Les Softail font le show!

Actualités Motos Laurent Cortvrindt
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Deux millions de nouveaux clients à l’horizon 2025. Voilà, ni plus ni moins, le défi que s’est lancé Harley-Davidson. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le constructeur de Milwaukee se donne les moyens de réussir son pari. D’ici 5 ans, 50 nouveaux modèles seront arrivés sur le marché! On commence avec la nouvelle gamme Softail!

 

Lors de la présentation internationale du nouveau line-up Softail 2018, Harley-Davidson n’a pas caché les grandes ambitions que le plus célèbre constructeur américain caresse. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la marque de Milwaukee a planché sur son sujet. «Nos nouvelles Softail sont le résultat du programme de recherche et développement le plus ambitieux lancé par Harley-Davidson depuis 115 ans», explique Paul James, manager produit chez Harley-Davidson Motor Company.

«Objectif: améliorer encore l’expérience de conduite avec un mélange d’authenticité, de modernité et de technologie.» Résultat: de nouveaux designs qui tranchent avec le passé mais qui permettent aussi de différencier chaque Softail; un châssis et un bras oscillant plus rigides et plus légers; des suspensions premium et, bien entendu, une motorisation confiée aux blocs Milwaukee-Eight 107 ou 114 (cubic inches, soit 1.745cc ou 1.868cc).

 

CHANGEMENTS À LA PELLE

La nouvelle gamme Softail partage une solide base commune. Une signature LED. Un système électrique totalement revu. Un monoamortisseur de type Cantilever monté sans biellettes, réglable en précontrainte et débattement (élaboré en fonction des contraintes de chaque modèle: manette externe pour la Fat Bob, ajustement sous la selle pour l’Heritage Classic). Un nouveau tableau de bord. Un démarrage sans clé. Un port USB. Et de nouveaux réservoirs dont la contenance varie de 13,2l à 18,9l. Au cœur de ces machines, le bloc le plus puissant ouert par Harley-Davidson à ses cruisers «big twin»: le Milwaukee- Eight 107/114. Un v-twin à 45° qui délivre donc 1.745cc (107 pouces cube) de manière standard et gagne 10% sur le 0-60mi/h et 16% sur les reprises en 5e de 60 à 80mi/h par rapport au précédent bloc HD 103.

En option, pour ceux qui en veulent encore un peu plus – et qui accepteront naturellement d’alourdir la facture de 1.700€ sur la Breakout –, quatre Softail (Fat Bob, Fat Boy, Breakout et Heritage Classic) peuvent être propulsées par le Milwaukee-Eight 114 de 1.868cc (114 pouces cube). Histoire d’encore gratter 9% sur le 0-60mi/h et 13% sur les reprises en 5e de 60 à 80mi/h par rapport au 107.

Si le cadre reste en double berceau, il abrite un bras oscillant (de deux types, le premier pour les roues étroites, le second pour les roues larges) amorti par un monoamortisseur à montage horizontal sous la selle. Exit donc les deux classiques amortisseurs arrière. Toujours en acier et plus rigide de 34%, ce châssis se voit greffé en périphérie de nombreuses pièces en aluminium, gagnant de la sorte en poids et en finesse. Conséquences: une béquille latérale déplacée pour davantage d’accessibilité et une garde au sol annoncée en hausse (tout est relatif comme on le verra plus loin). Les suspensions se renouvellent également avec l’arrivée assez inédite sur une moto de Milwaukee d’une fourche Showa double valve et, comme déjà signalé, 3 types de monoamortisseurs réglables. Globalement, la finition est également en hausse.

On note un gros effort pour cacher la câblerie inesthétique, des livrées très soignées avec de belles teintes qui scintillent au soleil ainsi qu’une instrumentation joliment intégrée sous le guidon ou au réservoir. Les infos affichées restent néanmoins minimalistes: vitesse, jauge et rapport engagé, avec en complément le choix entre l’odomètre, le trip A ou B, les tours/min, la jauge ou l’horloge.

