Xavier Siméon, pilote Zelos/Classic21 rejoindra le MotoGP en 2018 au sein du team Reale Avintia Racing. Les détails de ce nouveau départ qui attend le pilote Zelos/Classic21 ont été présentés aujourd’hui lors d’une conférence de presse. Interview encore chaude.
Propos recueillis par Laurent Cortvrindt
Moto 80: Xavier, quel est ton sentiment aujourd’hui?
Xavier Siméon: C’est avant tout énormément de joie et d’émotion. Je ne réalise pas encore tout à fait. Quand Freddy Tacheny m’a officialisé la nouvelle, j’ai pensé très fort à toutes les personnes qui m’ont soutenu depuis mes débuts, tout particulièrement mes parents qui ont consenti à d’énormes sacrifices financiers et privés pour m’épauler tout au long de ma carrière.
Rouler en MotoGP a toujours constitué un objectif ou s’agissait-il plutôt d’un rêve qui semblait inaccessible?
Je dirais tout d’abord un rêve qui est ensuite devenu un objectif. Mais cet objectif, après l’année chez Gresini, semblait s’être éloigné. Ou en tout cas paraissait désormais difficilement accessible. Mais aujourd’hui, j’ai la chance d’être très bien entouré, par des personnes qui croient en moi, et qui mettent en place un engouement formidable pour me permettre de réaliser mon rêve.
Depuis quand es-tu au courant du projet pour t’amener en MotoGP?
Lors du GP d’Austin, nous avons appris qu’une opportunité pourrait s’offrir à nous. En déménageant avec ma compagne à Andorre, j’ai pu nouer d’excellents contacts avec Ruben Xaus, ami très proche du patron d’Avintia. De fil en aiguille, Freddy Tacheny est entré en contact avec Ruben Xaus et le patron d’Avintia… qui me connaissait par ailleurs du Moto2 puisqu’il a engagé un team dans cette catégorie.
Un gros budget a dû être bouclé. Tu préfères le voir investi en milieu de grille en MotoGP qu’en début de grille en Moto2?
L’option d’un team du top en Moto2 a été étudiée. Malheureusement, aujourd’hui, un «système» fait que certains pilotes rencontrent davantage de difficultés que d’autres. Nous avons dû réunir un budget pour rouler en Moto2 dans de bonnes équipes. J’ai montré que je pouvais me battre avec les meilleurs pilotes en remportant un GP en Allemagne et en montant sur le podium. Mais se battre encore pour une Moto2… cela en valait-il encore la peine?
Plus de numéro 19 l’an prochain sur ta bulle…
Eh non, pas le choix… Je n’ai pas envie de simplifier en inversant, en mettant un «1» devant ou derrière. Ce sera quelque chose de plus subtil. J’ai pensé reprendre le numéro avec lequel j’ai débuté ou un autre numéro pour honorer mon père… J’ai deux ou trois numéros sur la table, chacun avec une signification. Décision très prochainement.
Comment et quand commencera la préparation spécifique MotoGP?
Spécifique? C’est difficile à dire. Je me prépare énormément depuis quelques années. Je me ferai une idée plus claire après les premiers essais avec la Ducati MotoGP. Je saurai ce qu’il conviendra de peaufiner physiquement. Je saurai alors exactement quels muscles sont davantage mis à contribution qu’en Moto2, afin de bien les renforcer. Mes premiers tests auront lieu mardi et mercredi après le GP de Valence.
Tu t’attends à quoi? On sait que beaucoup de pilotes se sont cassé les dents sur les MotoGP…
Les sentiments sont hypermélangés. Il y a évidemment l’excitation d’essayer. Mais aussi l’appréhension: vais-je en être capable? Ensuite, la confiance en soi permet de prendre le dessus. J’espère pouvoir m’habituer rapidement à la MotoGP et, surtout, aux pneus. Les pneumatiques sont, à mon avis, l’un des principaux paramètres à maîtriser. Il faut bien comprendre comment ils fonctionnent.
Ton expérience avec les gros cubes de tes débuts peut-elle te servir?
C’est également difficile à dire. Cela remonte déjà à huit ans, dans un championnat très différent. Depuis lors, j’ai quand même attrapé un style de conduite très Moto2. Mais j’ai récemment effectué un test avec une 1.000cc et les résultats se sont avérés très positifs. J’ai immédiatement retrouvé d’excellentes sensations. J’espère qu’il en ira de même avec la MotoGP.
Le côté brutal d’une MotoGP pose souvent problème aux nouveaux pilotes…
Il y a les freins carbones qui travaillent très très fort. Une MotoGP freine presque aussi tard qu’une Moto2. Cela accélère aussi presque aussi tôt, si pas aussi tôt, grâce à l’électronique. Comment cela va-t-il se passer? Les choses seront plus claires après Valence.
La Ducati n’est pas réputée pour être la moto la plus aisée à appréhender…
Non, mais la Ducati a clairement réalisé un pas en avant avec Gigi Dall’Igna. Un plus grand nombre de pilotes arrive à de belles choses à son guidon.
De nouveau, un changement d’environnement… Pas de crainte?
Aucune. J’ai reçu un excellent accueil, très chaleureux. Les ingénieurs Ducati sont présents. L’équipe, dans son ensemble, est espagnole. Il n’y aura donc pas de barrière de langue puisque je m’exprime parfaitement en espagnol.
Quelles différences y aura-t-il entre ta Ducati et les officielles?
Je l’ignore. Je roulerai avec une Ducati 2016. Bautista vient de terminer à 8 secondes de Marquez, vainqueur en Aragon, et à 6 secondes de Lorenzo, première Ducati. Je pense donc que le potentiel est là. J’ai l’opportunité énorme de rouler sur une moto compétitive. Ne faisons pas les difficiles! Apprenons avec cette machine est efforçons-nous de performer.
Cette fois, tu as deux ans de contrat.
Oui, pour la première fois. Jusqu’ici, nous ne savions jamais de quoi le lendemain serait fait. Tout peut aller très vite. En MotoGP, après 4 courses, les négociations sont déjà lancées pour la saison suivante. Soyons toutefois réalistes. Le temps est un luxe et il conviendra de s’adapter rapidement. Mon objectif est clair: nous sommes 4 à monter de Moto2 en MotoGP. Ces pilotes, je les ai déjà battus avec le bagage technique à disposition. J’espère donc devenir rookie de l’année. Le but n’est pas de se trainer derrière.
Que faut-il attendre de la fin de cette saison? Le moins que l’on puisse dire, c’est que cela ne va pas très fort…
L’objectif reste naturellement de réaliser les meilleures performances possibles. De nombreux facteurs rendent néanmoins cette saison particulièrement compliquée. Au fil des courses, je me suis rendu compte que l’objectif que je m’étais fixé en termes de performances serait impossible à atteindre. Il me reste 4 courses et je veux qu’elles se déroulent au mieux.