Arrivée fin 2014, la FS 450 consacrait le retour de Husqvarna en catégorie Supermotard. Proche de la KTM 450 SMR, cette «glisseuse enragée» repose sur la base technique du modèle cross FC 450.
C’est avec beaucoup d’enthousiasme que je m’apprête à découvrir cette discipline du Supermotard qui m’a toujours attirée par son côté fun, son accessibilité budgétaire et le côté ludique des châssis qui me ramènent tout droit en adolescence, à l’époque où je faisais du motocross. La FS 450 trône sur son pied, en dessous de la tonnelle Husqvarna, et flatte mes rétines qui ne peuvent être plus dilatées: quel bel engin! Couleurs et ligne somptueuses, jantes légères à rayons de 16.5 pouces, slicks Metzeler neufs, attirail complet Brembo radial, disques de frein «wave», suspensions White Power haut de gamme et j’en passe. Tout respire la course et l’absence totale d’éléments liés à l’homologation ne fait que renforcer le côté bestial de cette machine.
Le moulin, un monocylindre de précisément 449,3cc, est directement issu du modèle de cross. Ultra-compact, il développe 60 chevaux à 11.500 tours/minute avec une grande disponibilité sur toute la plage d’utilisation grâce à une gestion électronique EMS très performante. La culasse ne contient qu’un seul arbre à cames en tête qui actionne quatre soupapes en titane de seulement 32g chacune. Le diamètre de ces soupapes s’élèvre à 38mm à l'admission et à 33mm à l'échappement. Et pour sublimer le tout, on retrouve une boite 5 rapports à étagement «supermot» doublée d’un embrayage antidribble Adler qui devrait permettre de garder la roue arrière rivée au sol dans toutes les situations. Le cadre est constitué d’acier chrome molybdène et le bâti arrière est formé de 3 éléments en plastique moulés par injection. Le bras oscillant, lui aussi moulé, en aluminium est spécifique au modèle de supermotard avec une rigidité étudiée pour un meilleur feeling de l’arrière garantissant des glisses progressives. Avec un échappement partiellement réalisé en titane, un réservoir d’essence de 7,5 litres et un habillage aussi seyant que léger, la moto est annoncée pour 110,50kg à sec…. Du sport en perspective!
Tout changer
Une fois équipé et installé sur la FS 450, la position typique des motos de cross se rappelle à mon bon souvenir mais c’est avec un immense plaisir que je découvre un démarreur électrique en lieu et place du fameux kick de mon époque. Le moteur claque énergiquement à l’allumage et la prise de tours en dit long sur l’absence d’inertie moteur. Husqvarna a eu la merveilleuse idée de convier 2 pilotes connus et reconnus qui nous donneront des conseils tout au long de l’après-midi. Avec Eddy Seel (champion du monde supermotard 2003) et Grégory Fastré (champion du monde d’endurance 2012), le coaching devrait être plus que qualitatif et je me retrouve dans des conditions idylliques pour découvrir cette discipline si spectaculaire. Notre terrain de jeu est le circuit de karting de Spa-Francorchamps. Mais avant de penser à mettre à mal la FS 450, mon pilotage devra être totalement revu suite aux commentaires d’Eddy Seel qui se résument en une seule phrase: «Tu dois tout changer!» Mes automatismes de pilote de vitesse vont à l’encontre des principes de base du supermotard où tout le poids du pilote doit être amené sur l’avant de la moto en phase de freinage et pendant toute la durée du virage. Heureusement, je pourrai faire appel à de vieux souvenirs pour rapidement modifier cet aspect mais le freinage et les mises en glisse nécessitent une grande concentration pour s’adapter à cet art très spécifique. L’impression d’être assis sur la roue avant nécessite une certaine habitude alors qu’un freinage en vitesse pure exige de pousser tout son poids vers l’arrière de la moto. En d’autres mots: des techniques radicalement opposées.
Efficacité et contrôle
Heureusement, les runs se suivent et ne se ressemblent pas. Doucement mais sûrement, je prends mes aises et les conseils récoltés à chaque arrêt me permettent de peaufiner mes passages en courbe qui deviennent plus fluides et rapides. J’ai abandonné l’idée de mettre ma jambe tendue à l’intérieur du virage et je la garde pliée avec le genou qui frotte dans certaines courbes. C’est moins esthétique mais tout aussi efficace et, surtout, beaucoup plus naturel pour moi. Le rythme augmente et je commence à bien m’amuser tout en adoptant une vitesse dont je n’ai plus honte. Lors de mon dernier run, j’aurai même l’occasion d’essayer une FS 450 préparée par le concessionnaire Gantois R4 Moto’s qui a monté une ligne complète, assoupli légèrement la fourche, modifié le freinage (changement de maître-cylindre avant) et diminué le frein moteur. Quelques menus changements qui modifient totalement le comportement général à mon grand bonheur grâce à une fourche plus souple qui facilitera grandement mes entrées en virage. On note une amélioration des mi-régimes grâce à la ligne complète mais la puissance maximale ne semble pas évoluer selon moi. Avec sa ligne d’origine, le moteur distille couple et puissance de manière très homogène et si le côté linéaire de la courbe n’a rien de très sensationnel, c’est tout à l’avantage de l’efficacité et du parfait contrôle de la machine en toutes circonstances. Les 60ch sont bien présents et nécessitent déjà une certaine expérience pour en tirer le meilleur. Les suspensions WP sont exemptes de tout reproche et leur association à l’embrayage antidribble m’a permis de passer une après-midi complète sans le moindre dribbling de la roue arrière malgré mes nombreuses et laborieuses tentatives de mises en glisse. Bluffant.
Conclusion
Après remerciements en quittant nos hôtes (Journée à l’initiative des concessions Lejeune Motosport à Verviers et Bastogne), j’ai la banane en repensant à cette journée de moto idéale qui m’a permis de démystifier le mot «Supermotard». Il est évident que j’ai roulé sur une moto aussi aboutie que performante grâce à un composé de pièces bien choisies montées autour d’un moteur qui a fait ses preuves. J’aurais aimé bénéficier de plus nombreux points de comparaison pour mieux évaluer la FS 450. Mais il faut une première à tout! Alors, pour conclure, je dirais tout simplement: à quand la prochaine?