Ducati Monster 797 Plus VS Yamaha MT-07: le comparo de nos lectrices!

Essais Motos Laurent Cortvrindt
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Ça y est, elles ont pris le pouvoir à la rédaction! Et même pas besoin d’un #balancetonjournaliste pour y arriver! Anne et Merline, deux lectrices motivées à l’idée de découvrir «l’autre côté du décor» et, surtout, de donner leur avis sur des roadsters qui leur sont également destinés, ont pris les commandes de ce comparatif…

 

Dans un coin du ring, la Ducati Monster 797, mise à notre disposition pour cet essai dans sa finition «Plus». C’est-à-dire avec une petite bulle et un dosseret de selle… que nous avons ôté pour le duo. Face à elle, la Yamaha MT-07 «deuxième génération», soit le modèle 2018. En d’autres mots, une Ducati quasiment inconnue du grand public face à l’un des plus gros best-sellers de la décennie.

En effet, représentant annuellement quelque 20% des ventes de Yamaha, la MT-07 fait office de poids lourd commercial. De son côté, en 2017, année de sa sortie, la 797 a séduit 8% des fans de Ducati, dont 10% de femmes. Pas mal. Mais l’effet de nouveauté semble déjà passé, sur les premiers mois de 2018, la 797 peine à atteindre les 5%… et en Belgique, elle attend encore sa première propriétaire.

Pourtant, ces deux machines occupent un peu la même place dans leur gamme respective. Un roadster de moyenne cylindrée, capable de séduire – avec différents atouts mais autant de vigueur – les pilotes débutants, le motard confirmé ou… ces dames qui aiment s’évader à deux roues, mais plutôt en tenant le guidon. Mais l’une est née chez un constructeur se revendiquant résolument prémium, l’autre chez un constructeur plus généraliste.

Deux motos a priori similaires peuvent donc connaitre des carrières totalement différentes… La Ducati est-elle pour autant quatre fois moins intéressante que la Yamaha? C’est ce que nous allons découvrir…

Choix à revoir

Sur les routes de Wallonie, nous avons emmené deux lectrices enthousiastes à l’idée de découvrir, l’espace d’une journée, l’envers du décor de journaliste-essayeur. Entre deux poses sous les objectifs de Thierry Dricot, elles ont accumulé les kilomètres au guidon des deux motos… et les notes sur leurs Smartphones.

Particulièrement motivée et démonstrative tout au long de la journée, Merline se lance la première dans le délicat exercice de la synthèse. «La selle de la MT-07 se révèle plus dure au toucher que celle de la Monster 797. Toutefois, je l’ai trouvée plus confortable. Peut-être est-ce dû à la position de conduite qui, sur le MT, favorise une stature naturellement droite.»

Attentive aux détails, Merline a apprécié la présence de l’indicateur de rapport de vitesses sur la Yamaha, alors qu’il brille par son absence sur le tableau de bord de la Ducati. «La MT-07 est une machine à laquelle on s’adapte assez vite. Si je devais choisir à nouveau une moto avec laquelle commencer, ce serait la MT. Elle se révèle vraiment très maniable… sans pour autant manquer de répondant, à bas régimes tout comme à hauts régimes. Dès que l’on tourne la poignée, elle réagit assez vite et c’est sympa.»

L’italienne a, par contre, un peu déçu notre essayeuse d’un jour. Pourtant grande fan de la marque de Bologne! «Avant de monter sur les deux motos, la Ducati m’attirait davantage. Le guidon est un peu plus large, ce qui oblige à rouler avec les bras plus écartés. On est également un chouïa plus penchée et avec cette position, j’ai senti assez rapidement un mal de dos s’installer. Mais peut-être était-ce également dû à mon mètre soixante-cinq?»

Sur la Ducati, Merline a également eu l’impression que les repose-pieds étaient placés plus haut que sur la Yamaha. «Mes genoux remontaient beaucoup plus haut et, du coup, j’avais l’impression de rouler un peu en position de canard. Je devais davantage me forcer à serrer les jambes contre le réservoir.» En ce qui concerne le caractère des deux motos, Merline a retrouvé l’ADN Ducati avec la 797. «Je dirais que c’est une véritable Ducati. Elle demande donc un temps d’adaptation. À bas régime, elle a tendance à caler si on ne tient pas les gaz. J’ai même envie de dire que le bloc est assez mou. Mais dès que l’on passe les 4.000 tours, la 797 se montre plus agressive. C’est un bicylindre mais rouler à hauts régimes s’avère bien plus agréable. D’ailleurs, en parlant d’action, la Ducati brille par sa stabilité dans les virages, davantage que la Yamaha. À son guidon, dans les courbes, je me suis sentie plus en confiance.»

