Dans l’intimité de… Xavier Siméon: le dragon endurant

Actualités Sports Laurent Cortvrindt
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La carrière de Xavier Siméon n'a rien d'un long fleuve tranquille. Avec le Championnat du monde d'Endurance, le pilote natif de Bruxelles a néanmoins pu se relancer dans une équipe de pointe. Il nous a reçu chez lui, à Andorre.

Propos recueillis par Laurent Cortvrindt – Photos Jonathan Godin

Merci de nous accueillir chez toi. Comment un Belge arrive-t-il ici, à Andorre, au milieu des Pyrénées, coincé entre la France et l'Espagne?

Si une partie du grand public croit que les pilotes moto gagnent très bien leur vie, la réalité se révèle souvent bien différente. Au cours de certaines années, je n’ai même quasiment rien perçu. Et ce n’est un secret pour personne: la taxation en Belgique n’est pas mince. On ne va dès lors pas se le cacher: la principauté d’Andorre propose quelques avantages fiscaux. Mais parallèlement, Andorre offre d’énormes avantages pour les sportifs professionnels. Nous sommes au milieu des montagnes et pour s’entrainer, c’est le paradis. C’était tout à fait ce que je recherchais. Mon déménagement s'explique donc à la fois pour une raison financière et pour une autre raison tout aussi importante qui touche au sportif.

Ce fut un choix facile à opérer?

Vraiment très aisé. Lorsque l’opportunité de venir m’établir à Andorre s’est présentée, je ne me suis posé aucune question. J’ai bouclé ma valise et je suis parti.

Tu habites la Principauté depuis cinq ans. Qu'est-ce que cela a changé dans ta vie personnelle et dans ta vie de pilote?

Même si c’est une nouvelle façon de vivre, fondamentalement, cela n’a pas changé grand-chose. J’ai toujours énormément voyagé. Je passais très peu de temps en Belgique entre les GP et deux avions. Le principal changement touche sans doute à ma relation avec mes parents, qui s’est améliorée. On pense toujours qu’il faut rester proche de sa famille pour que tout se passe bien. Mais non. Le fait de m’être éloigné crée un manque et nous nous retrouvons avec davantage de plaisir. Auparavant, j’habitais à proximité du domicile de mes parents. Sans doute trop près.

Cet éloignement fut donc bénéfique. Peut-on dite que ce fut salvateur pour ta carrière?

La durée d’une carrière d’un pilote moto se révèle souvent assez courte. Rossi est une exception. Ce changement m’a clairement fait le plus grand bien, psychologiquement parlant. En tant que Belge, on pense souvent que l’on se doit de rester au pays toute sa vie. Mais pourquoi? Plus jeune, je n’ai jamais connu les plaisirs des sports d’hiver. Ici, je peux pratiquer le ski intensément pour conserver une bonne condition physique quand les différents championnats sont en pause. J’ai découvert plein de choses à Andorre, je m’y sens vraiment très bien.

Par contre, désormais, tu décolles de Barcelone et non plus de Zaventem…

C’est le seul inconvénient. La principauté d’Andorre s'avère un peu isolée et le premier aéroport se trouve à 2h30 de route. Alors qu’avant, j’étais à Zaventem en 10 minutes. Mais c’est une question d’organisation, on finit par s’y faire.

Tu es doucement en passe de te forger le plus beau palmarès pour un pilote moto belge en vitesse. Or, la relation avec une partie du grand public n'a pas toujours été simple. À quoi est-ce dû?

Aux réseaux sociaux. Ils offrent à tout le monde la possibilité de s’exprimer. Et malheureusement, les réseaux sociaux sont un terrain propice pour les personnes malveillantes. Le souci, c'est qu'en tant que sportif, on a un peu tendance à retenir uniquement les commentaires négatifs. Il faut vraiment un certain temps avant de pouvoir faire la part des choses. Au début, ce n’est vraiment pas simple à gérer. Tu gagnes, tu es le meilleur. Tu perds, ou tu ne gagnes plus, et tu te fais de suite lyncher. Et parfois, même de bons résultats génèrent leurs flots de critiques. Mais désormais, je ne prête vraiment plus attention à ce type de commentaires.

Cette relation compliquée d’un public face à la réussite ou l’échec de son sportif, est-ce un phénomène typiquement belge?

De nombreux sportifs habitent Andorre: Maverick Viñales, Jack Miller, Tito Rabat, Fabio Quartararo, Álex Rins, Aleix & Pol Espargaro, Adrien Van Beveren, Kris Meeke, Dani Sordo, Luc Alphand… Étant donné la taille de la principauté, nous sommes amenés à nous rencontrer fréquemment. Vu que j’aime tous les sports et que je respecte tous les sportifs, à force de les côtoyer, cela tisse des liens. J’ai donc déjà débattu avec eux sur ce sujet. Eh bien non, c’est international. Les Français, les Espagnols, les Italiens… ont ce type de réflexion et croient aussi que seul leur pays critique ses sportifs.

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Découvrez la suite de ce long entretien avec Xavier Siméon dans le nouveau Moto 80 #849!