Spécialisée dans le tout-terrain, la marque Husaberg comptait jusqu’ici les modèles 4T de 390, 450 et 570cc ainsi que les 2T de 250 et 300cc. Il manquait un modèle d’attaque. Le vide est désormais comblé avec la nouvelle TE 125 2T.
Alfred Nobel, vous connaissez? Ce célèbre Suédois est l’inventeur de la dynamite. C’est aussi lui qui a donné son nom au prix annuel qui récompense une personne ayant œuvré pour le bien de l’humanité. Un musée lui est dédié dans la ville de Karlskoga en Suède. Si je vous en parle, c’est parce que nous sommes tout proches de ce lieu, à quelque 300km à l’ouest de Stockholm, un peu perdus au milieu des forêts et des lacs qui invariablement composent le paysage. C’est ici qu’en 1988 sont nées les premières Husaberg, créées par une toute petite équipe de passionnés. D’une diffusion très limitée au départ, la marque propose alors des produits réputés performants mais qui nécessitent un gros suivi technique. Son rachat relativement récent par KTM transforme les choses et lui donne les moyens de ses ambitions. Aujourd’hui, forte d’une offre complète en 2T et en 4T, elle entend s’affirmer davantage et trouver sa juste place sur le marché de l’enduro. Et uniquement sur ce marché très spécialisé, puisque les modèles cross ne seront plus produits.
Sportifs ces Suédois !
Notre site d’hébergement jouxte un lac. Les «Husby» sont rangées comme à la parade, impeccablement alignées. Je prends le guidon d’une 250 et nous partons à la découverte des environs. Notre guide nous met tout de suite dans le bain. Une succession de montées et descentes en sous-bois avec ornières, racines, virages très serrés, limite trialisants. Le genre de truc qui, comme ça au petit matin, vous fait tout de suite prendre quelques degrés en plus sous le casque ! Ma quart de litre s’en sort plutôt bien, le moteur est souple et accepte de redescendre assez bas dans les tours. Quand on tourne la poignée, c’est d’abord assez doux avant que dans un «whaaapp» caractéristique et propre au 2T, les chevaux débarquent plus violemment et occasionnent quelques pertes d’adhérence. Rien de trop compliqué mais on sent déjà l’efficacité de l’outil.
Terrain d’entraînement «officiel»
Une petite halte bienvenue me permet de repartir avec une 390. Les 4T de la marque ont une architecture de moteur tout à fait particulière. Chez Husaberg, on a en en effet imaginé de déplacer le vilebrequin au-dessus de la boîte de vitesses et d’incliner le cylindre à 70° vers l’avant. A la conduite, cette caractéristique induit une grande maniabilité. La moto est légère en termes de déplacement latéral. On passe vite d’un appui sur l’autre et on est à l’aise dans les portions lentes et techniques. Mais à plus haute vitesse, il faut «apprendre» cette machine car on ressent une certaine instabilité. Peut-être est-ce dû au fait qu’avec ce type de moteur, le centre de gravité se trouve placé plus haut.
Ceci n’a pas l’air de gêner le moins du monde Joakim Ljundgreen, pilote de la marque en championnat mondial d’enduro, qui roule à nos côtés sur une 450 et nous gratifie de figures à donner quelques complexes. Il faut dire qu’il connaît l’endroit par cœur : c’est sa base d’entraînement! Au détour d’un chemin dans la forêt, nous apercevons le gros semi-remorque du team enduro officiel. Aux alentours sont réparties trois spéciales d’entraînement que Joakim a tracé lui-même en défrichant le terrain. Il a dû passer ici des centaines de fois car c’est particulièrement défoncé. Les choses sérieuses vont pouvoir commencer.
125 ou 175 cc?
J’ai hâte d’essayer la nouvelle 125 et c’est à son guidon que je m’élance dans la première spéciale. Le terrain n’est franchement pas évident. Beaucoup de sable, tantôt très fin, tantôt plus lourd, le tout mélangé avec des pierres roulantes, sortes de galets qui se dérobent facilement sous les roues. La souplesse du petit 125 est vraiment bluffante. Au point que l’on se demande si l’on n’a pas affaire à une cylindrée supérieure. Les progrès en termes de remplissage moteur sont impressionnants. Cela n’a plus rien à voir avec les 125 cc d’antan qui disposaient d’une plage de régime très réduite et obligeaient à changer constamment de vitesse. Même au sortir d’un virage lent, face à une montée, la petite Husaberg reprend tout en bas et vous emmène sans faiblir en haut de la côte. De plus, comme il n’est pas nécessaire de rester haut dans les tours, l’adhérence à la roue arrière est excellente.
Au niveau franchissement, comparativement à ses sœurs aînées avec lesquelles je prends le même parcours, cette nouvelle TE 125 est vraiment très convaincante. Légère et maniable, elle dispose en sus d’un moteur très facile et étonnement coupleux. Rares sont les moments où il faut utiliser l’embrayage pour relancer la mécanique. Une fois dans le roulant, on change par contre de registre et c’est un plaisir d’entendre miauler le petit bloc dans les hauts régimes et de filer entres les arbres en virevoltant d’un appui à l’autre. On a là très clairement une machine facile d’accès et qui dispose d’un registre d’utilisation assez large. Balades, franchissements ou attaque, cette nouvelle Husaberg en donne pour son argent.
Partie cycle au top
Dans les successions de bosses, l’Husaberg file droit. Fourche WP à cartouche fermée, système PDS à l’arrière, l’équipement est de qualité et ne réserve pas de mauvaises surprises, que du contraire. Il faut dire que la petite Husby reprend le cadre de la KTM 2011, du matériel solide et éprouvé. Un cadre cette fois repeint en jaune, une livrée que l’on aimera ou détestera! La position de conduite debout est parfaite. Assis, la largeur du réservoir de 11 litres impose d’écarter les genoux mais sans que cela soit gênant. Vivante et légère, la petite Zaberg se manie comme un jouet et se place où l’on veut d’un simple regard. Dans la seconde spéciale moins bosselée mais plus technique, c’est un régal de tournicoter entres les arbres et de jeter la moto en appui dans l’ornière. Le freinage est typique des Brembo tout- terrain : l’attaque n’est pas hyperprécise et mordante comme sur les équipements japonais mais c’est puissant et surtout progressif. Particulièrement pour l’élément avant.
Modèle d’appel
Facile et performante à la fois, l’Husaberg TE 125 a pour elle un moteur incroyablement rempli à mi-régimes et pourtant pétillant dans les tours, une excellente fourche, un équipement général de très bonne qualité (influence KTM oblige), un réservoir de 11 litres pour une autonomie conséquente et un côté «nouveau produit» original et typé qui peut séduire. Destinée à attirer de nouveaux et jeunes pratiquants, elle remplit parfaitement son cahier des charges. Affichée à 7.430€, soit à peine 40€ de plus que sa cousine KTM, elle se pose en concurrente sérieuse dans la catégorie des huitièmes de litre et semble à même de relever le défi d’expansion de la marque suédoise.