La connectivité intervéhicules : une solution aux problèmes de visibilité du motard?

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Dans un proche avenir, les véhicules communiqueront entre eux et pourront prévenir de nombreux accidents impliquant des motocyclistes. Quelques grandes marques de motos et de scooters collaborent actuellement avec le Connected Motorcycle Consortium afin de développer des systèmes de transport intelligents (STI) pour deux-roues motorisés.

 

Les conducteurs de moto et de scooter sont toujours classés dans la catégorie des usagers faibles. En cas d’accident, ils courent en effet plus de risques d’être (gravement) blessés. Les chiffres du Connected Motorcycle Consortium indiquent que lorsque le conducteur d’un deux-roues motorisé est impliqué dans un accident avec un autre véhicule, la cause est imputable pour moitié à l’autre conducteur.

Dans 37 % des cas, c’est le conducteur du deux-roues qui a pris une mauvaise décision. L’institut Vias (en charge de la sécurité routière) a calculé que dans 38 % des accidents, le motocycliste ou conducteur de scooter est accroché latéralement par l’autre véhicule. Les accidents de ce type sont souvent dus au fait que l’autre conducteur n’a pas remarqué la moto ou le scooter (30% des cas dans notre pays) ou que la vitesse et la distance du deux-roues motorisé ont été mal estimées.

Systèmes de transport intelligents

Les conducteurs de moto et de scooter sont tenus d’allumer leurs feux de croisement en journée et un grand nombre d’entre eux ont ajouté un éclairage supplémentaire ou portent un casque et des vêtements fluorescents et aux couleurs vives. FEBIAC, la Fédération belge et luxembourgeoise de l’automobile et du cycle, estime qu’il s’agit là d’une évolution positive mais affirme aussi qu’il est toujours possible de faire mieux.

L’industrie du cycle motorisé met actuellement au point un système de connectivité entre véhicules, tant à deux qu’à quatre roues. C’est à cet effet qu’a été créé le Connected Motorcycle Consortium en 2014, un groupe de travail qui réunit aujourd’hui 14 fabricants. Ses membres sont parvenus à un accord pour équiper un de leurs modèles d’un C-ITS (système de transport intelligent coopératif) à l’horizon 2020.

Ce type de système établit une liaison sans fil entre les véhicules et leur permet de communiquer. Plusieurs marques comme BMW, KTM et Ducati ont déjà présenté plusieurs innovations dans ce domaine. BMW planche depuis 2016 sur son « ConnectedRide » et a équipé un scooter d’un système d’avertissement qui se déclenche lorsqu’un véhicule se présente dans l’angle mort du rétroviseur. KTM travaille de son côté à un système BSD (détection d’angle mort) pour lequel elle utilise un radar à courte portée qui avertit le motocycliste d’une possible collision par l’arrière.

Ducati a récemment présenté, en collaboration avec Audi, une technologie qui avertit les conducteurs de voiture et de moto d’un risque de collision à l’approche d’un croisement ou encore lors d’un freinage inopiné du véhicule qui précède (technologie C-V2X).

Cadre européen

Le fonctionnement correct de ce type de concepts est toutefois conditionné par l’existence d’une infrastructure partagée et la nécessité impérative que tous les véhicules en circulation soient équipés d’un tel système. La Commission européenne se penche sur la question – non seulement en vue d’aider les usagers actuels de la route mais aussi dans l’optique de la mise en circulation des véhicules autonomes.

La Commission a instauré une stratégie européenne pour les C-ITS afin de faciliter les investissements dans ce domaine et d’en esquisser le cadre réglementaire.

Pour les deux-roues motorisés, il est indispensable que la technologie soit adaptée – entendez: miniaturisée. Une voiture offre suffisamment d’espace pour intégrer ce genre de systèmes à l’abri de la poussière. Ce n’est pas le cas sur une moto ou un scooter et c’est pourquoi il est nécessaire de réduire la taille des composants. En outre, les systèmes doivent être insensibles aux chocs et protégés contre la poussière et l’eau (pluie…).

Les smartphones toujours plus sophistiqués et le futur réseau 5G pourraient être d’autres solutions. Les smartphones peuvent déjà être utilisés dans les voitures (ainsi que sur les deux-roues) grâce à la technologie Bluetooth. Ces appareils peuvent collecter des informations et les diffuser dans le cloud, où elles peuvent être agrégées avec celles compilées par les équipements des autres usagers de la route.

Casque intelligent

La numérisation et la miniaturisation offrent également des possibilités pour les casques intelligents. Aux États-Unis, des fabricants conçoivent des casques équipés de minicaméras qui permettent de visualiser le trafic devant et derrière le motocycliste. Des LED intégrées au casque et projetant des informations sur la visière avertissent également le conducteur de moto ou de scooter lorsqu’un usager arrivant par l’arrière s’approche trop près. Ces développements sont issus de l’utilisation de casques de combat intelligents mis au point par l’armée.

Vigilance renforcée

La valeur ajoutée des régulateurs de vitesse intelligents est très élevée, selon les instituts de recherche internationaux (IIHS et HLDI). Les constructeurs de véhicules effectuent de grosses avancées dans le domaine des systèmes combinés de caméras radar qui reconnaissent les véhicules à des distances toujours plus élevées.

Dans la plupart des cas, les régulateurs de vitesse sont combinés à des systèmes automatiques de freinage qui sont en mesure de ralentir, voire d’arrêter complètement le véhicule. Le potentiel en matière de sécurité routière est très élevé mais nous ne sommes pas encore dans une configuration où toutes les conditions de circulation sont correctement reconnues. Néanmoins, un conducteur vigilant, en mesure d’intervenir immédiatement, demeure dès lors toujours bien nécessaire.