En cette année 2019, BMW Motorrad fête à la fois les cinquante ans de l’usine de Berlin Spandau et les cinquante ans de la première moto qui y fut produite: la légendaire série 5. Une machine qui changea le regard porté jusqu’alors sur les productions de la marque à l’hélice!
Peu de motards le savent sans doute: l’usine de Berlin Spandau où sont construites les motos BMW débuta son activité en 1939 avec la fabrication de moteurs d’avions, et entama la production de pièces pour motos dès 1949. L’assemblage des motos émigre sur le site en 1969. Et ça tombe bien car BMW a décidé en même temps de dépoussiérer l’image un peu désuète et sévère de ses produits.
L’époque est importante: les années soixante assistent à l’effondrement de l’industrie motocycliste européenne mais aussi à la renaissance du genre aux États-Unis, avec les machines japonaises, plus orientées vers les loisirs. BMW réplique modestement sur le marché américain avec sa vieillissante R69, mais équipée d’une fourche hydraulique en remplacement de la fourche Earles.
BMW reviendra donc à la fourche télescopique pour sa nouvelle série de motos qui, si elle garde les éléments clés chers à la marque comme la transmission par arbre et l’architecture moteur bicylindre à plat, bénéficiera d’un tout nouveau châssis et d’une toute nouvelle motorisation déclinée en trois cylindrées (500cc, 600cc et 750cc).
Du noir et blanc à la couleur
BMW a la bonne idée d’adopter le démarreur électrique et, véritable bouleversement, aux sempiternelles mais sévères livrées noires ou blanches s’ajoute une palette de couleurs vives et métallisées. La révolution est en marche! Et quel chemin parcouru depuis! Trois motos au catalogue en 69, des dizaines aujourd’hui! Le flat twin reste malgré tout l’architecture emblématique de la marque, seulement exploitée aussi par Ural.
Bon, en même temps, les Russes reprenaient la technologie d’une certaine BMW R71: la boucle est bouclée! Bref, en cinquante ans, BMW n’aura eu de cesse que de développer le flat qui aujourd'hui se conjugue au refroidissement liquide, à la distribution variable et à l’escalade à la puissance ; de quoi sans doute laisser sur le chemin quelques nostalgiques du bon vieux temps. À ceux-ci, BMW a dédié depuis 2014 la très attachante R nineT qui a conservé la dernière génération de flat air/huile, un excellent moteur monté dans une partie-cycle minimaliste apte à toutes les transformations.
Le constructeur ne s’en prive pas lui-même puisqu’au fil des ans, une véritable famille « Héritage» s’est créée: à la nineT s’est d’abord adjoint l’inévitable Scrambler, suivi du Racer, de l’Urban G/S et de la Pure. S’y ajoute aujourd’hui la nineT /5, un hommage appuyé aux belles teutonnes de 1969, les premières produites à l’usine de Berlin Spandau, soit les cultes Serie /5: R75/5, R60/5 et R50/5.
Pure, with Style!
Pour son hommage, BMW accentue le côté rétro de sa nineT: pas question ici de reprendre la fourche inversée anodisée or, ce sera la fourche classique, mais traitée argent et agrémentée de soufflets pour mieux coller au passé.
L’hommage à la R75/5 impose aussi les roues rayonnées en aluminium poli, des moyeux de roues et un bloc moteur eux aussi traités alu tout comme les tés de fourche ou les repose-pieds, un bel échappement chromé, une finition que nous retrouvons aussi sur les rétroviseurs. Quelques pièces d’habillage en aluminium, un tableau de bord minimaliste, une selle biplace avec sangle de maintien et passepoil blanc, mais surtout, une belle peinture «vintage» recouvrant le garde-boue avant et le réservoir paré de grippe-genoux caoutchoutés.
En regardant plus dans les détails, nous découvrons que sous cette flatteuse apparence se cache tout simplement une nineT Pure. La plus modeste (mais pas la moins intéressante!) des nineT a en effet servi de base pour cette nouvelle déclinaison de la gamme Heritage, et il faut admettre que l’effet est parfaitement réussi.
Pas d’aluminium donc sous la magnifique peinture Lupinblau metallic souligné de filets Lightwhite ombrés en Tiefseeblau metallic, mais du bon acier, de celui qui accepte bien volontiers les sacs de réservoir aimantés: c’est toujours ça de pris! Les magnifiques jantes en aluminium proviennent de la nineT, sublimées par leur finition aluminium poli. Revers de la médaille, nous n’échapperons pas aux chambres à air et à leurs inconvénients en cas de crevaison.
Conclusion
Pas de grandes surprises donc au guidon de la dernière-née, je retrouve le caractère extraverti et volcanique de ce twin décidément très réussi, qui tire sur les bras avec une santé réjouissante, aussi conciliant dès les basses rotations (50km/h en sixième) que vigoureux à l’assaut de la zone rouge. En prime une bande-son enthousiasmante: bref, le sans-faute!
Et la satisfaction continue avec une partie-cycle enjouée et qui masque bien le poids de la machine avec un centre de gravité bas placé. Freins au diapason et, nouveauté dans la famille, une selle on ne peut plus moelleuse et confortable. C’est simple, cette /5, je ne veux plus la rendre, tant elle correspond à mon idéal motocycliste: une gueule d’amour, un berlingot qui en veut et une absence totale de modernité électronique hormis l’ABS… Tout le monde ne rêve pas d’une GS Adventure full options!
Les up
– Style réussi
– Caractère moteur enthousiasmant
– Simplicité électronique bienvenue
Les down
– Pneus à chambres
– Seulement 10 modèles dispos cette année
– Prix élevé
Consommation mesurée: 5,4l/100km
Prix de base: 14.900€
Disponibilité: fin septembre