Nuisances sonores dans la vallée de la Lienne: trop de dB, moins de km/h!

Actualités Laurent Cortvrindt
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Pour être vus comme sympas, les motards doivent désormais baisser les gaz dans la Vallée de la Lienne. Voici le message officiel et la nouvelle donne suite à une levée de boucliers de nombreux riverains qui ont mis les autorités locales dans leur poche. L'étau se resserre de plus en plus autour de la pratique de la moto…

Un dossier de Laurent Cortvrindt – Photos Jonathan Godin

 

Le communiqué de presse est tombé le 1er juillet, premier jour officiel des vacances d'été. Tout un symbole. Face à une menace Covid malheureusement bien présente et à la difficulté d'organiser des vacances à l'étranger en toute sérénité, nombre de motards se faisaient sans doute un grand plaisir de parcourir les routes de Wallonie afin de prendre un peu de bon temps. Dans la Vallée de la Lienne, il conviendra de redoubler de prudence car nous y sommes pris en grippe par une partie des riverains. Et ceux-ci semblent avoir réussi à mettre dans leur poche les autorités locales. Comme l'indique le communiqué de presse de la ministre de tutelle, pour être vus comme «sympas», les motards sont appelés à «baisser les gaz». En clair: les riverains de la Lienne en ont plein les oreilles et pour se montrer moins bruyants, les motards devront rouler moins vite. Un raisonnement simple qui, il faut bien l'avouer, pendait au nez de tout le monde suite au comportement d'une minorité. Mais il est précisément là, le problème. Ces nuisances étant provoquées par une minorité, pour les motards, cette mesure ciblée peut être perçue comme particulièrement ostracisante. Tentons d'y voir plus clair.

Affiches et limitation

La ministre de la Sécurité routière, Valérie De Bue, a donc lancé un plan d’action «Sois un motard sympa, baisse les gaz!», avec pour objectifs d’améliorer la sécurité routière et de diminuer les nuisances sonores dans certaines zones touristiques fortement fréquentées par les motards. Ce plan d’action sera testé dans la Vallée de la Lienne, du 1er juillet et au mois de novembre, avant d’être éventuellement étendu, après évaluation, à d’autres endroits en Wallonie. Deux actions principales seront mises en place, à commencer par une campagne de sensibilisation réalisée par l'AWSR, destinée aux motards et affichée le long des routes et au sol. Ces visuels seront également mis à disposition des communes qui souffrent de la même problématique. Inutile de préciser qu'on risque de voir fleurir ces affiches un peu partout en Wallonie. Seconde mesure, une limitation de vitesse à 70km/h, au lieu de 90km/h, sera appliquée durant toute la durée de la phase test, sur l’ensemble de la N645 qui traverse la Vallée de la Lienne et de nombreuses zones d’habitation. Des radars mobiles type Lidar seront également installés à plusieurs endroits de la Vallée pour s’assurer que «les limitations de vitesses soient respectées et que la sécurité de tous soit préservée», comme le précise le communiqué.

Motards ciblés

Dans la seconde partie du communiqué, tous les acteurs du dossier y vont de leur petit mot. Certains marchent sur des œufs, se sentant un peu entre le marteau et l'enclume, d'autres semblant davantage avoir choisi leur camp. «Les motards sont des ambassadeurs importants du tourisme wallon mais les motos peuvent parfois occasionner des nuisances sonores», souligne la ministre de la Sécurité routière, Valérie De Bue (MR). «Dans le but de préserver la quiétude et la sécurité des riverains des zones à forte affluence touristique, il est important de responsabiliser certains motards au milieu qui les entoure et au partage de la route». Pour Françoise Guillaume, administratrice déléguée de l’AWSR, «La sécurité routière passe par un comportement responsable de chacun des usagers de la route, c'est-à-dire attentif à son environnement immédiat. C’est en ce sens que l’AWSR veille, avec un brin d’originalité et de bienveillance, à sensibiliser les motards de passage au respect des riverains, et à baisser les gaz pour donner à chacun, motard ou non, l’occasion de profiter sereinement de ce bel environnement». André Samray (cdH), bourgmestre de Lierneux, «salue la prise de conscience et l’action de la ministre Valérie De Bue, action qui devra nécessairement être appuyée par les services de police afin d’en mesurer l’efficacité. Il ne s’agit pas d’une action anti-motards». Didier Gilkinet (PS), bourgmestre de Stoumont, remercie également la ministre «pour son écoute et l’intérêt porté à cette problématique de vitesse et de nuisances sonores sur les routes régionales. Puissent ces actions dans la Vallée de la Lienne rencontrer notre souhait d’une approche globale et transversale à l’échelle de la Wallonie, afin d’aboutir à des solutions structurelles avec en filigrane le respect réciproque dans un espace public partagé».

Mais pas visés

S'il est difficile de ne pas percevoir ces actions comme étant anti-motards, du côté du cabinet ministériel, on tente de temporiser, assurant que cette action n'est en rien une attaque frontale. Et si le message n'est pas vraiment bien passé, «nous en sommes en partie responsables», avoue Jean-Philippe Lombardi, porte-parole et responsable communication au cabinet de la ministre Valérie De Bue. «La mesure de limitation de la vitesse est une prise pour améliorer la sécurité routière sur cette nationale. Il ne s’agit pas d’une mesure pour limiter le bruit des motards. Si nous avons agi de la sorte, c'est parce que les dépassements dangereux sont nombreux ; parce qu'il n'y a pas de trottoirs ; parce qu'il y a des maisons à front de rue et des arrêts de bus non protégés ; parce que la circulation de vélos et de piétons s'avère importante en été ; et, accessoirement, pour vérifier si cette limitation exerce un impact sur le bruit.»

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