En matière de maxiscooter, la nouvelle la plus récente et retentissante de ces dernières semaines vient de KTM. Le constructeur autrichien semble paré à investir le marché maxiscooter, prototype à l’appui.
L’engin en question est arrivé sans crier gare, à l’occasion du Salon de Tokyo. Baptisé E-Speed, ce maxiscooter est immédiatement assimilable au constructeur autrichien tant ses codes stylistiques expriment la sportivité, les angles tranchant et le code couleur si typique à toutes les KTM. Pourquoi Tokyo et pas un salon européen quelques mois plus tôt ou en fin d’année 2013? Sans doute pour insister sur le côté prototype du E-Speed et ne pas laisser le public s’emballer trop vite et se précipiter dans les concessions KTM…
Parole à Pierer
Entre une enduro électrique et maintenant un scooter, on se demande quelle mouche a piqué les ingénieurs de KTM pour oser un tel grand écart. Pour Stefan Pierer – CEO de KTM – c’est plutôt logique: «Nous sommes pleinement conscients de l’importance de la motorisation électrique en renfort des moteurs thermiques dans une gamme. Dans un avenir proche, il est évident qu’elle s’imposera pour les trajets occasionnels et/ou les courtes distances, en particulier dans les zones très sensibles d‘un point de vue environnemental.» Notre interlocuteur entend par là les zones vertes protégées mais aussi les villes, d’où la pertinence de voir succéder à la Freeride E ce prototype de scooter E-Speed. Pierer de poursuivre: «Et il ne s’agit pas que de gagner une légitimité environnementale. Les ambitions sportives de notre E-Speed sont claires, j’en veux pour preuve les solutions techniques innovantes en matière de châssis mais aussi de style.»
Opportunités thermiques
Son moteur électrique est emprunté à la Freeride E, l’enduro électrique de KTM que l’on tarde d’ailleurs à voir arriver… Il s’agit d’un propulseur de type synchrone sans balai à structure rotor-disque. Le bloc batterie au lithium est amovible, de quoi en changer sans perte de temps et/ou de recharger à domicile, même si l’on habite au septième sans ascenseur. KTM l’a défini à 15ch et 36Nm (30ch dans la Freeride E), de quoi conformer le E-Speed à la catégorie des 125cc thermiques. Il serait capable de rouler à 85km/h mais sans que KTM ne précise combien de temps. Par contre, pour une recharge complète, il suffit de 2 heures raccordé au réseau électrique domestique. Ce moteur est positionné entre les deux roues, à la façon des meilleurs maxiscooters, tandis qu’une courroie crantée transmet la puissance à la roue arrière.
Forcément on pense comme vous que cela risque de faire un peu «léger» par rapport à ce que le matos semble pouvoir encaisser. La partie treillis du cadre exhibe une section assez généreuse et l’empattement semble plus que prévu pour prendre de la vitesse. Et, surprise, on découvre un monobras à l’avant! Dans les courbe, l’hypothétique futur utilisateur pourra compter sur des suspensions WP et un freinage Brembo, ainsi que sur une belle empreinte au sol: 160/60-14 à l’arrière et 120/70-14 à l’avant, le tout chaussé en Pirelli Diablo. Impossible de ne pas imaginer quelques opportunités thermiques, comme le mono 390 de 44ch, voire le furieux 690 de 70ch…
Pas pour demain
Lors de notre récent passage à Mattighoffen pour l’essai de la Duke 390, nous avons profité d’être au cœur de KTM pour trouver une oreillette dévouée. C’est Sebastian Sekira, R&D Manager Street Department qui (ne) nous répond (pas vraiment): «Nous prenons ce projet très à cœur, comme tout ce que nous entreprenons. Le E-Speed exprime en tout cas la vision que KTM a du segment maxiscooter, c’est-à-dire un engin très imprégné de la philosophie «Ready To Race». Il est évident que nous n’envisageons pas la chose sous un angle strictement utilitaire, avec les aspects pratiques pour facteurs principaux.» A notre question de savoir quand arrivera une version client, notre interlocuteur se retranche derrière un discours volontairement nébuleux: «Ce ne sera pas pour tout de suite, nous assurerons d’autres échéances avant cela, en enduro notamment. Mais nous devons préparer l’avenir car si je prends un horizon proche, 2020, quelles seront les législations? Quels types de motos auront disparu et quels seront les modèles de deux-roues privilégiés? Il faut étudier toutes les pistes. Traduction: oui, ils sont prêts, mais reste à étudier les aspects purement commerciaux. L’imaginer et le développer est une chose, le vendre en est une autre…
Un sujet signé Laurent Blairon et publié dans le Moto 80 n°750.