«Les gens de qualité savent tout sans avoir jamais rien appris.» Cette ironique phrase tirée des Précieuses Ridicules pourrait, au sens premier, s’accoler comme un slogan à la nouvelle XSR 125. En effet, cette nouvelle Yamaha d'entrée de gamme recèle tant de qualités pour une 125 qu’on les croirait naturelles. Or, une telle réussite entre ces deux contraintes que sont la qualité et le prix se révèle si rare qu’elle méritait bien une citation de Molière.
Texte André Paquay – Photos Yamaha
Lors de la présentation de la XSR125, à Amsterdam, Yamaha a insisté sur la qualité des finitions et la noblesse des matériaux utilisés. Le danger, avec pareilles assertions, c’est qu’elles seront évidemment vérifiées par le reporter consciencieux. Nous nous étonnâmes donc d’emblée que les autocollants n’aient été vernis dans la masse. L’éclairage de la plaque paraissait léger pour ne pas dire mal fini. Et si les blocs latéraux en plastique, les caches des systèmes électriques et électroniques, sous l’avant du réservoir jouaient la carte de la discrétion, résisteraient-ils à une chute bénigne? Puisque de plastique il est question, enfin, nous notâmes qu’il était très, voire trop, présent (réservoir, support de garde-boue avant, sabot). Cependant, ne crions pas haro sur le baudet, le prix de la machine a nécessité quelques sacrifices. À force de ratiociner, l’on en deviendrait de mauvaise foi. Alors, ne gâchons pas notre plaisir et commençons par l’aspect général de la machine. Le cahier des charges est respecté. L’aspect néo-rétro saute aux yeux et, avec un léger vieillissement, on pourrait même croire qu’il s’agit d’une ancêtre particulièrement soignée: selle plate mais confortable, réservoir en goutte d’eau avec emplacement pour les genoux, garde-boues peints, pot enrobé d’une buse perforée noir mat…
Les pneus assez larges donnent l’illusion d’être face à une «grande», contrairement à d’autres modèles qui, non content d’arborer un look cheap, annonce clairement le ton d’une micro cylindrée avec des roues et une monte style Dinky Toys. La modernité n’est évidemment pas absente. On a dit néo-rétro, pas vieillot: phares avant et arrière ronds, certes, mais LED, avec pour l’avant, une division en trois éléments style Star Trek très réussie. Le tableau de bord est résumé à un cadran rond LCD, noir mat et chrome, juste au-dessus du phare, à l’ancienne mais avec toutes les indications dans le style épuré que réclame aujourd’hui le nouveau motard. Public cible annoncé par Yamaha: les jeunes, les femmes, les personnes sans expérience et les permis B qui en ont assez d’être coincés dans les embouteillages. Le cadran reprend donc tachymètre central, compte-tours circulaire, indicateur de vitesse engagée, jauge essence et réserve. S’y ajoutent, l’indicateur d’engagement du système VVA (combustion optimalisée) de Yamaha et, au choix, via bitoniau: trip 1 et 2, comptabilisateur kilométrique, horloge, consommation, vitesse moyenne…
Banzai!
Déclinaison en 125 des XSR 900 et 700 sur base d’un moteur déjà éprouvé et à la très bonne réputation que l’on retrouve sur la MT-125 et la YZF-R125, adapté à la norme Euro 5, la nouvelle petite machine se montre maniable, même à l’arrêt. Sa taille humanisée par rapport à certains trails, la position de conduite (les pieds sont à plat sur le sol même pour les gabarits les plus «mignons»), le poids global et la tête de fourche, tout concourt à une prise en main des plus aisée. Pour les manœuvres moteur arrêté, aucune crainte à avoir. Une petite pression sur le démarreur et le moteur s’ébroue mélodieusement: son rauque, juste étouffé comme il faut. La première sert, bien sûr, à lancer la bestiole (ne parlons tout de même pas de bête à ce niveau). On en arrive rapidement au bout pour passer la deuxième et cette dernière, grâce au couple, pourra aussi servir à un démarrage plus langoureux ou à excuser l’erreur d’un débutant. Après 9.500tr/min, il n’y a plus rien dans le moulin, même aux Pays-Bas.
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