Pour terminer la saison, nous vous proposons une virée tout au sud de notre Wallonie, dans cette petite région pleine de caractère qui s’appelle la Gaume, à ne surtout pas confondre avec l’Ardenne. Nous avons choisi comme porte d’entrée l’Abbaye d’Orval, un classique auquel on revient toujours avec plaisir, surtout que les belles routes abondent aux alentours. Voici 130 bornes de découverte et de plaisir…
La pluie qui nous a accompagnés depuis Namur, tantôt gentiment, tantôt avec plus de vigueur, pour cesser miraculeusement à notre arrivée à l’Abbaye d’Orval… Le fameux microclimat gaumais (+2-3°C en moyenne par rapport à l’Ardenne…)? Une intervention divine? Allez savoir!
Au départ de l’Auberge de l’Ange Gardien, les premiers kilomètres, parcourus sur de superbes routes en sous-bois qui sentent bon après la pluie, sont toutefois abordés avec circonspection: le revêtement est détrempé et les traces de boue ne sont pas rares… Ensuite, nous hausserons progressivement le rythme, mis en confiance par l’adhérence étonnante sur le mouillé des Pirelli Scorpion Trail II équipant nos gros trails.
Nous passons par Bellefontaine puis Lahage où nous attend une ravissante petite route tournicotante, longeant un ruisseau vagabond, qui nous conduira à Meix-devant-Virton, proche comme son nom l’indique, de Virton, «capitale» de la Gaume. Nous quittons la ville par la N82, cap au nord-est, en direction d’Arlon.
Dites «mairie»
À Ethe, nous marquons la pause devant l’ancienne mairie. C’est une autre des particularité de la Gaume: ici pas de maison communale, ni de bourgmestre, mais des mairies et des maires, comme en France! À Saint-Léger, la direction générale s’infléchit vers le sud et le relief se fait plus marqué.
La route compte nombre de virolos bien sympathiques où la vue porte loin, jusqu’à Mussy-la-Ville, village où est né en 1822 un certain Étienne Lenoir, inventeur du moteur à explosion. Fonctionnant au gaz, cette mécanique 2T présentait la particularité de posséder une soupape d’échappement à commande mécanique. Dès 1861, ce moteur anime un bateau naviguant sur la Seine. Plus tard, une voiture à moteur Lenoir reliera sans encombre Paris à Joinville-le-Pont, à la moyenne de 3km/h. Lenoir est aussi connu pour être l’inventeur de la bougie d’allumage, composant toujours essentiel des moteurs essence d’aujourd’hui.
La frontière est à présent toute proche. Nous la franchissons allégrement du côté de Gorcy, première localité française, dont la traversée se voit ponctuée de nombreux «stops» en pleine ligne droite… que tout le monde ici semble respecter! Une curieuse façon de ralentir le trafic, efficace mais peu naturelle.
Le relief se fait ensuite plus accentué et boisé vers Saint-Pancré, Tellancourt et Fresnois-la-Montagne, des coins où vous n’avez sans doute jamais posé le bout des pneus! Nous «jardinons» un peu avec une route forestière interdite à la circulation, mais nous finissons par trouver une solution, avec une impressionnante descente à la clé, et un superbe panorama en prime…
La Petite Provence
La carte Michelin au 1/200.000, à laquelle nous restons plus que jamais fidèles pour tracer nos itinéraires, renseigne la route serpentant le long de la Chiers, entre Montigny-sur-Chiers et Charency-Vezin, comme un parcours pittoresque. Elle est effectivement aussi jolie que gratifiante sur le plan du pilotage, avec ses courbes moyennes à rapides. Bien vu, Monsieur Michelin!
Nous nous en donnons à cœur joie: nous sommes en semaine et le trafic s’avère des plus réduits. À Torgny, nous revenons, l’espace de quelques kilomètres, en territoire belge. Le village, joliment fleuri, invite au farniente sur sa petite place, devant un verre de vin local… La viticulture, une tradition très ancienne à Torgny, se perpétue encore aujourd’hui. Les maisons, de teinte ocre et aux toits de tuiles rouges qui rappellent la Provence, valent aussi le coup d’œil.
La Citadelle de Montmédy mérite une visite, mais nous y coupons court, pris par le temps, pressés que nous sommes de gagner Avioth et sa somptueuse basilique gothique. Un incontournable de la région que vous ne pourrez pas ne pas voir: notre itinéraire passe juste devant! La D110 sinue aimablement du côté de Breux avant d’arriver à la frontière… où la douane volante française se trouve en faction lors de notre passage. Elle ne s’intéresse pas à nous qui revenons en Belgique mais bien aux véhicules pénétrant dans l’Hexagone.…
À présent, ça sent l’écurie: il ne nous reste qu’une douzaine de bornes, que nous avalons bon train, pour revenir sur Florenville. Arrivés sur la place Albert Ier, nous sacrifions à la tradition du pot de l’amitié, comme il convient après une belle balade entre potes. Bonne route et prudence, toujours!