Ce week-end avait lieu la tout première course du championnat FIM Enel MotoE. Un moment historique auquel participait Xavier Siméon. Auteur d’une 7e place finale, le pilote Avintia Esponsorama Racing revient pour vous sur cette première qui marquera à jamais l’histoire de la moto.
Que l’on croit au développement de motorisations électriques ou non, force est de constater que la curiosité état au rendez-vous à l’occasion du lancement du championnat FIM Enel MotoE. Une inauguration retardée suite à la destruction d'une grande partie du matériel dans un incendie qui s'était déclaré en mars dans les paddocks de Jerez.
Qu’à cela ne tienne, pilotes et teams étaient bel et bien présents ce week-end au Sachsenring pour ce qui restera comme une première historique dans le monde de la moto. Qualifié en 5e position à moins d’une seconde du poleman Nikki Tulli, Xavier prit un bon départ, gagnant une place avant de commettre une petite erreur dans le virage N°1 et de chuter au 7e rang dès le second tour.
Une place qu’il tiendra jusqu'au drapeau à damiers, présenté prématurément en raison de la chute de l'Italien Lorenzo Savadori. “Nous avons assisté à de belles bagarres en piste et je pense que le show était au rendez-vous. Le public est encore partagé quant à l’intérêt de ce championnat, mais en terme d’action sur la piste, la MotoE n’a rien à envier aux autres championnats, j’en suis convaincu! Je n’ai pas pu effectuer beaucoup d’essais avant ce week-end et cela m’a pénalisé. Néanmoins, je suis satisfait de ma performance globale.”
Apprentissage
Avouons le, outre le surprenant silence qui régna sur le tracé allemand, le spectacle fut bel et bien au rendez-vous. Le format inédit choisi par la Dorna n’y est probablement pas étranger. Un timing serré, poussant les pilotes à donner le meilleur d’eux-mêmes. “Notre temps de roulage est compté durant un week-end de course, et cela nous pousse à changer complètement notre approche. Nous devons être performants dès la première sortie en piste.”
Après des débuts prometteurs en EWC, Xavier Siméon débute donc un nouvel apprentissage. Avec près de 100kg supplémentaires sur la balance par rapport aux motos auxquelles il sont habitués, les pilotes engagés se voient dans l’obligation de revoir tous leurs repères. Pour le reste, ces Ego “Corsa MotoE" embarquent un moteur synchrone à aimants permanents refroidi par eau développant une puissance maximale continue de 120kW (soit près de 160ch) et un couple camionesque de 200Nm. “Ces motos pèsent près de 270kg, mais on ne le ressent pratiquement pas lorsqu’on roule. Les équipes d’Energica ont fait du très bon boulot afin de répartir le poids des machines. Le comportement global se rapproche assez bien de celui d’une moto thermique classique, la mise sur l’angle est un peu plus lente mais les inclinaisons sont tout aussi impressionnantes.”
Championnat en construction
Bien entendu, il reste un long chemin à parcourir avant que les performances de ces Ego Corsa MotoE puissent rivaliser avec nos bons vieux moteurs thermiques. Toutefois, force est de constater que ces motos électriques sont loin d’être ridicules. “Il m’est difficile pour l’instant de pouvoir comparer nos performances à celles offertes par les moteurs thermiques. En Allemagne, nous tournions près de 7 secondes moins vite que les MotoGP. Actuellement, nous manquons de vitesse de pointe; notre vitesse maximum au Sachsenring était de 225km/h, soit à peine 10km/h plus vite qu’une Moto3… qui ne pèse que 80kg! Quoiqu’il en soit, je pense que personne ne s’attendait à ce que nous soyons si performants dès le début du championnat.”
Soyons clairs, ces motos n’en sont qu’à leurs débuts et nous pouvons donc sérieusement envisager de futurs upgrades significatifs. 18 machines présentes sur la grille, cela représente un paquet de datas à exploiter!
De quoi permettre à ces Ego Corsa de poursuivre leur développement afin d’offrir des performances en constante évolution pour les mois et années à venir. “Dans un premier temps, il me semble que les évolutions futures devraient concerner une réduction du poids et de la taille des batteries, tout en gardant la même puissance" nous confie Xavier. “Du côté du team, les seuls réglages possibles se limitent au travail des suspensions. Et honnêtement, vu le peu de temps de roulage dont nous disposons sur un week-end, nous n’avons pas le temps pour tester d’éventuelles petites améliorations. Personnellement, j’utilise jusqu’à présent les réglages d’origine.”
Si les avis de spécialistes tels que Lucio Cecchinello semblent positifs, l’inconnue plâne quant à l’avenir de ce championnat. Mais nul besoin d’être devin pour envisager un futur serein. En effet, si la Dorna s’est donnée la peine de s’y investir totalement, il y a fort à parier que ce soit avec une vision à long terme! “Nous verrons peut-être l’apparition de nouvelles catégories dans le futur, mais ce championnat n’en est qu’à ses balbutiements. La Dorna a le mérite d’essayer quelque chose de nouveau, avec un format de course inédit. Pour ma part, je trouve ce projet très réussi! Maintenant, de là à savoir si cela va perdurer dans le temps… seul le futur nous le dira!”
Objectif Suzuka
En attendant la prochaine épreuve programmée le week-end du 11 août sur le superbe tracé du Red Bull Ring, Xavier est déjà focalisé sur son prochain rendez-vous EWC: les 8 Heures de Suzuka! Depuis sa création en 1962, le circuit de Suzuka a accueilli de nombreuses compétitions internationales dont le Grand Prix de Formule 1, le Moto GP et le championnat du monde d’endurance moto EWC, ce qui en fait l’un des plus hauts lieux des sports moteurs.
Un rendez-vous tout simplement immanquable où toutes les usines sortiront l'artillerie lourde afin de s’y illustrer. Un défi de taille pour le team VRD Igol Pierret Expériences et ses pilotes. “Je m’attends à une épreuve extrêmement difficile. Ce rendez-vous mobilise toutes les usines, tous veulent y briller. De notre côté, nous sommes un team privé, sans aucune expérience là-bas. Nous allons donc devoir découvrir comment aborder ce rendez-vous.
Ce sera une course très exigeante où il sera difficile d’accrocher un bon résultat. Nous nous rendrons au Japon très humblement. Si nous arrivons à y faire un Top 15, ce sera déjà magnifique.”
Enfin, nous ne pouvions conclure cet entretien sans évoquer avec Xavier ses premiers résultats acquis en Endurance, une discipline extrêmement exigeante qui semble bien correspondre aux gênes de notre représentant national. “Les résultats obtenus jusqu’à présent sont assez encourageants. Nous avons déjà fait de gros progrès. Comme je l’ai déjà dit, ce team se donne les moyens de ses ambitions. Le professionnalisme règne et je me sens très bien au sein de ce team. Mon contrat avec le team VRD se termine en décembre. Nous sommes déjà en discussion pour l’année prochaine mais j’ai également reçu d’autres propositions.”