Toutes les nouveautés ne font pas autant de bruit quand elles arrivent sur le marché. A ce titre, la nouvelle Honda CBF 1000 F est un exemple de discrétion. C'est pourtant plus qu'un léger lifting qu'a reçu la routière Honda en ce début d'année… Les lignes, l'instrumentation, le cadre… Les changements sont nombreux et concrets. Ils ont pour but de développer la sportivité du gros Roadster routier du premier conducteur mondial.
Apparue en 2007, la Honda CBF 1000 a directement séduit par ses grandes qualités dynamiques. A la fois souple, homogène, facile et joueuse, c'était l'archétype de la « bonne à tout faire ». Sauf qu'avec le temps, ses lignes classiques ont commencé à perdre en fraîcheur. Les designers maison se sont inspirés de la CBR 600 RR pour offrir à la CBF 1000 F son nouveau visage. Son regard perçant en est la meilleure preuve. Les lignes sont plus tendues, plus légères et plus « sexy ».
De Roadster à GT
L'ensemble est peut-être plus sportif à l'œil, mais la CBF conserve son style rassurant et bienveillant. La qualité de fabrication et de finition « made by Honda » est toujours au rendez-vous, ce qui continue à nous rassurer. La gentille routière ne s'est pas transformée en vilaine peste, surtout quand elle est en configuration « voyage » comme notre modèle d'essai. Bulle en position haute, valises latérales… On a affaire à une vraie GT.
Sur le plan technique, un cadre en alu – semblable à celui qui équipe la CB 1000 R – vient remplacer l'élément précédent (en acier). Le gain de poids n'est pourtant pas significatif. Seulement trois kilos ont été gagnés. Du coup, la CBF dépasse toujours les 240kg avec les pleins, ce qui reste beaucoup. Les manœuvres à l'arrêt et à basse vitesse n'ont pas gagné en facilité. Dommage ! Autre changement notoire, la disparition des deux silencieux d'échappement, remplacés par un modèle unique placé du côté droit. Le moteur profite aussi d'une puissance revue à la hausse. De 98, il est passé à 107ch à un régime maxi porté à 9.000 tours (au lieu de 8.000). Comme le cadre, il est dérivé du bloc qui anime la CB 1000 R, lui-même adapté de la CBR 1000 RR Fireblade de 2008. Pour rappel, le moteur de la première CBF 1000 descendait de celui de la Fireblade de 2006…
Evolution profonde
Ce n'est pas tout au rayon des modifications : une bulle réglable en quatre positions (sans outillage), un feu arrière à leds, une fourche réglable en précontrainte, un amortisseur réglable en détente (et désormais en prise directe sur le bras oscillant), un nouveau tableau de bord… Ce dernier est un exemple de clarté et de lisibilité. Il n'y a plus qu'un cadran circulaire pour le compte-tours, deux écrans à cristaux liquides se chargeant des autres informations utiles (horloge et vitesse de déplacement à gauche; trip, jauge à essence et consommation à droite). Il ne manque qu'un indicateur de rapport engagé.
Pourquoi, dès lors, si peu de publicité autour de cette nouveauté ? Tout simplement parce qu'il restait de nombreuses CBF ancienne génération dans le réseau. Des modèles que Honda Belgique préférait logiquement écouler tout en taisant l'arrivée de la nouvelle version. La version précédente de la CBF 1000 est d'ailleurs toujours disponible, et proposée au prix de 10.290€ avec l'ABS, contre 11.090€ pour la nouvelle, elle aussi équipée du freinage anti-blocage. Même combat chez nos amis d'Outre Manche, où la CBF 1000 2010 n'est disponible que depuis quelques semaines.
Comportement remarquable
Difficile de ne pas succomber aux charmes des quatre cylindres avec cette Honda. Son moteur déborde de qualités : souple, très facile, plein à tous les régimes, vif sans être déstabilisant, généreux…et peut-être un peu trop sérieux. Un excellent compagnon de voyage mais aussi de balade virile, de trajet quotidien, de remise en jambes… Un moteur tellement réussi qu'il mettra en confiance les néophytes autant qu'il donnera le sourire aux motards confirmés. Petit bémol côté consommation : 6,5l/100km, ce n'est certes pas excessif mais à l'heure actuelle, une routière de 1000cc sans réelle ambition sportive devrait pouvoir se contenter d'un petit 5l/100km…
Comme souvent avec les machines japonaises bien nées, la facilité et l'évidence du moteur se retrouvent dans la partie cycle. La position de conduite d'abord, quasi parfaite. L'équilibre général ensuite, qui met en confiance dès les premiers mètres et dans toutes les situations. A basse vitesse, dans la circulation comme à allure élevée dans les successions de virages, la CBF se conduit sans réfléchir. Toujours saine et rassurante, elle n'a pas la vivacité de la CB 1000 R, mais accepte tous les traitements sans broncher et sans révéler de réelles lacunes. Seule la garde au sol pourrait poser problème, surtout en duo avec armes et bagages.
Sans défaut ?
Jusque-là, pas de réelle différence avec la version précédente, qui se distinguait déjà par ses remarquables qualités dynamiques. S'il y a du mieux, ce serait surtout du côté des suspensions. La fourche et l'amortisseur ont gagné des réglages, mais surtout de l'efficacité. Les nouveaux éléments travaillent en parfaite harmonie, offrant du confort, de la précision et de la fermeté si nécessaire. Outre le coffre et la disponibilité du moteur, voilà un point sur lequel cette 1000 prend le dessus de manière significative sur les routières de cylindrées inférieures, pour la plupart équipées de suspensions basiques, voire bas de gamme…
Du coup, avec la position de conduite quasi idéale, la selle agréable et la protection aérodynamique efficace, le bilan confort de la CBF est plus que positif. On a beau chercher, difficile de trouver de réels défauts à cette nouvelle CBF 1000 F (comme à sa devancière d'ailleurs), une machine assez peu originale mais diablement efficace et réussie. On regrette néanmoins que l'arrivée du cadre alu ne se traduise pas par: une perte de poids plus significative. Toujours aussi lourde à manier, la CBF mériterait une réelle cure d'allégement.