KTM RC 125 – Pour tomber les minettes

Essais Motos Laurent Cortvrindt
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Si le slogan «elle a tout d’une grande» n’avait pas déjà été utilisé par Renault pour sa Clio, KTM aurait franchement pu l’inventer pour sa RC 125. Une moto jeune, pour les jeunes mais qui, dans sa conception, a reçu autant de soin qu’une «grande» KTM.

Quand on se retrouve face à la KTM RC 125, on ne peut s’empêcher de (re)penser à ses 18 ans. En Belgique bien entendu, car en France, dès 16 ans, on peut être le roi de l’école, le maître de son quartier, en évoluant fièrement sur une moto de cette facture. Chez KTM, on sait soigner une silhouette, le trait de crayon de Kiska Design est d’ailleurs vite identifié. Soignée comme une grande, cette RC en trompera d’ailleurs plus d’un. Il faut un œil particulièrement averti pour identifier immédiatement qu’il s’agit bien d’une 125cc. Les concepteurs de la RC 125 ont fait travailler leurs méninges pour séduire les jeunes. En attestent les avertisseurs intégrés aux montants des rétroviseurs et la selle de la passagère (ou du passager) intégrée totalement dans la boucle arrière. De loin, on dirait même que la RC 125 est équipée d’un dosseret de selle. Ingénieux, très classe et surtout témoin du souci de qualité dont fait preuve KTM pour chacune de ses productions.

Selle trempée

Pour la prise en main de la RC 125, KTM nous a fixé rendez-vous, presque comme toujours, à domicile. Et presque comme toujours en Autriche, cette fois plus précisément à Linz, il pleut. Enfin, «pleuvoir» est un euphémisme… Ce sont carrément des trombes d’eau qui s’abattent sur la 3e ville autrichienne. On pensait jouer aux rois de la sortie des écoles qui emballaient les minettes avec leurs machines de caïds: c’est loupé. Et puisqu’un planning de KTM ne souffre aucun retard, on va surtout enfiler nos combinaisons contre la pluie et jouer prestement aux équilibristes. Le tableau de bord déjà noyé, je décide de ne pas trop m’y attarder pour l’instant et préfère me pencher sur mes rétroviseurs. Très larges, ils ne vibrent pas et offrent une excellente rétrovision. Par contre, si leur réglage horizontal ne pose aucun souci, verticalement, c’est beaucoup plus compliqué. Surtout quand on est sur la moto car il ne faut pas avoir peur de «forcer» pour les incliner d’à peine quelques millimètres. En position limande, on voit bien. Le buste relevé, c’est le brouillard. La route est sous eau et, pendant que je m’esquinte sur mes rétros, je roule avec le pied droit posé sur le levier qui actionne le frein arrière. Un vrai bonheur, ce simple disque de 230mm! Il est à la fois doux, dosable et redoutablement efficace. Très utile pour ralentir et stabiliser sa machine dans ce type de conditions où chaque changement de cap ou de vitesse (satanés feux rouges) teste les limites de l’adhérence. Bien entendu, «forte» de ses 135kg à sec, la RC 125 est assez légère à arrêter. Nous sortons rapidement de la ville et commençons par l’enchainement de quelques lacets. Le feeling du train avant est très bon et, grâce à un empattement somme toute assez long (1340mm) pour une moto si compacte (1995mm), une chasse plus courte (88mm) la tenue de route se révèle excellente. En outre, c’est vraiment dans ce type de conditions que l’on est content de pouvoir s’appuyer sur l’ABS (déconnectable) en cas de mauvaise surprise. En fait, le passage de ces nuages chargés d’eau nous a permis de découvrir la RC 125 sous un autre angle: celui d’une funambule capable de s’accommoder d’éléments déchainés. Seul votre dos ne lui en sera pas reconnaissant. Car avec un garde-boue aussi rikiki pour la roue arrière, le rinçage était 100% garanti. Note pour les jeunes: s’il pleut lors de votre rendez-vous galant, il conviendra «d’emballer» votre passagère avant de la ramener chez elle…

Aide de l’arrière

«À fond les ballons», bien calé derrière la bulle, on pointe à 125km/h en passant les vitesses au meilleur moment. Car un rapport loupé ou quelques kilos en plus à tracter et, inexorablement, on perd, mètre après mètre, le contact avec la RC 125 qui précède. Avec mes 85kg sur la balance, sans compter l’équipement du jour, j’éprouve d’ailleurs quelques difficultés à tenir la roue arrière des poids légers qui me précèdent. Sur les lacets de moyenne montagne qui s’offrent à présent à nous, reprendre en 4e est impossible. Il faut impérativement remettre la 3e, voire la 2e en virage plus serré et tenir le régime au-dessus des 8.000 tours. C’est à ce stade que le bloc de la RC se réveille. Une autre solution est également possible: un régime dès mon retour pour essayer de retrouver le poids de mes 18 ans… Cela dit, la boîte de la RC 125 exécute mes commandes avec docilité et les 15ch du petit mono poussent comme des pur-sang. Une descende me permet de fondre sur les camarades plus légers. Ici, quelques kilos en plus deviennent vos alliés. Mon compteur indique même 132km/h au moment où je dois absolument déclencher mon freinage sous peine de me louper! Oups… excès d’enthousiasme, le frein avant réclame une poigne bien ferme! Mieux, lors du prochain gros freinage, je veille à l’assister plus que de coutume du frein arrière. Le disque de 300mm opère de manière progressive, sans mordant excessif, ce qui permettra à des jeunes conducteurs de ne pas se faire surprendre par un réflexe trop enthousiaste. Mais à mon goût, cela manque un peu de puissance. Ce que l’on ne peut en tout cas pas reprocher à la RC 125, c’est son accueil quatre étoiles. La position du corps est bien entendu sur l’avant mais poignets et genoux ne souffrent pas, même pour les gabarits de plus de 180cm. La protection de la bulle est efficace et si vos fessiers signalent la fermeté de la selle à la descente de la moto, en roulant, cela ne se remarque pas trop. Quant aux suspensions, elles assurent un amortissement de bonne qualité pour une moto typée sport.

Conclusion financière

Je profite du retour à la base pour passer le tableau de bord calmement au crible. Les indications ne sont pas très grandes mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est ultra-complet! Lampe témoin de changement de rapport customisable, indicateur de rapport engagé, 2 trips, horloge, temps de parcours, vitesse moyenne, consommation, autonomie, distance avant entretien… De quoi faire pâlir d’envie certaines GT… Dès le courant du mois de septembre, la KTM RC 125 va donc allègrement pouvoir venir chasser sur le territoire des Yamaha YZF-R125 et Aprilia RS4 125. Tarifiée à 4.690€, elle sera plus chère de quelques poignées d’euros que ces concurrentes, respectivement vendues à 4650€ et 4.600€. Mais avec l’avantage non négligeable de proposer, entre autres équipements, l’ABS de série. Rayon prix, la principale concurrente de la KTM sera donc plutôt la Honda CBR125R, plus de 1.000€ moins chère (3.450€) mais qui pour ce prix-là, naturellement, ne se voit pas non plus équipée de série du système d’antiblocage des roues.

Un essai signé Laurent Cortvrindt et publié dans le Moto 80 n°766 de septembre 2014.