Harley-Davidson Livewire: Nouveau chapitre

Essais Motos Moto80
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En anglais, le mot "chapter" désigne les clubs de motards qui ont, eux aussi, participé à forger la légende de Harley-Davidson. Mais "chapter" signifie également "chapitre", et c'est précisémment cette traduction qu'il convient d'utiliser aujourd'hui en parlant de la Livewire, la première moto avec laquelle le constructeur de Milwaukee entend partir à la conquête de l'électromobilité. 

Car en effet, de nombreux modèles, plus modestes, sont appelés à apparaitre au cours des prochaines années. Mais tous les fans de Harley ne rouleront pas dès demain sur batteries ; le constructeur qui a fêté ses 115 ans en 2018 va continuer à investir dans sa gamme traditionnelle.

La Livewire, ainsi que ses futures « petites sœurs », sont donc à considérer comme autant de propositions supplémentaires.

Malgré des formes plutôt innovantes pour les productions du premier constructeur américain, la Livewire ne peut cacher qu'elle est bien une Harley-Davidson. Pourtant, on a un peu l'impression que les designers du Wisconsin l'ont joué profil bas : pas d'inscriptions ostentatoires, pas de logos démesurés. Pour trouver la mention «  Livewire », il faut se mettre à même le sol et regarder sous la batterie, tandis que les logos Harley se découvrent dans un format plutôt discret.

Assez basse, plutôt courte et, surtout, terriblement étroite si l'on excepte son large guidon, la Livewire se veut plutôt fluette et on éprouve quelques difficultés à se dire qu'elle pèse réellement les 249 kg en état de marche annoncés par la fiche technique. La finition se montre de bonne facture, comme ce joli cuir latéral prolongeant la selle vers le guidon même si le moelleux de cette dernière n'est pas vraiment au rendez-vous. Et pour les escapades en duo, une solide sélection naturelle s'imposera…

Révélation

Un écran TFT couleur de 4,3 pouces offre une large palette d'informations. Tout y est lisible, joliment présenté et facilement accessible. En outre, cet écran est tactile et peut s'incliner en avant ou en arrière afin d'éviter les reflets du soleil. Modernité oblige, une connectivité Bluetooth permet d'écouter de la musique stockée sur son Smartphone mais commandée depuis le joystick sur le demi-guidon gauche, d'accepter un appel entrant et d'entendre les infos concernant la navigation fournie par la Harley-Davidson App. Cette même application proposera à chaque propriétaire de Livewire, une quantité d'autres informations liées à sa moto.

Dès les premiers tours de roues, on perçoit toute la puissance de la poussée du bloc électrique. Vive mais néanmoins très linéaire, celle-ci se dose aisément. Ce bloc refroidi par eau et appelé H-D Revelation développe 105 ch et produit un couple de 116 Nm, disponible immédiatement et de façon permanente, autorisant notamment la Livewire à accélérer de 0 à 100 km/h en moins de 3 secondes.

Quatre modes de conduite prédéfinis sont disponibles (Road, Sport, Range et Rain). Tous bénéficient de leurs propres valeurs de puissance (qui dicte le degré de réponse à l'accélération), de régénération (on sent comme un effet de freinage quand on ferme les gaz), de réponse de la poignée des gaz et de contrôle de traction. Lors de la présentation effectuée sur une centaine de kilomètres à Portland (Oregon) et dans les collines voisines, ma préférence ira au mode Sport pour son frein moteur plus affirmé. Mais pour que tout le monde puisse trouver la configuration idéale pour son style de conduite, trois modes à programmer aux petits oignons sont également disponibles.

Électronique en force

Très stable et très neutre, la Livewire met immédiatement en confiance. Peut-être même un peu trop. Dans les courbes rapides, poussée par ses 250 kg – c'est d'ailleurs le seul moment où ils se font réellement sentir, le centre de gravité très bas faisant le reste – la Livewire a tendance à élargir la trajectoire si l'on ne la pousse pas vers la corde. Pour éviter toute mauvaise surprise, la Livewire est bien sûr bardée d'électronique : ABS de virage, anti-wheeling, contrôle de traction de virage et antiblocage de la roue arrière. Le système de freinage confié à Brembo apporte entière satisfaction.

De manière un peu sarcastique, je dirais même que jamais une Harley n'a aussi bien freiné. Même si, en réalité, lorsque l'on conduit à un rythme légal, on n'a même presque pas besoin de toucher au levier de frein, le frein moteur suffisant à ralentir l'attelage comme il faut. Le matériel Showa, par contre, me laissera davantage sur ma faim. Sur des routes qui n'avaient rien à envier à notre réseau, j'ai trouvé l'amortissement trop dur et provoquant trop de dribbles. Encore une petite précision, la Livewire est limitée à 177 km/h réels.

Autonomie en question

Je rentre à l'hôtel avec précisément 100 bornes au compteur et… 28 % de charge de ma batterie de 15.5 kWh. Une sortie menée à bon rythme et donc essentiellement passée en mode Sport, avec de temps en temps des petits sauts en Range. Avec ce type de balade, une autonomie de 140 km semble un maximum pour la Livewire.

Harley, de son côté, annonce 235 km d'autonomie urbaine, 152 km en mix stop&go et autoroute, ou encore 158 km selon le World Motorcycle Test Cycle. La Livewire est équipée d'un chargeur Level 1 de 1.400 W compatible avec une prise 120 V ou 240 V, le câble d'alimentation se rangeant sous la selle. La « moyenne horaire » d'une charge sur niveau 1 est de 21 km par heure de charge. Ce qui signifie qu'une nuit sera nécessaire pour remettre votre batterie à 100 % de ses possibilités. Toutefois, la Livewire est équipée de série de la dernière des technologies DC Fast Charge. Ce qui signifie que la moto peut recevoir un connecteur SAEJ1772 / CCS2 / IEC Type 2 (Level 3) capable de faire monter l'autonomie à 309 km par heure de charge. Dans ce cas, 80 % de charge de batterie peuvent être atteints en 40 minutes et une charge complète prendra 60 minutes. Le Level 2 n'est, par contre, malheureusement pas pris en compte.

Conclusion

Je connaissais le plaisir de rouler « électrique » en ville sur un scooter ; voilà que je découvre le plaisir de rouler « électrique » en dehors de la ville et sur une moto. Ces virages dont on sort à chaque fois propulsé comme sur le dos d'une fusée, j'en redemande !

Et puis, une moto qui ne vibre pas et ne chauffe pas dans la circulation, malgré des températures de plus de 30°C, ça aussi, ça ne peut laisser indifférent. Le futur règlera sans doute la question épineuse de l'autonomie des batteries, encore trop faible, et des zones de charges rapides, encore trop peu nombreuses. Seul le tarif me fait donc réellement redescendre de mon nuage. Mais un peu brutalement, il faut bien l'avouer…

Les up

– Plaisir de conduite inédit

– Style Harley préservé

– Déconcertante de facilité

Les down

– Tarif Harley

– Autonomie variable et à confirmer

– Temps de charge à domicile

Prix de base: 34.000€

Disponibilité: septembre

Autonomie maximale: 235km