Motard accompli, Éric de Seynes, président de Yamaha Motor Europe, est un véritable personnage. Un dirigeant à la fois proche de ses clients et au fait des projets les plus secrets de la marque au diapason. Avant de lui poser votre première question, vérifiez le niveau d’encre dans votre stylo…
Comment voyez-vous l’avenir mondial du 2&3RM?
Si vous considérez les choses de façon globale, sincèrement, je vois un avenir très positif. Nous observons une tendance persistante à la concentration des populations sur de grands centres urbains. La province se désertifie de façon continue et l’économie rurale se restructure en profondeur. Et ce mouvement des sociétés vers les grosses métropoles génère des problèmes de mobilité et de circulation pour le citoyen. Ce phénomène continue à se densifier et joue un rôle de moteur pour notre industrie. Nous devons nous poser les bonnes questions pour apporter des réponses et des solutions pérennes et compétitives à ces problèmes de mobilité.
Une mobilité douce?
Notamment. Si nous voulons être intégrés à l’environnement politique actuel, nous devons répondre aux codes de notre société. Nous ne pouvons ignorer les problèmes de pollutions sonore et environnementale, ou encore la sécurité. En tant que constructeur, si nous parvenons à capter ces signaux et à les intégrer dans des produits qui répondent à ces enjeux, il n’y a pas de raison de ne pas voir un grand avenir.
Cet essor de mobilité n’est toutefois qu’un axe…
Il doit nous permettre, à nous constructeur, de consolider notre capacité d’ingénierie et de production. Car je continue à croire profondément aux 2&3RM de plaisir et de loisir. Je défends toujours la passion dans mes échanges avec le Japon. Nous ne pouvons pas développer nos produits en ignorant le problème de la sécurité. Mais je reste convaincu que la seule façon d’amener d’autres personnes à la pratique de la moto consiste à pouvoir faire en sorte qu’ils oublient les inévitables aspects liés à la sécurité à travers cette notion de plaisir.
Une approche rationnelle du risque: cela ne fonctionne pas?
Demander à quelqu’un de prendre un guidon pour gagner 10 minutes par jour est inutile. Par contre, offrir un objet séduisant, qui apportera de l’émotion et un retour d’image qui correspond au client ; un produit avec lequel ce client se sentira en phase, ces stimuli émotionnels et affectifs feront oublier le danger car le bénéfice retiré se révèlera bien supérieur. Trop de pans de la société se sont effondrés alors que les motards chérissent encore tant de valeurs humaines. Je me battrai pour préserver cet état d’esprit: le partage de la passion, l’accès à la compétition, le soutien des clubs sont mes chevaux de bataille. Nous devons nourrir nos passionnés. Il existe encore une communauté moto!
Retrouvez la suite de cette interview exclusive dans votre Moto 80 de ce mois de décembre!