Vous avez été extrêmement nombreux à réagir à l’annonce d’un possible retour des épreuves motocyclistes internationales sur le circuit de Spa-Francorchamps. Néanmoins, il ne s’agit pas de la première déclaration faite à ce sujet et le doute s’est installé dans nos esprits. Alors: effet d’annonce pré-électorale ou réelle volonté? Pour en avoir le cœur net, nous avons contacté le ministre Wallon de l’économie et les nouvelles sont plutôt positives!
Le circuit de Spa-Francorchamps connaît des transformations majeures sous l’impulsion de sa nouvelle directrice Nathalie Maillet. En témoignent notamment le développement digital intensif et les travaux d’envergure réalisés afin de moderniser le circuit et d’accueillir le World Rallycross of Benelux. Et avouons-le, il est réjouissant de constater que notre circuit national se voit offrir une cure de jouvence dont il avait bien besoin.
Hélas, pour les motards que nous sommes, Francorchamps est devenu au fil des années un circuit de moins en moins adapté à notre sport. Les moins jeunes d’entre-vous se souviendront avec nostalgie du dernier Grand Prix, organisé en 1990 et remporté par Wayne Rainey. Treize ans plus tard, ce fut au tour des 24 Heures Motos de disparaître.
Depuis lors, le tracé spadois ne propose malheureusement plus d’épreuves moto internationales. Afin de pouvoir continuer à accueillir le Grand Prix de F1, de lourds travaux ont été entrepris au détriment des normes de sécurité de la FIM. Désormais, les seuls rendez-vous motocyclistes importants se limitent aux 6 Heures de Spa, aux Bikers’Classics et aux quelques Trackdays… Quelle tristesse!
Changement en vue
Oui mais voilà. Le vent tourne et les compétitions évoluent. Si bien qu’aujourd’hui, l’espoir de retrouver des épreuves motocyclistes dignes de ce nom est à nouveau permis suite à la volonté du Ministre Wallon de l’économie Pierre-Yves Jeholet et du gouvernement Wallon. «Nous avons la chance d’abriter le plus beau tracé du monde et les événements à retentissement international contribuent à l’attractivité du circuit de Spa-Francorchamps. C’est pourquoi je me suis toujours battu pour que la belgique puisse continuer à accueillir la Formule 1», nous a confié Pierre-Yves Jeholet.
«Je suis convaincu que les grandes épreuves motocyclistes sont complémentaires à la F1, nous devons diversifier les activités du circuit. Un accord a été conclu avec la FIA pour trois nouvelles années de F1 mais nous ignorons ce que l’avenir nous réservera au-delà de cet accord. Nous devons donc faire en sorte de pouvoir accueillir de grandes épreuves motocyclistes telles que le MotoGP et l’EWC.»
Vous l’aurez compris, la volonté est donc bien présente. Et celle-ci ne se limite pas à des paroles. Des études ont été menées en deux volets. Premièrement, il fallait s’assurer de la faisabilité du projet au niveau des infrastructures. La mission a été confiée au bureau d’études Greisch, qui s’est basé sur la compatibilité des normes de sécurité de la FIM et de la FIA. Ensuite, il a fallu s’assurer de la viabilité économique du projet via le bureau d’audit Deloitte.
Et la conclusion est sans appel: les épreuves moto internationales se montrent plus rentables que la F1! Pour autant, le Grand Prix de Spa reste un bon investissement selon le Ministre Jeholet. «Le coût d’un Grand Prix de Formule 1 pour la Région wallonne est de l’ordre de 6 à 7,5 millions d’euros, selon les années, alors que les retombées économiques pour le pays sont estimées à plus de 30 millions, et ce sans compter celles perçues en dehors de l’organisation du GP en lui-même. Par ailleurs, il est avéré que les épreuves moto sont plus rentables que la F1. En outre, de tels événements internationaux contribuent grandement au remplissage du circuit 8 mois par ans, avec l’aspect financier que cela implique pour la région.»
Feu vert… pour l’EWC
Ces différentes études ont prouvé la viabilité du projet pour autant qu’un investissement complémentaire de 29,5 millions d’euros soit effectué, et pris en charge par la Région wallonne, par le biais de la Sogepa, son bras financier. Le circuit de Spa-Francorchamps entreprendra prochainement une réfection de ses infrastructures, du site et de la piste à hauteur de 28,9 millions. Des travaux de rénovation indispensables afin de développer la modernité et l’attractivité du tracé ardennais, indépendamment de la moto.
Les licences de circuit FIM sont émises par grades, de A à E selon les catégories pour lesquelles on considère que le circuit est adapté. Afin de pouvoir accueillir les épreuves motocyclistes internationales à Spa-Francorchamps, d’autres travaux doivent donc être entrepris. Ceux-ci s’articulent en deux temps. Le premier niveau concerne l’homologation EWC, pour laquelle 25,5 millions sont nécessaires afin d’obtenir le grade C. Le MotoGP, plus contraignant, nécessite d’autres travaux, chiffrés à 25,4 millions afin d’obtenir la certification de grade A.
