Initier nos rejetons aux plaisirs de la moto, nous sommes nombreux à en rêver. Pour le faire avec style, il existe des préparateurs d’un type particulier. Leur credo: fabriquer de parfaites répliques de motos d’adultes. Rencontre avec DMA.
Tout petit déjà, je me souviens de l’émerveillement que suscitait en moi l’apparition d’une moto. Mélange étrange de fascination, d’envie et de peur. Aujourd’hui, je retrouve avec plaisir et émotion le même regard pétillant dans les yeux des enfants croisés en bord de route, me faisant de grands signes et me suppliant de mettre de grands coups de gaz. Je me plais d’ailleurs à croire que nous nous retrouverons d’ici quelques années, partageant la route et nos anecdotes de motards.
Les constructeurs ciblent allègrement cette jeune clientèle en leur proposant de petites motos tout-terrain, très accessibles…. mais bien éloignées de celle de papa. Car oui, posséder une moto c’est bien. Mais si elle peut ressembler comme deux gouttes d’eau à celle des grands, c’est encore mieux! C’est exactement ce que propose DMA, préparateur de minimotos basé à proximité de Charleroi.
Success story
Je rencontre Mathieu Deltenre dans son petit atelier. Touche à tout, mon interlocuteur m’explique avoir découvert la moto vers l’âge de treize ans. «Mon père était médecin. Il m’a présenté à Monsieur Diego, l’un de ses patients passionné de motos ancêtres. Sous son regard bienveillant, j’ai appris les rudiments de la mécanique et j’ai effectué mes premiers tours de roues. Il ne m’en fallait pas plus, le virus m’avait contaminé. Depuis lors, il ne m’a plus jamais quitté.»
Mordu, Mathieu achète son premier cyclo, une Yamaha FS1 et met en pratique les leçons apprises de son mentor. Dès 18 ans, il passe son permis et s’offre sa première véritable moto: une Suzuki DR125. Le temps passe, ses priorités changent et la moto est mise de côté. Il fonde alors sa famille et devient le père de trois magnifiques enfants. Pris de passion pour le modélisme, il s’expérimente à la peinture à l’aérographe et trouve une façon d’exprimer son côté artistique.
La moto étant toujours bien présente dans sa tête, il décide d’y revenir et s’offre un mythe: une CB350 Four, qu’il remettra en état concours. Fort de ce premier succès, il s’essaye à différents types de motos mais finalement, les choppers auront sa préférence.
Il acquiert alors une Honda Shadow 600cc, la transforme en Bobber et la pare d’une sublime peinture. La moto fait tourner les têtes et de nombreux amis bikers font appel à son savoir-faire. Au gré de ses recherches sur le web, Mathieu découvre un peu par hasard les mini- choppers, de petites motos dédiées aux adultes reprenant les standards des motos de grande taille.
Les idées fusent dans son esprit créatif ; il décide d’en acheter un pour le repeindre aux couleurs de sa monture du moment tout en l’adaptant pour son fils cadet, Colin. Après avoir constaté l’engouement que ce mini-chopper suscitait au sein de la communauté des motards, Mathieu propose une vidéo de sa réalisation à ChopperTown, un site web diffusant les meilleures réalisations en matière de custom. Avec près de 5 millions de vues et 5.000 followers acquis sur sa page Facebook en 3 jours à peine, le succès est fulgurant!
Mathieu affine ses techniques et se voit suggérer de nouveaux projets: construire de petites motos accessibles à de très jeunes enfants. «Afin de répondre à ces demandes, je me suis tourné vers les pocket-bikes. Les pièces personnalisées étant assez difficiles à trouver, je me suis lancé dans la tôlerie. Cela m’a permis de pouvoir créer des éléments sur mesure adaptés aux contraintes que peuvent rencontrer de si jeunes enfants», nous explique le fondateur de DMA. Car si ces minimotos ressemblent à s’y méprendre à des motos d’adultes, elles n’en restent pas moins destinées aux enfants.
Papa réplica
Afin de s’adapter au mieux aux nécessités rencontrées par ces motards en herbe, Mathieu porte une attention particulière à l’accessibilité de ses machines. Les premiers critères étant l’âge et la taille de l’enfant pour qui la moto est destinée. «Je garde toujours en tête que les utilisateurs de mes motos sont des enfants. La sécurité s’avère donc primordiale. Point le plus important: leur permettre un accès aisé aux freins en fonction de leur morphologie.»
Le choix de la motorisation représente également un élément fondamental. «Toutes proportions gardées, les performances atteintes par ces petits moteurs 4 temps impressionnent: près de 45km/h pour un 50cc et 70km/h pour un 125cc! Ajoutons à cela un poids somme toute conséquent et l’on se peut se rendre compte de la difficulté à laquelle peuvent être confrontés ces motards en devenir».
Un bridage s’impose donc souvent, tout comme l’absence d’embrayage. Pour autant, ces mini-choppers ressemblent à s’y méprendre aux motos conventionnelles, ce qui ne manque pas de séduire la communauté motarde. Mais si nombre d’entre eux rêvent de pouvoir offrir leur modèle de prédilection en version réplica à leur progéniture, le budget freine souvent les ardeurs. Car oui, malgré leur taille modeste, ces minimotos nécessitent une bonne dose de travail et d’investissement.
Artiste dans l’âme
Autodidacte et créatif, Mathieu a trouvé dans ses réalisations un moyen de laisser libre court à son imagination sans subir les contraintes des préparateurs traditionnels. «Lorsque je débute un projet, je pars d’une feuille blanche. J’aime étudier les lignes tout en gardant les proportions présentes sur les motos pour adultes. Bien que mes réalisations soient dédiées aux enfants, je mets toujours un point d’honneur à fournir un travail impeccable et original.»
Et il est vrai que l’illusion opère parfaitement, notamment au niveau des peintures et liserets, réalisés à la main. Un souci du détail saisissant. Bien qu’il possède des doigts en or, Mathieu se voit régulièrement confronté à la réalité. «Tout est possible, les idées ne manquent pas avec mon imagination (rires)! Outre le budget, le seul frein que je rencontre touche au manque de disponibilité de pièces adaptées aux gabarits de mes motos. Trouver des pneus taille basse ou à flancs blancs avec de telles dimensions se révèle parfois impossible.» Loin de se reposer sur ses lauriers, Mathieu se lancera bientôt un nouveau challenge en proposant une motorisation électrique aux plus petits. Un défi de taille nécessitant un nouvel apprentissage.
Wattage, voltage, système de rechargement, emplacement des batteries… voici un autre monde qui n’inquiète pour autant pas le moins du monde le préparateur carolo. «La plupart des jeunes enfants sont effrayés par le bruit que peut générer un moteur thermique. Leur proposer une alternative électrique me semble donc un choix judicieux, d’autant plus qu’une telle technologie nécessitera moins d’entretien et apportera une facilité d’utilisation aux tout-petits.» D’innombrables possibilités restent donc à exploiter et gageons qu’avec une telle passion et une telle qualité de travail, l’aventure DMA ne fait que commencer! Suivez l’aventure via Facebook, page DMA.