Merline a d’ailleurs particulièrement apprécié l’ADN sportif de la Monster. «Ce qui est sympa sur la Ducat, c’est le dispositif de freinage signé Brembo, disponible de série. Inutile donc d’engager des frais toute de suite si on souhaite quelque chose de performant. J’ai aussi beaucoup aimé les sorties d’échappement Termignioni, même s’il s’agit d’une option. On entend quand la Ducat arrive, et c’est très sécurisant. Ce qui n’est pas le cas de la MT, pratiquement silencieuse. Je roule beaucoup en ville et je trouve cela plutôt dangereux. Donc, si je devais acheter une MT, je signerais d’office pour l’Akrapovic.»

Adaptation

Appliquée et méticuleuse, Anne a également noté ses impressions tout au long de la journée. Scrupuleusement. «J'ai trouvé la position très confortable sur la Ducati Monster 797 Plus. Du moins, en début de journée. Ensuite, après quelques heures, la sensation change. J'avais l'impression que mes bras étaient trop courts et j'ai senti une pointe apparaitre au milieu du dos. La selle, par contre, s'est révélée très commode, si l'on fait abstraction d'un petit bourrelet vers le réservoir qui finit, lui aussi, par  déranger l’entre-jambes au bout de la journée. Le réservoir également, malgré qu'il soit beau à regarder, ne m'a pas convenu en termes de physionomie. En serrant les genoux contre le réservoir, quelque chose gêne. Toujours au rayon gêne, quand on pose les pieds à terre, les repose-pieds cognent contre les tibias ou les mollets. Enfin, j'ai également noté que le bloc a tendance à rapidement chauffer à l’arrêt. Très désagréable pour la jambe droite!»

Le bloc, assez timoré sous les 2.000 tours et qui nécessite de rétrograder plus souvent qu'à son tour pour conserver de la vivacité, a impressionné Anne avec ses accélérations. Une pêche d'enfer, très fluide, selon ses propres termes. Tout comme le freinage mordant, assez surprenant au début mais plus facile à maitriser et à doser au fil des heures.

Le saute-vent sympa et discret, qui équipe la version Plus, a également trouvé grâce aux yeux d'Anne. «La commande d'embrayage, par contre, était assez dure. Je devais relâcher la poignée sur une course assez longue avant que la moto ne s'élance. J'ai également trouvé les rétros un peu bas, je devais m’abaisser pour regarder derrière moi avant un dépassement, par exemple sur l’autoroute. En outre, je n'ai pas réussi à les régler en hauteur…» Enfin, rayon esthétique, le noir mat de notre moto d'essai (une option à 100€) a été jugé salissant par notre essayeuse. Le porte-plaque, aussi une option à 300€, fut considéré comme assez quelconque. «Par contre, les clignos étaient canon (NDLR: option toujours, 85€ la paire). Enfin, niveau équipement, dommage d'avoir fait l'impasse sur l'indicateur de rapport engagé».

Tout comme sa comparse, Anne a été marquée par l'agilité de la Yamaha MT-07. «Il s'agit d'une machine très maniable. Même extrêmement maniable! Quel plaisir ! Un vélo, presque un jouet. La position de conduite est un peu plus droite que sur la Ducati. J'ai trouvé cela beaucoup plus confortable à long terme malgré la prise au vent plus importante, surtout sans saute-vent. La selle s'est révélée plus dure. Mais sans bourrelets sur l'avant, donc aucune douleur à l’entre-jambes. Par contre, qu’est-ce que ça fait mal aux fesses, déjà avant la barre des 200km! L'exemple type de ce qu'on appelle un tape-cul.»

L'autre bon point décerné va au bicylindre de la Yamaha, distillant de très bonnes accélérations à bas régimes. Niveau design, Anne juge la MT-07 plus agressive de face. Avec une esthétique globalement plus détaillée et comprenant davantage de fioritures. Quelques détails irritants ont néanmoins été relevés.

Comme la béquille, difficile à sortir car il faut presque chercher. «J'ai également trouvé que les rétros étaient placés trop bas. Le porte-plaque n'est pas top-top, celui de la MT-09 se révèle beaucoup plus sympa, par exemple. Enfin, le commodo des clignotants n'est pas pratique. Trop petit, quand on veut éteindre, en fait on appuie à nouveau dessus involontairement…»

Trop curieux

On dit que les femmes sont d'incorrigibles curieuses. Oui. Mais… les hommes aussi! Nous avons donc profité d'une semaine ensoleillée pour précéder nos lectrices dans un galop d'essai (450km quand même) dans les Ardennes françaises. Soleil (25°C!) et petite bouffe (Au repos du Lièvre, à Maubert Fontaine/Rocroi D877, à conseiller!) mais surtout un assortiment complet de routes avec virages à gogo. Tout cela pour arriver à la conclusion: que faut-il de plus?

