Ce week-end, nous avons eu le plaisir de participer au World Ducati Week. Xavier Siméon était également présent et nous avons pu le rencontrer afin de savoir ce qu'il pensait de cet événement et dans quel état d'esprit il se trouvait à mi-saison. Voici son interview!
Moto 80: Que penses-tu de cette WDW 2018?
Xavier Siméon: C’est ma première participation, d’après ce que j’entends, il y a encore plus de monde que pour les éditions précédentes, il y a vraiment une foule incroyable. Je dirais qu’ils sont même plus nombreux que lors du Grand Prix. On a mis plus de 45 minutes pour arriver au circuit ce matin, ça fait vraiment plaisir de voir autant de fans de la marque.
D’après toi, comment Ducati a réussi à créer une telle aura auprès de ses clients?
Ducati est une marque différente de toutes les autres, notamment avec leur bicylindre. Ensuite, c’est une marque européenne. Ça leur a permis de se différencier face aux constructeurs japonais. Les résultats de ces dernières années n’y sont pas étrangers non plus, je pense que la marque à pris encore plus de valeur, d’autant plus avec l’influence des réseaux sociaux. Aujourd’hui, on voit vraiment les véritables fans, le circuit de Misano est tout rouge et ça fait vraiment très plaisir à voir.
Il y a bien sûr un monde de différence entre la Panigale V4 S et ta MotoGP mais quels sont les points de comparaison?
Ducati a vraiment essayé d’implémenter la technologie MotoGP sur une moto de série. L’évolution au niveau de l’électronique se révèle remarquable par rapport à ce dont on pouvait bénéficier précédemment. Bien sûr, on n’est pas encore au niveau d’une MotoGP mais la V4 S est extrêmement évoluée pour une moto de route.
De toutes les Ducati ayant été produites, quelle est pour toi la plus emblématique?
J’ai été Champion du monde en Stock 1000, en 2009, avec la 1098R. C’était véritablement la référence. La Panigale qui a suivi ne l’égalait pas au niveau des performances, donc, pour moi la moto de référence est la 1098R.
Tu as terminé deuxième de la Flat Track Race, comment as-tu vécu cette course?
Je n’avais jamais roulé sur le circuit de flat track de Misano, ni avec le Scrambler. Je pratique le dirt track une fois par an à l’occasion du Superprestigio mais le flat track s’avère complètement différent car on a des virages à gauche et à droite. Mes concurrents étaient très expérimentés, Dovi et Petrucci roulent énormément en flat track, Bayliss a été champion d’Australie. J’étais face à lui en 1re manche.
Sincèrement je pensais me faire éliminer car il a beaucoup d’expérience mais finalement, à ma grande surprise j’ai réussi à le battre avec une belle différence, donc j’en suis très content. En deuxième manche, face à Petrucci, nous nous sommes battus pendant trois tours, finalement je gagne pour 8 millièmes! La moto n’est pas vraiment adaptée à une telle discipline car elle est un peu lourde mais c’était quand même très plaisant.
Ce samedi, tu as disputé la Race Of Champions avec une Ducati Panigale V4 S. On a pu constater qu’à moto égale tu as pu te battre avec les meilleurs. Comment te sens-tu après cette course?
J’ai terminé 8e derrière Dovizioso. C’est difficile à dire mais c’est vrai qu’à moto égale, les différences sont moins marquées. Cela dit, ce résultat n’est pas une réponse aux questions du public.
Tu connais une saison difficile. Ton objectif de début d’année consistait à être meilleur rookie. Quels sont tes objectifs pour les derniers Grand Prix?
Oui, j’avais pour objectif d’être le meilleur rookie. Durant les essais hivernaux j’ai pu réaliser des chronos intéressants. Les premières courses n’étaient pas trop mal non plus. Jusqu’à Barcelone, il y avait une évolution constante. J’y ai fait la qualification à 1,3s de la pole, ce qui est loin d’être ridicule. Mais depuis Assen, nous avons marqué un grand pas en arrière et j’avoue que je trouve cela inquiétant.
Je ne m’attendais pas à une telle perte, je m’attendais vraiment à continuer sur la lancée de Barcelone ou en tout cas, rester au même niveau. Assen et le Sachsenring ont été deux courses très décevantes et c’est très difficile de comprendre pourquoi. Habituellement, les écarts sont très serrés en Allemagne, j’y ai toujours été performant mais cette fois nous naviguions très loin au chrono. Je ne veux pas rester sur cette note là. Nous avons une petite trêve avant Brno qui est un circuit très rapide où j’espère pouvoir profiter de la puissance de ma Ducati.
