendre au jeu car les virages vous sautent vite au visage. La moto est aussi un peu plus lourde en maniement. Les pneus plus larges y sont sans doute aussi pour quelque chose. Je constate que ma conduite est plus heurtée qu’avec la XJ6, moins coulante. Ce qui m’oblige souvent à profiter des belles montées en régime du moteur pour relancer mon allure. Si je dominais vraiment la 600cc, ici c’est du fifty-fifty entre pilote et mécanique. Il faut rester constamment attentif, mais je conviens aussi qu’avec un passager, la FZI présentera plus d’agrément que la XJ6.
Le Palio et la Super Ténéré
Les hasards des arrêts m’amènent ensuite au guidon de la FZ8 S. Une position de conduite différente au niveau des jambes pour cette machine qui se situe vraiment entre les deux déjà essayées. Le moteur, dérivé, rappelons-le, du R1 de 2004, mais avec un alésage réduit, a aussi été travaillé via le volume de la boîte à air et des tubulures d’échappement de longueurs différentes, pour offrir un maximum de couple malgré l’absence du système EXUP. Son moulin est donc agréable à l’emploi et répond à la moindre sollicitation des gaz, mais de manière moins hard que celui de la FZ1. Son poids se situe également entre les deux et permet de la balancer aisément. Une mécanique bonne à tout faire.
Après une visite rapide de Sienne et de son Palio, cette place où deux fois par an chevaux et cavaliers représentant les 17 quartiers de la ville s’affrontent, changement radical de décor avec la Super Ténéré. Ici, je surplombe la moto et la route. Mes pieds posent juste sur le sol et monter en machine, surtout avec les valises latérales, impose un jeté de gambette digne des ballets de Béjart. La position de conduite est plus droite, mais surtout plus en arrière. Le ressenti de la roue avant est totalement différent. Différente aussi la protection derrière le demi carénage façon protos Dakar. Alors qu’avec les routières la sélection de boîte était ferme, sur celle-ci on a l’impression qu’il y a du mou dans le sélecteur. Ce qui n’empêche pas les rapports d’être passés à la volée sans accroc. Fatalement avec les grands débattements des suspensions, je ressens plus le transfert des masses au freinage mais, en contrepartie, les petites aspérités de la route deviennent inexistantes. Etonnant, mais le rythme est aussi soutenu qu’auparavant à condition de bien visionner d’entrée la courbe des virages et d’enrouler d’une traite. Le grand guidon permet d’imposer la bonne trajectoire mais aussi de la rectifier si nécessaire. Pourtant, sur la balance, et sans les accessoires, la Super Ténéré affiche plus de 260kg. C’est du lourd, mais qui ne se ressent qu’à l’heure des manœuvres de parking.
Le gros bicylindre de 1.199cc a du répondant partout. En plus il est couplé avec une double cartographie (Sport ou Touring) et une Traction Control à trois niveaux. De quoi faire le bon choix, mais aussi de s’échapper sur les chemins de terre serpentant entre les vignes de Toscane en déconnectant totalement le T.C. Pour le freinage, ABS évidemment mais aussi un freinage couplé. Un système un peu différent qu’à l’accoutumé puisque c’est le levier avant qui actionnera aussi, en partie, le disque arrière et non l’inverse. Grâce à cela, vous gardez la maîtrise de votre roue avant et, en tout-terrain, pouvez bloquer l’arrière sans perturber la direction.
Le TMax s’accroche
Après l’essai de l’Honda Integra, j’avais hâte de retrouver les commandes du T Max 530 pour comparer quelque peu. Surtout qu’un mauvais camarade de jeu m’avait dit qu’avec le Yam on pouvait suivre aisément de vraies motos, même sur un parcours sinueux. Exact. Une fois passée votre première appréhension des roues plus petites et de la position de conduite différente, le TMax s’accroche comme un «morbac» aux roues arrière des routières. La réponse du moteur est instantanée, mais je serai curieux de connaître sa consommation à cette allure pleine de relances et de freinages.
La vita è bella
Toute les bonnes choses ont une… «faim». On termine donc cette passionnante journée de «vacances» dans un magnifique restaurant situé à quelques encablures de notre hôtel, une ancienne entreprise vinicole transformée. Le repos est bien mérité, car le lendemain, juste avant de regagner notre petite Belgique, on se paie encore 18km à vélo électrique. De quoi se dérouiller les jambes et éliminer les toxines… avant d’en reprendre quelques-unes dans la propriété viticole de notre hôte Panatoni. Vous avez dit dure la vie de journaliste ?
Un essai gamme signé Philippe Borguet et publié dans le Moto 80 n°738.