Certes, vous oubliez le duo, tant sur la Yam' que sur la Duc'. Certes, le confort «longue distance» n’est pas leur fort (léger avantage à la Monster grâce à une selle un peu plus épaisse et l’adjonction d’une minibulle en option). Mais pour le reste…  Pourtant entrée de gamme, la 797 vous introduit dans «l’atmosphère» Ducati avec son bruit moteur caractéristique renforcé ici par un «silencieux» Termignoni optionnel. Il y a le style italien.

Mais aussi le souci du détail, comme les valves coudées bien pratiques. Sa puissance est un peu brutale (difficile de rouler à basses vitesses en ville sans à-coup) mais, contrairement à l’impression auditive, le moteur se montre sensiblement moins réactif que celui de la MT-07. Et cela sur tous les rapports. Sans doute une question de longueur de démultiplication car les puissances et cylindrées sont identiques. Mais en pratique, la Yam' bat la Duc' en reprises en 5e à 90km/h et en 6e à 100km/h, pour tout simplement l'enterrer sur les exercices en 3e à 50km/h et en 4e à 70km/h. À remarquer que la sélection de la boîte italienne se révèle toute aussi précise mais plus dure.

Le moteur de la Yamaha a donc un répondant différent, plus vivace et onctueux mais moins freinant en décélérations. Oui, la MT-07 ne bénéficie, pour ainsi dire, d'aucun frein moteur. Niveau performances, la Ducati prend sa revanche avec un freinage nettement plus mordant ainsi qu'une tenue de cap plus franche en courbes, là où celle de la Yamaha dépendra fortement de la qualité des revêtements.

En effet, très légère du train avant, des bosses en virage pourront amener des réactions «arrière-avant» vous obligeant à ramener la japonaise dans le droit chemin. Fainéants, tout au plaisir de rouler, nous n’avons pas profité des faibles possibilités offertes par les deux constructeurs pour modifier le tarage des suspensions arrière que nous avons trouvés personnellement trop ardus (sur la MT-07 en virage, particulièrement, nous avons eu l’impression que le pneu arrière sautillait sur l’angle sans absorber les inégalités du macadam).

Bien que les positions de conduite soient différentes, ne fût-ce que par la largeur du guidon de la transalpine, les deux sont agréables mais nous conseillons d’ajouter un petit saute-vent à la MT-07 pour canaliser les flux d’air, surtout sur autoroute. Enfin, rayon agilité, il n'y  a pas photo. Un demi-tour au guidon des deux machines vous suffira pour comprendre que la MT-07 est la reine du gymkhana.

Conclusion

Deux motos plaisir, légères, agréables surtout sur nos routes, peu gourmandes en consommables, avec une Yamaha qui ne rechignera pas à un emploi quotidien et une Ducati parfait reflet de l’esprit et du design italien. Reste un prix d'achat malheureusement trop premium pour la 797 face à une MT-07 qui, dans ce domaine, joue particulièrement «serré».

 

DUCATI MONSTER 797 PLUS

Les up d’Anne

– Beaucoup de pêche

– Clignotants design

– Saute-vent discret/intégré

Les up de Merline

– Stabilité dans les virages

– Beauté italienne

– Moteur au-dessus de 4.000 tours

Les down d’Anne

– Repose-pieds mal placés

– Brûle la jambe droite à l’arrêt

– Rétroviseurs non réglables en hauteur

Les down de Merline

– Molle à bas régime

– Selle dure

– Position de conduite

Prix de base: 9.550€

Prix de la moto essayée: 11.288,33€

Consommation mesurée: 5,21l/100km

 

YAMAHA MT-07

Les up d’Anne

– Maniabilité

– Look

– Réactivité

Les up de Merline

– Maniabilité

– Position de conduite

– Idéale pour débuter

Les down d’Anne

– Confort de la selle

– Porte-plaque

– Prise au vent

Les down de Merline

– Stabilité en courbe

– Trop silencieuse pour la ville

– Je cherche…

Prix de base: 6.999€

Prix de la moto essayée: 7.220,49€

Consommation mesurée: 4,46l/100km