Situé pile-poil à la frontière, entre Beaumont (B) et Avesnes-sur-Helpe (F), Hestrud est connu pour son poste-frontière, dont la barrière, désormais toujours levée, n’a pas été démontée lors de l’entrée en vigueur des accords de Schengen, en 1993.
Niché dans la riante vallée de la Thure, Hestrud, premier village français après Grandrieu, sera le «camp de base» de cette balade. Les premiers kilomètres mettent le cap à l’Ouest. À Solre-le-Château, dont l’imposant clocher domine la bourgade, on bifurque à gauche et on plonge dans le bocage, cette campagne plantée de haies où les petites routes serpentent à travers de grasses prairies, de village en village.
Nous sommes dans le Parc naturel régional de l’Avesnois: par ici, les paysages évoquent irrésistiblement la Normandie. Et comme là-bas, il y a des pommiers pour faire du cidre et des vaches pour fabriquer du fromage, dont la redoutable Boulette d’Avesnes, qui est sans doute l’une des spécialités gourmandes les plus «odorantes» de l’Hexagone… À Liessies, on passe devant la Bergerie, une brasserie dont les copieuses assiettes de spécialités régionales feront le bonheur des solides mangeurs. Encore une bonne adresse… On continue gentiment par des routes sinueuses par Ramousies et Felleries: voir le Musée des Bois Jolis, installé dans un ancien moulin à eau de 1466, toujours en activité.
De la ferme à l’usine
Nous arrivons à présent à Sars-Poteries, le village des Verriers, où le récent MusVerre a élu domicile dans un bâtiment contemporain aux lignes très pures (www.musverre.lenord.fr). L’une des curiosités du village n’est autre que les «épis de faitage», ces éléments décoratifs en verre coloré que les habitants plaçaient jadis à chaque extrémité du sommet de leur toiture. Les amateurs de bonne chère s’arrêteront pour leur part au «Pavé de Sars» dont la cuisine mérite le détour. Encore une adresse savoureuse offerte par la maison!
Nous abandonnons ensuite la rectiligne D962 pour musarder dans la campagne en direction de Dourlers, où l’on croise la N2, qu’on empruntait jadis pour relier Bruxelles à Paris. Du côté de Saint-Aubin (sans «a»!) et Dompierre-sur-Helpe, nous roulons dans une campagne vallonnée, aux routes gentiment sinueuses. On passe devant la Ferme du Pont des Loups: arrêt obligatoire pour les amateurs de spécialités régionales à emporter!
Souvenirs industriels
Le coin est vraiment agréable, très rural (nombreuses traces de tracteurs, bétail…). Un peu partout, on trouve des «longères», ces maisons de plain-pied ou à étage unique, bâties tout en longueur.
Parfois en pierres, elles sont le plus souvent en briques et beaucoup ont été soigneusement restaurées et fleuries: un régal pour les yeux! Par ici, on savoure le simple plaisir de rouler, sans souci de performance, en passant par Cartignies, Beaurepaire-sur-Sambre, Fontenelle et Floyon.
À partir d’Etrœungt, Rocquigny et surtout Fourmies, l’ambiance change: fini les vertes pâtures et place aux souvenirs de l’activité industrielle, jadis importante par ici, ainsi qu’en atteste le Musée du Textile et de la Vie Sociale installé dans une ancienne filature de 1863. Hormis ce pole d’intérêt, Fourmies n’a rien de bien aguichant et par la D156 nous prenons rapidement la direction du nord et de la frontière belge.
Une fois celle-ci franchie, nous bifurquons à droite vers Macquenoise pour aller jeter un œil à l’ancienne douane, où a été tourné en partie le film «Rien à déclarer», avec Benoît Poelvoorde et Dany Boon.
Courbes et verdure
Après cette pause consacrée au 7e art, place aux joies de la route, avec les grandes courbes de la route de Chimay, que l’on quittera peu avant Seloignes pour rallier Momignies, un autre village marqué par l’industrie du verre. Quelque 400 personnes y fabriquent toujours du verre creux d’emballage pour l’industrie du parfum et des cosmétiques.
En franchissant une nouvelle fois la frontière, du côté d’Ohain (rien à voir avec la commune du Brabant wallon!), on renoue avec les verts paysages du Parc Naturel Régional de l’Avesnois. Après avoir marqué la pause à la fameuse «Maison espagnole» de Moustier-en-Fagne, les routes se font de plus en plus sinueuses du côté d’Eppe-Sauvage et de la base de loisirs du Val Joly.
Ensuite, il ne reste plus qu’à laisser votre moto reprendre son souffle et à glisser vers Clairfays et Hestrud où nous «bouclons la boucle». Bonne route et prudence, toujours!