Michelin renouvelle son best-seller, le Pilot Road 4. Un pneu qui a conquis le cœur de nombreux motards. Amérique, Afrique du Sud, Pologne, Russie… les journalistes affluent du monde entier direction Séville, en Espagne. Une révolution serait-elle en marche dans le monde des pneumatiques?
Le segment des pneus sport-touring connaît une lutte acharnée. Avec 1.500.000 unités écoulées dans le monde, le Michelin Pilot Road 4 s’est positionné comme un incontournable de la catégorie. Autant dire que le manufacturier français se devait de proposer un successeur à sa hauteur.
Annoncé comme encore plus performant, le Michelin Road 5 a reçu toutes les attentions, afin de lui permettre par exemple, avec 5.000km au compteur, d’égaler les performances de freinage d’un Pilot Road 4 neuf sur le mouillé!
Équipement enfilé, je me dirige vers le staff Michelin qui me propose de choisir ma monture. Repérée dès mon arrivée, mon choix se porte sur l’Aprilia Tuono. Un roadster au caractère bien trempé. L’occasion de vérifier d’entrée de jeu le grip du Road 5. Départ donné, nous partons pour 140km sur de magnifiques routes aux 1.000 virages.
D’emblée, je remarque une maniabilité accrue due à un profil plus «pointu» que celui du PR4. Les lacets et courbes rapides s’enchaînent, les changements d’angles sont légion et le Road 5 suit la cadence sans sourciller. Le grip sur l’angle me bluffe et me donne entière confiance.
À mi-chemin, j’opte pour une Kawasaki Z1000SX. Avec un gabarit et un poids plus imposants, son comportement diffère fondamentalement de celui de la Tuono. De quoi remettre en question l’agilité du Road 5? Eh bien non! Naturellement, l’effet du poids de la Z1000SX se ressent quelque peu, principalement dans les épingles serrées mais je continue à prendre un plaisir de tous les instants grâce au mélange d’élastomères faits maison et de nouveaux flancs «slick», assurant l’adhérence sur l’angle ainsi qu’une montée en température plus rapide.
Une session sur circuit nous a toutefois permis de flirter avec les limites de ce pneumatique. Telle n’étant toutefois pas sa vocation, on ne peut lui en tenir rigueur. Les pistards occasionnels devront se tourner vers le Power RS, bien plus adapté à ce genre d’exercices.
Technologie de pointe
L’avant profite de la technologie 2CT, qui allie deux mélanges de gommes distincts 100% silice afin d’obtenir une très bonne tenue de route tout en évitant le sous-virage. Le pneu arrière 2CT+ se dote également d’une partie centrale en silice mais moins dilué, afin d’améliorer l’usure, et d’épaules en carbone noir dépourvues de rainures. Un moyen d’augmenter le grip sur le sec sans être pénalisant sur le mouillé, les angles d’inclinaison étant bien moins importants lorsqu’il pleut.
Quant à la stabilité, elle est obtenue grâce à la technologie ACT+, où la structure centrale vient envelopper celle des épaules pour apporter plus de rigidité à l’ensemble. Enfin, notons l’apparition de nouvelles lamelles permettant une extraction de la pellicule d’eau très efficace.
Ces nouvelles sculptures révolutionnaires sont obtenues par un moulage réalisé à l’aide de la technologie d’impression 3D. Le procédé Michelin XST Evo fait apparaître des sillons plus larges au fil des kilomètres afin de préserver la capacité à évacuer l’eau. Voilà donc une belle perspective de développement pour le futur…
Encore plus à l’aise sous la pluie
Balade terminée, passons aux ateliers sur circuit, dédiés aux performances sur route humide (voire détrempée), vocation première du Road 5. Je pars pour 3 tours au guidon d’une Triumph Street Triple.
Premier exercice: un freinage très appuyé. Vitesse stabilisée à 110km/h, j’écrase les freins. Perturbant de prime abord, mais je constate une stabilité sans faille. La moto reste bien droite, l’ABS joue son rôle et je m’arrête sans aucun souci. Je repars et me prépare pour une manœuvre d’évitement, toujours sur le mouillé. La Street reste imperturbable.
La confiance me gagne, j’augmente le rythme et sans m’en apercevoir, mon genou touche le sol. Une première pour moi sur le mouillé! Je répéterai l’expérience avec une Yamaha MT-10, certes plus lourde, mais avec les mêmes constatations. En fin de journée, nous assisterons à une démonstration de freinage sur un asphalte copieusement arrosé.
Michelin compte bien nous prouver que son Road 5 usé de 5.000km vaut son PR4 neuf! Et effectivement… ils disaient vrai! Mieux encore, nous constatons une distance de freinage légèrement inférieure.
Conclusion
Je dois l’avouer, ce Road 5 m’a bluffé. Grip, maniabilité, stabilité, tout est réuni pour apporter une confiance et un retour d’information en hausse au quotidien. Ces qualités induisent peut-être son principal… défaut: il incite à repousser les limites. Mais même dans ce cas, il restera prévenant et progressif.
Notons aussi l’absence momentanée d’une version GT qui sera compensée par une baisse de prix du PR4 GT. Comme toujours, reste à voir si ces qualités se maintiendront après plusieurs milliers de kilomètres, mais au vu de la démonstration comparative à laquelle j’ai pu assister, il est fort probable que ce Road 5 vous emmènera loin… très loin!
Les up:
– Confiance
– Adhérence
– Polyvalence sec/mouillé
Les down:
– Usage sportif
– Prix légèrement à la hausse
– Pas (encore) de version GT