Les méandres de la Meuse et de la Semois.
Notre balade du jour nous emmène cette fois-ci de l’autre côté de la frontière : notre terrain de jeu aura pour cadre les Ardennes françaises. Rien à déclarer ? Si, des kilomètres de virages, de courbes, de montées, de descentes, de points de vue et de plaisir !
Texte Bruno Wouters – Photos et trace Jonathan Godin
Clin d’œil au septième art (et aux amitiés belgo-françaises ?), notre ami Jon nous a fixé rendez-vous ce matin au poste frontière de Courquain. Mais si, rappelez-vous, le film de Dany Boon avec Benoît Poelvoorde : « Rien à déclarer ». Le film fut tourné au poste frontière de Macquenoise, rebaptisé Courquain, entre Chimay et Hirson. Un petit musée a été créé dans un des bâtiments des douanes de l’époque et il est possible de parcourir les sites de tournage avec un tour organisé. Nous jouerons donc aujourd’hui à cache-cache avec les frontières, même si la majeure partie du tracé se situe en France.
Petit renseignement pratique : si deux pompes à essence se situent dans le village, elles ne proposent pas de la Super 98 (E5). Prenez donc vos précautions ! À Chimay par exemple ou, plus malin, à Hirson : la 98 (E5) est (un peu !) moins chère en France. Ceci réglé, nous pouvons quitter Courquain – Macquenoise en remontant vers Chimay par la N99. Nous l’abandonnerons après quelques centaines de mètres pour emprunter la rue Bertignon et piquer vers la frontière, que nous franchirons à Cendron. La Neuville-aux-Joûtes, sur la D34, sera le premier village français traversé, avant d’atteindre Signy-le-Petit.
Petite information hydrologique, pour ceux que ça intéresse : la D34 enjambe à La Neuville un affluent de l’Oise, le Gland. L’Oise, qui prend sa source en Belgique non loin de Chimay, est le deuxième plus important affluent de la Seine après la Marne. Nous continuons en direction de la Belgique vers Regniowez en passant par Eteignières. Un lavoir de 1899 en marque l’entrée sur notre gauche. Un ou deux kilomètres avant d’atteindre Regniowez sur la D32 et bien caché dans les bois, l’histoire d’un fiasco : le Pôle Mécanique des Ardennes. Pascal Michel avait loué le terrain, un ancien aérodrome de l’OTAN créé en 1956, abandonné en 1967 et appartenant au Conseil Général du département des Ardennes pour y développer un circuit d’essais ouvert à diverses activités mécaniques. Un tracé asphalté de deux kilomètres était alors réalisé ainsi qu’une piste de dragster et un pôle mécanique dédié à tous types d’automobiles, à la moto, au quad, au karting et au 4X4. Notre Moniteur Automobile national y avait d’ailleurs ses habitudes pour y réaliser des essais.
Fiasco
Notre Pascal Michel fut pourtant roulé dans la farine par le conseil départemental. Celui-ci stocka sur les pistes des centaines de milliers de mètres cubes de terre provenant du chantier de l’A304, lui interdisant de facto toute activité. Débouté lors d’un procès, il perd son circuit qui laissera place à un vaste champ de panneaux solaires… Rien à déclarer ? Si, des plaisirs coupables : la passion de la mécanique… Un jour viendra sans doute où le plaisir de nous promener au guidon d’une moto nous sera interdit… En attendant ce jour funeste, profitons-en ! À Regniowez, plutôt que de franchir la frontière vers Cul-des-Sarts, nous la longeons côté français en direction de l’A304 reliant Couvin à Charleville-Mézières mais, auparavant, un petit mot sur le lieu. Le village de Regniowez existe depuis le quatorzième siècle. Le Prieur Desmarais, dont on dit qu’il était un fils naturel de Louis XV, y planta un tilleul dont le tronc faisait plus de huit mètres de circonférence avant d’être abattu par une tempête en 1972. Le prieuré est aujourd’hui devenu un musée à la gloire du Père Bonaventure Fieullien, moine franciscain, artiste peintre, graveur, maître-verrier et curé très peu conventionnel de Regniowez de 1944 à sa mort, en 1976. Un personnage attachant, « ni bon catholique ni bon citoyen », tel que se qualifiait lui-même ce fils du député belge Corneille Fieullien… Le prieuré peut se visiter sur rendez-vous (+33 (0)3 24 54 14 78).
Après avoir franchi l’A304 au-dessus de Rocroi, nous prenons la direction de Fumay via la D8051. Et après une assez longue ligne droite à travers la forêt s’offrent sept kilomètres de virages splendides pour descendre sur Fumay : un pur régal ! Nous descendons de 390 mètres d’altitude à 125 au niveau de la Meuse. Avant de franchir celle-ci, nous découvrons sur notre gauche le château des Comtes de Bryas, construit au dix-septième siècle sur l’emplacement d’un ancien fort rasé sous Louis XIII. Le château sera acquis par la Société Ardoisière du Moulin Sainte Anne en 1835. Celle-ci en fera son siège, jusqu’à la liquidation de la société en 1946. La ville de Fumay en devient propriétaire en 1951 et y abrite depuis ses services administratifs. Les premières traces d’exploitation de l’ardoise à Fumay remontent au douzième siècle ; le site de Sainte-Anne contribuera à la renommée du bassin ardoisier de Fumay par la spécificité de la veine exploitée, d’une couleur rouge violette. Sur l’autre rive de la Meuse, la scierie actuelle occupe le site de l’Ardoisière Belle Rose dont les activités cessèrent définitivement en janvier 1953, sonnant le glas de l’industrie ardoisière de Haybes Ce riche passé industriel et minier peut se découvrir au Musée de l’Ardoise de Fumay, ouvert sept jours sur sept, de 13h30 à 17h.
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