Le Ministre Jeholet nous a confirmé la bonne avancée des discussions avec Eurosport Events, promoteur de l’EWC. La signature de l’accord devant avoir lieu dans les jours ou semaines à venir. Du côté du MotoGP, de nombreux contacts informels auraient eu lieu entre la Dorna et le circuit. Ceux-ci devraient pouvoir avancer si l’accord avec Eurosport Events est effectif.
C’est à ce moment que le prêt de 29,5 millions d’euros sera décisif puisqu’il servira à démontrer à la Dorna l’engagement et la volonté de notre pays et du circuit de Spa-Francorchamps pour accueillir le MotoGP en Belgique. «Nous n’avons pas de dates précises mais l’objectif est d’accueillir l’EWC dès l’été 2022 et le MotoGP en 2024», nous a confié le ministre de l’économie.
Le business plan étant à présent établi et l’accord avec le promoteur de l’EWC étant proche d’être signé, les négociations avec la Dorna pourraient débuter d’ici peu. Une nouvelle qui réjouit bien évidemment nos pilotes belges. C’est notamment le cas de Xavier Siméon, engagé cette année en EWC. «Lorsque j’ai pris connaissance de l’annonce d’un possible retour des épreuves motos à Spa-Francorchamps j’en ai été terriblement heureux. J’espère sincèrement que la volonté est bien réelle et que cela ne va pas se limiter à un effet d’annonce pré-électoral. Je suis convaincu que l’endurance a toutes ses chances de revenir, mais viser un retour du MotoGP me semble moins réaliste, du moins dans l'état actuel des choses. Les 24 Heures de Spa-Francorchamps étaient un événement mythique, j’espère sincèrement que l'EWC sera de retour d’ici peu.»
MotoGP 2024
Nathalie Maillet, la directrice du circuit de Spa-Francorchamps en poste depuis juillet 2016, avait annoncé son souhait d'œuvrer au retour du MotoGP dans les Ardennes belges peu après son arrivée, indiquant avoir déjà pris contact avec les instances dirigeantes du MotoGP. Elle avait alors déclaré que «les aménagements nécessaires pour accueillir à nouveau la moto ne sont pas irréalisables», avançant tout de même que cela ne pourrait pas se concrétiser avant 2020.
Une date que Didier de Radiguès avait alors jugé irréaliste. Suite à cette annonce faite par le ministre Jeholet, nous avons demandé à l’ancien pilote de nous donner son avis sur la situation: «L’annonce a déjà été faite il y a quelques années, où l’on espérait un retour du MotoGP en 2020. Je n’y croyais pas. Mais 2024 me semble possible. Pour envisager un retour du GP, une équipe d’experts doit être mise en place et il faut une volonté politique. Cette fois, cette volonté semble bien être présente. Un retour du MotoGP à Spa-Francorchamps en 2024 serait une excellente nouvelle pour le sport motocycliste belge et pour les pilotes. On peut d’ailleurs espérer avoir un pilote belge en catégorie reine d’ici là, en la personne de Barry Baltus. Ce serait vraiment fantastique.»
Repartir de 0
Didier de Radiguès, outre son passé de pilote international, fut aussi le représentant des pilotes lorsqu’il mit fin à sa carrière. Il avait d’ailleurs recommandé des aménagements aux responsables du circuit de l’époque afin que le Grand Prix de Belgique puisse perdurer.
Conseils qui n’ont malheureusement pas été suivis. «Si les travaux avaient été effectués en temps voulu, le MotoGP serait toujours à Spa. À présent on repart de 0 et de nombreux aménagements sont nécessaires. Je pense notamment au Raidillon, dont les dégagements ont été asphaltés, mais aussi au virage des Combes. En bout de ligne droite, les motos seront aux alentours de 350km/h. Imaginez qu’un pilote chute après avoir perdu l’avant sous la pluie, ou connaisse un problème de frein à cet endroit! Il faut absolument y aménager un dégagement suffisant pour que les pilotes puisse glisser et y être freinés. Tout le circuit doit être minutieusement observé et il faut imaginer les pires situations pour chaque virage. Toutefois, je suis persuadé qu’il est tout à fait possible d’aménager le circuit de Spa-Francorchamps afin que celui-ci puisse à nouveau accueillir les épreuves motocyclistes internationales.»
Contacté par nos soins, le circuit de Spa-Francorchamps nous a confirmé que les informations données par le Ministre étaient exactes. Néanmoins, les responsables du circuit ne souhaitent pas commenter la situation pour le moment et nous ont assuré que des informations suivraient prochainement…