 

HAUT LES MAINS

Après la Fat Bob et l’Heritage Classic présentées le mois passé, il est temps de faire place aux Breakout et Street Bob. Cette dernière a perdu 7 kilos sur la balance par rapport à sa devancière. Sans faire injure à ses aptitudes, la Street Bob est la «porte d’entrée» vers la gamme Softail. Accessible par son poids (un poil) plus mesuré, un réservoir fin que l’on enserre aisément, des bracelets placés en hauteur mais sans exagération, elle permet d’envisager sereinement la circulation urbaine grâce à son agilité intéressante pour un cruiser sans pour autant se refuser à une ba- lade plus campagnarde.

Ok. Son réservoir limité de 13,2 litres ne vous permettra pas de traverser le Nevada d’une traite. Mais chez nous, dans le sinueux, elle montrera des aptitudes intéressantes. Vous vous arrêterez simplement plus vite à la pompe que vos compagnons de route. Notons encore que par rapport à sa devancière, les repose-pieds de la nouvelle Street Bob ont avancé. Enfin, au rayon des regrets, nous noterons un tableau de bord ultra-minimaliste et parfois compliqué à lire d’un coup d’œil, une selle «single» ainsi qu’une suspension plus limitée en réglages. Uniquement en précontrainte, avec une clé, et après avoir ôté la selle. Fastidieux.

 

DRAGSTER DE ROUTE

Pour conclure cette approche de la gamme Softail 2018, nous voici au guidon de l’impressionnante Breakout. Impressionnante de devant, avec sa jante démesurée de 21 pouces tout droit sortie d’un clip de gangsta-rap. Impressionnante de derrière avec son boudin de 240mm à faire pâlir d’envie une Porsche. Un vrai dragster! Ce look absolument incroyable… se rappelle immédiatement à nous dans le sinueux. Si vous espériez une balade pépère, c’est loupé. Avec la Breakout, il faut se cracher dans les mains. La moindre fainéantise, et vous loupez la sortie de virage. C’est ga-ran-ti. Cette moto embarque énormément vers l’extérieur dans les courbes, il convient absolument de jouer du corps et d’utiliser copieusement le grand gui- don pour faire balancier.

Ce n’est pas une surprise non plus, la Breakout racle copieusement ses repose-pieds. Une fois n’est d’ailleurs pas coutume, vous poserez le milieu, voire votre talon, sur le repose-pied. Et non la pointe de votre pied, comme on vous l’a sans doute bien appris. Par deux fois, mon talon, tellement proche de la route, a accroché le macadam et c’est un demi-miracle que ma cheville ne s’est pas retrouvée embarquée sous la moto. Je l’aurais amèrement regretté.

Dernier point négatif, les rétros, placés sous les demi-guidons, ne servent strictement à rien. Par contre, aussi surprenant que cela puisse paraître, la position de conduite n’est pas désagréable. Les fesses bien calées «dans» la selle, les pieds légèrement en avant, les lombaires ne souurent pas trop. Et ici, au contraire de la Street Bob, si nécessaire, le réglage de la suspension se révèle parfaitement accessible. On apprécie également comme il le faut tout le coeur du Milwaukee- Eight 114, impressionnant de couple. En 3e comme en 4e, en sortie de virage rapide ou d’épingle, ça enroule du câble comme pour rien et mon casque ouvert se soulève rapidement de ma tête, m’indiquant instantanément qu’il serait intéressant de (déjà) cou- per les gaz. Par rapport à sa devancière, la Breakout a laissé 17 kilos sur la balance.

 

CONCLUSION

Il est désormais loin le temps où une Harley séduisait bien davantage par l’univers offert que par ses prestations dynamiques, l’eflcacité de son freinage ou encore sa tenue de route. Sur les routes impeccables et sinueuses de Catalogne, les nouvelles Softail nous ont globalement bluffé. En Belgique par contre, le choix de l’itinéraire – et surtout de son état – ne devra pas être négligé. Mais si Harley écoule plus de 1.000 bécanes neuves annuellement dans notre royaume, ce n’est pas un hasard. Et grâce aux nouvelles Softail, la Belgique participera assurément à atteindre ce cap de deux millions de nouveaux membres de la famille.