Dans l’ombre de nos représentants actifs au plus haut niveau, la relève se prépare déjà. Lorenz Luciano, jeune pilote hennuyer, a brillamment clôturé sa saison 2015. Rencontre avec un nouveau talent.
Cet été, lors d’un trackday sur le circuit de Mettet, j’ai repéré un pilote étonnant. Visiblement sur une petite cylindrée, il semblait doté d’une grande facilité à négocier les trajectoires. Manquant cruellement de puissance dans les lignes droites, il arrivait à refaire son retard de manière déconcertante dans les zones sinueuses du circuit. Tout le paddock l’a remarqué, et tout le monde s’accordait à dire qu’il était très doué. Quelle ne fût pas ma surprise en le voyant descendre de sa moto et enlever son casque! Du haut de ses 11 ans, Lorenz Luciano suscitait l’admiration (et l’envie) de ses compères bien plus âgés. Une première interview s’imposait…
Du cross à la piste
Issu d’une famille passionnée par les sports mécaniques, Lorenz a débuté tout petit. Âgé de 3 ans, il commença à rouler en quad avant de passer rapidement sur une pocket-bike Polini, offerte par son père. Lorenz est piqué par le virus de la moto! Il s’entraîne alors sur un petit terrain, situé près de chez lui. Dès ses débuts, son entourage remarque ses aptitudes et son amour pour la moto. C’est à ce moment que son père l’emmène voir sa première course de motocross. Deux ans plus tard, âgé de 5 ans, Lorenz prend son premier départ d’une manche de compétition. Son pire souvenir, nous avoue-t-il toutefois! Jusqu’alors, il s’était entraîné sur des terrils ou de petits chemins. Et pour sa grande première, il fait la découverte des ornières si typiques aux circuits de motocross! Son petit gabarit et son manque d’expérience de ce genre de terrain vont lui poser quelques soucis. L’asphalte est bel et bien son terrain de jeu favori et il s’oriente donc fort logiquement vers la piste, avec le numéro 81, en hommage à son grand-père, ancien pilote motocross. Quelle fierté pour ce dernier en voyant son petit-fils arborer ce numéro!
La tête sur les épaules
Lorenz reste bien conscient que sa scolarité passe avant tout. Tony, son père, a d’ailleurs mis les choses au point dès le départ: pour pouvoir rouler, il doit ramener de bons résultats! Lorenz s’attelle donc à réussir sa scolarité, ses devoirs sont faits en priorité, souvent le vendredi soir, parfois même dans la camionnette lors des déplacements vers les circuits. Parallèlement, il prend son entraînement très au sérieux. Avec un minimum d’une fois par semaine, en mélangeant les disciplines: piste, dirt-track, supermotard, terrils… De quoi travailler ses trajectoires, son endurance et son sens de la glisse. À force d’écumer les circuits, la famille Luciano a fait la connaissance des nombreux acteurs du monde de la moto. Lorenz a la chance d’être entouré et conseillé par de vrais spécialistes: Sezgin Guney, Fred Fiorentino, Marc Fissette, Livio Loi, Martin Vanhaeren et bien d’autres. Ces relations compensent le manque d’infrastructures et d’organismes destinés à aider nos talents Belges à percer. Heureusement, il existe une structure mettant tout en œuvre pour aider nos jeunes pilotes: 2RACE, la seule organisation faisant rouler nos espoirs.
En 2015, Lorenz a participé avec sa Honda NSF 100 au championnat Junior GP. Cadet de la catégorie, il a terminé 6e au classement général, avec pour meilleur résultat une belle 3e place, dans un peloton de motos limitées à 125cc et 11,5ch. Son meilleur résultat et, cette fois, son plus beau souvenir sportif, sont une victoire acquise à Venise. En 2016, Lorenz participera encore au Junior GP, avec pour ambition de décrocher le Top 3. Il disputera également quelques courses du championnat espagnol Moto4… pour autant que le budget ait pu être bouclé. Une bonne manière de se mesurer aux meilleurs. Lorsque j’ai demandé à Lorenz qui était son idole et pourquoi, il m’a répondu Valentino Rossi, sans hésiter une seconde! "Parce que je le vois gagner depuis que je suis tout petit. C’est le meilleur, j’espère qu’il décrochera son dixième titre cette année!"
Son père, son plus grand supporter!
On le sait, en Belgique, boucler un budget s’apparente à un véritable parcours de combattant. La moto est un sport qui coûte cher… Pour une saison complète en Junior GP, comptez un minimum de 20.000€. Une somme supportée jusqu’à présent par ses parents et ses proches. Le budget constitue donc le frein majeur à l’évolution de Lorenz, avec le manque de circuits en Belgique et les difficultés à pouvoir se déplacer à l’étranger.
«Mon fils est ma fierté, je ferai tout ce que je peux pour l'amener au plus haut niveau», nous explique Tony Luciano. Le premier fan de Lorenz est sans aucun doute son papa. Il est son chauffeur, son mécanicien, son attaché de presse… Bref, Tony s’occupe de tout! Il a d’ailleurs arrêté le rallye et revendu ses voitures pour se consacrer entièrement à la carrière de son fils!
Pour progresser et pour pouvoir prendre part à des championnats plus relevés, Lorenz recherche des sponsors financiers ou matériels. Si vous voulez le soutenir, n’hésitez pas à le contacter sur sa page Facebook. De notre côté, nous ne manquerons pas de suivre ce jeune talent et de vous tenir informés de ses résultats!