Les motos évoluent d’années en années, de plus, les GP17 et 18 continuent à évoluer. Or, tu roules avec une GP16. Bénéficies-tu de développements en cours de saison?
Non, je le savais dès le début. La moto restera la même jusqu’en fin de saison. Au delà du fait que ces motos bénéficient d’évolutions permanentes, la base de la machine est déjà plus évoluée que celle de l’année précédente. Chaque année, Ducati crée une moto encore plus performante mais de là à savoir quelles sont les différences entre les motos, c’est très difficile à estimer.
Es-tu le seul pilote du plateau sur une GP16?
Non, nous sommes deux avec Karel Abraham. Mais comme je l’ai dit, il m’est difficile d’estimer la différence de performances entre les motos. Avec Ducati, nous avons l’avantage de pouvoir accéder à toutes les informations des pilotes officiels. Là, on peut voir les différences entre nos motos mais je ne pense pas qu’il y ait une différence de deux secondes. Sur certains circuits, je pense qu’il y a moyen de sortir plus de la GP16. Je pense que le manque d’expérience joue.
Pour faire une comparaison, par rapport à Barbera je suis parfois plus rapide par rapport à ce qu’il faisait l’an dernier mais cela ne se remarque pas en terme de résultats. Tous les constructeurs ont vraiment fait un pas en avant et je pense que c’est pour ça qu’il est plus difficile de montrer de bonnes performances.
As-tu une idée des différences entre ta GP16 et la GP17?
Non, car de tous les pilotes présents sur la grille, seul Dovizioso a piloté la GP16. Ce n’est pas quelque chose que j’essaye de savoir. Je sais que mon matériel est un peu moins performant mais j’essaye toujours de donner mon maximum et d’aller chercher le meilleur de moi avec ce que j’ai à disposition.
En début de saison, t’attendais-tu à de tels écarts?
Lors des deux derniers GP, les écarts étaient vraiment trop importants. Difficile à comprendre pourquoi alors qu’en début de saison les écarts étaient moindres.
Nous en sommes à mi-saison, est-ce que ton team t’a donné de nouveaux objectifs?
Actuellement, il n’y a aucune exigence de la part d’Avintia mais de mon côté, ce n’est pas agréable de me retrouver si loin. J’exige de moi-même de faire beaucoup mieux, car pour n’importe quel pilote, rouler pour finir dernier ou avant-dernier, ça n’a rien d’amusant. C’est à moi de chercher le meilleur de la moto, car comme je l’ai dit, elle ne bénéficiera d’aucune évolution, donc le seul responsable et le seul qui puisse faire mieux, c’est moi!
On a récemment appris l’éviction de Livio Loi de son team Reale Avintia Academy, que penses-tu de cette situation?
C’est difficile de commenter la situation de Livo, chaque pilote vit sa propre expérience. Livio a montré de belles choses cette année mais aussi de moins bonnes. Je suis pilote et je me suis déjà retrouvé dans la situation où il est plus facile de remettre la faute sur le pilote que sur le team. Mais dans ce cas, c’est très difficile de pouvoir juger. Je sais que Livio a un talent incroyable et il a déjà démontré dans le passé que lorsqu’il avait les moyens à disposition il pouvait vraiment être performant.
Il a manqué de régularité, c’est certain, mais il reste un jeune pilote possédant beaucoup de talent. Je ne sais pas ce que lui réserve l’avenir mais je suis persuadé que toute l’équipe de Zelos travaille dur pour qu’il puisse rebondir de la meilleure façon possible. Toutes les places sont comptées, ce sera très difficile mais je luis souhaite de retrouver un guidon afin qu’il puisse montrer tout son potentiel.
Le WDW se déroule à Misano: un circuit que tu apprécies?
Oui, c’est un tracé que j’aime, j’y ai de bons et de moins bons souvenirs mais l’ambiance est incroyable. Le public italien est complètement à fond derrière les pilotes. C’est une ambiance que l’on retrouve sur quelques circuits mais ici, on vit la moto différemment.
Tu as quelques jours pour souffler un peu, quel est ton programme pour la suite?
Nous avons, en effet, quelques jours «off». On profite de ce week-end pour rencontrer les fans, le WDW n’est pas vraiment de tout repos car le programme est assez chargé. Après, je rentrerai à la maison et il me restera 8 jours avant de repartir. Donc mon programme sera de me préparer à fond car il faut arriver en forme et être au top physiquement et mentalement pour Brno et pour pouvoir terminer la saison.
Retrouvez notre reportage au World Ducati Week dans votre Moto80 du mois d'août et prochainement en vidéo sur notre site web!