Le bloc Revolution Max 1250T, présenté avec le trail Pan America, allait inévitablement équiper d’autres modèles de la gamme Harley. Mais le constructeur de Milwaukee n’a pas trainé en route, puisque voici déjà ce bloc au cœur de la Sportster S. Un modèle qui, par la même occasion, opère son retour dans la gamme après une courte absence.
Texte Laurent Cortvrindt
Esthétiquement, la Sportster S ne laissera certainement pas indifférent. La veille de mon départ, je dinais avec un vieil ami totalement étranger au monde de la moto. Devant les photos déroulant sur mon Smartphone, il tirait une langue jusque par terre, façon Tex Avery, face à la «gueule incroyable de cette bécane». Un avis que les concepteurs de cette moto seraient, évidemment, ravis d’entendre puisque outre les clients Harley (estimation de 50% des futurs acheteurs de Sportster S) et les propriétaires de roadsters vitaminés d'une marque concurrente (estimation de 40% des futurs acheteurs de Sportster S), le constructeur de Milwaukee espère qu'environ 10% de ceux qui craqueront pour sa petite dernière seront, en réalité, de nouveaux motards, masculins et féminins. C'est d'ailleurs sur base du feedback de leur clientèle et de prospects que les ingénieurs du département recherche & développement ont imaginé la Sportster S. Style, moteur, puissance… tout a été conçu pour répondre à une demande, et non pour rentrer dans une guéguerre avec tel ou tel concurrent et jouer à «qui a la plus grande». Ceci explique, par exemple, pourquoi la puissance de la Sportster S ne cherche pas à concurrencer celle d'une Ducati Diavel ou d'une Triumph Rocket 3. Non, la Sportster S veut attirer un public plus large. Et en ce sens, Harley a parfaitement joué le coup avec une machine qui va se révéler aisément accessible malgré son style de pitbull. Un jour après le diner avec mon ami, je fais face à une colonne de Sportster S, bien alignées le long du parking de notre hôtel, et j’examine la moto sous toutes ses coutures. En effet, elle avance une solide gueule. Mais je serais incapable de dire si je la trouve moche ou belle. Esthétiquement, la Sportster S me laisse – et c’est assez rare – plutôt perplexe. Déjà, sur base des photos circulant depuis sa présentation «en ligne», je l’imaginais plus longue. Devant moi, elle parait beaucoup plus compacte. Un collègue la trouve assez jolie, avec «toutes ses rondeurs sauf cet horrible phare avant». Je ne pense pas qu’un phare rond aurait changé la donne. Au contraire, ce phare rectangulaire à éclairage LED – ainsi que l'arrière en fait – participe au côté agressif de la bête. Tout comme son flanc droit, avec cette massive double ligne d’échappement bien rectiligne. Côté gauche, c’est par contre moins glorieux. Pas de chrome, pas de cache joliment fini, pas d'éléments visibles du bloc musclé et pas de châssis apparent non plus. Un peu étrange, il y a comme un déséquilibre esthétique entre les deux flancs de la bête. Les deux gros pneus, surtout l’avant, ne manquent pas non plus de marquer les esprits. La finition se révèle soignée, sans être démesurément géniale, avec quelques câbles se baladant ça et là mais les plastiques s’affichent, dans l'ensemble, assez élégamment. On discutera sans doute à propos du support de porte-plaque latéral placé autour de la roue arrière et, comme on va vite s'en apercevoir, de l’absence totale de garde-boue: un allègement esthétique de la boucle arrière mais, surtout, une aubaine pour votre centre de pressing préféré.
Étonnante maniabilité
Pour m'élancer, je me vois désigner un modèle Midnight Crimson. Cela tombe bien, cette teinte pour laquelle il faudra prévoir un supplément de 275€ reçoit ma préférence. Les autres livrées disponibles sont la Stone Washed White Pearl, proposée au même prix, ou la Vivid Black qui marque le tarif de base de ce modèle: 15.995€. Si la béquille latérale ne se révèle pas des plus simples d'accès, relever la Sportster S est un jeu d'enfant. Avec ses 228 kilos en état de marche, elle fait presque office de poids plume dans la catégorie!
(…) Découvrez la suite de cet essai nouveauté dans le Moto 80 #849, disponible en librairie!