La passion mène à tout! Hormis le plaisir de parcourir de splendides routes nichées dans des paysages magnifiques dont nos Ardennes ont le secret, nous vous emmenons ce mois-ci à la rencontre de gens passionnés et passionnants. Vous ne reviendrez pas les mains vides !
Texte: Bruno Wouters – Tracé et photos: Jonathan Godin
Si le mercure affiche en ce début de matinée un bien modeste petit cinq degrés, au moins le soleil a décidé aujourd’hui d’être de la partie. Cette saison 2023 a du mal à démarrer : ne vous fiez pas aux photos : mon jean et mon blouson léger, je les ai enfilés quand John a commencé à mitrailler : mon « poil d’hiver » et ses multiples couches thermiques encombrent sa banquette arrière…
Pour cette balade autour de La Roche, mais sans y passer, rendez-vous est donné à la boulangerie Delhaye, à Vecpré, Rendeux. Si la boutique fleure bon une décoration résolument contemporaine et branchée, la boulangerie familiale œuvre depuis près de cent cinquante ans dans le coin et possède maintenant une bonne douzaine de points de vente dans la région. Une telle longévité (nous en sommes à la cinquième génération !) ne peut s’expliquer que par le scrupuleux respect de la qualité et du client. Certes, une mécanisation de certaines opérations ne peut être évitée, mais le choix des matières premières, les méthodes traditionnelles de préparation et de cuisson restent le secret des produits de qualité proposés. Revigorant point de départ donc, d’autant qu’il vous sera possible de vous réchauffer comme moi d’un petit café accompagné d’une petite pâtisserie, pour me consoler de mes rudes conditions de travail. Précieux point de départ aussi, car la boulangerie est accolée à une station-service : votre machine et vous ne manquerez pas de munitions ! Au fait, je vous recommande aussi les sandwichs de la boulangerie : délicieux !
La route du Tram
Le café bu, le plein fait, nous partons en direction de La Roche-en-Ardenne en longeant l’Ourthe sur quelques centaines de mètres pour bifurquer à gauche après l’Hostellerie de la Claire Fontaine, pour reprendre encore à gauche en épingle à cheveux par la route du Tram, ce qui me laisse un peu perplexe, et grimper vers Cielle, la bien nommée en plein ciel. Du ciel, pardon, de Cielle, tout logiquement nous parcourons la rue de Paradis, de jolis lacets empruntés par les Boucles de Bastogne, qui nous ramènent près de l’Ourthe et de la Nationale 89 que nous empruntons à travers bois jusqu’à Samrée, non sans avoir laissé sur notre gauche les Carrières de Grès Réunies.
À la sortie de Samrée, une petite route sur la droite repérée par une petite chapelle un peu kitsch mène à notre première étape, la visite de la Chocolaterie Cyril. Cette étape gourmande achevée (sachez qu’elle peut se montrer chronophage!), retour sur nos pas et ensuite la N841 sur notre droite. Entre bois et collines, nous arrivons sur Dochamps et prenons à droite la rue Jean-Théodore Jacques vers Freyneux. A la sortie du village, à la hauteur de l’Hôtel – Restaurant des Sources, nous filons vers le Moulin d’Odeigne, croisons le ruisseau du Fays de la Folie, un petit cours d’eau prenant naissance sur le Plateau des Tailles pour se jeter ici dans l’Aisne, parcourant un dénivelé d’environ deux cents mètres sur les trois kilomètres de son cours. Nous laissons Odeigne sur notre gauche, mais l’histoire attachée au village mérite quelques mots.
Par Odin
On raconte que les premiers habitants vouaient un culte à Odin. Ils érigèrent ici une statue et un temple. Avec les quelques maisons groupées autour, voici qui aurait donné naissance au village, perché à 520 mètres d’altitude, à jet de flèche de la Baraque de Fraiture. Le village devint ensuite, et jusqu’à la Révolution française, propriété de l’Abbaye de Stavelot. Après Odeigne, nous parcourons le Plateau des Tailles, avec un petit arrêt à la Tour d’observation, à 630 mètres d’altitude. Plus de la moitié du plateau est couverte de forêts, principalement de l’épicéa et du hêtre, le reste étant donné en pâture ou fauché, hormis les landes, sèches ou humides. Une réserve naturelle y est créée en 1967. Le climat, plutôt rude, en fait une des régions les plus inhospitalières de notre petit royaume, ce qui fait son succès en hiver…
Après avoir continué tout droit en coupant la Nationale 89, nous longeons la E25 vers le sud sur un bon kilomètre pour prendre la N812 vers Montleban, notre prochaine étape. Juste avant le cimetière sur votre droite, prenez à gauche pour découvrir l’élevage d’alpagas de Laurence et Eric, « Les Alpagas du Maquis ». Impossible de ne pas tomber sous le charme de ces petits camélidés, et de ne pas se passionner pour l’impressionnant travail de nos deux hôtes ! Après cette escale, retour dans le village puis direction Bâclain, Cherain, Sommerain. Nous alternons passages en forêt et collines dégagées sur des horizons plus lointains, et nous nous réjouissons, Jon pour les photos, moi pour le plaisir de la conduite, de ce généreux soleil qui repeint tout d’une couche d’optimisme bienvenue ! Qu’il est bon, à la fin de cet hiver qui n’en finit pas, de flâner, nez au vent, au rythme tranquille de la promenade qui permet au regard de s’attarder sur les paysages, les bâtisses remarquables, les curiosités qui parsèment notre itinéraire.
L’Ourthe Orientale À Sommerain, nous repartons plein est vers Brisy puis Rettigny, avant de redescendre vers le Moulin de Bistain et le cours de l’Ourthe Orientale. Changement complet de décor avec cette vallée encaissée, décor qui devient encore plus spectaculaire quand nous remontons un peu le long de la paroi rocheuse qui surplombe l’Ourthe, avant de bifurquer en direction de Cèturu (je vous jure, ça existe! Mais vous pouvez aussi l’écrire « Cetturu »…).
(…) Découvrez la suite de cette BBB dans le Moto 80 n°870 de mai 2023.
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