Kawasaki Z650: chaînon essentiel

Essais Motos Laurent Cortvrindt
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Les poussées de testostérone garanties par la Z900 vous laissent froid mais, en même temps, vous n’avez guère envie de vous afficher au guidon d’une Z400? Soyez rassuré, la gamme Kawasaki a quand même pensé à vous!

 

Si vous aimez les roadsters et si les charmes d’une Kawasaki ne vous laissent pas indifférent, alors vous êtes plutôt du côté des motards chanceux. En effet, face à l’étendue du segment Z dans la gamme Kawasaki, de la petite 125 à la surpuissante H2, trouver «guidon à son gant» devrait se révéler plutôt aisé. Car non, tout le monde ne rêve pas de parader  sur une Z900, le best-seller incontesté et incontestable de la catégorie.

Cette constatation ne date d’ailleurs pas d’hier. Au milieu des années 70 déjà, la Z900 faisait de l’ombre à ses concurrentes. Mais tous les motards ne craquaient pas pour autant face à sa mécanique avantageuse et son quatre cylindres rugissant. C’est donc précisément en 1976 que naît l’idée de produire une machine plus accessible. Une 650cc. Et trois décennies plus tard, cette volonté persiste puisque arrive en 2005 la ER-6n: une moto particulièrement abordable dont le bicylindre généreux va notamment faire le bonheur de nombreuses moto-écoles.

Sur la base du bloc de la ER-6 va naître celui qui anime la Z650 en 2017 et de son évolution MY2020 que nous sommes venus essayer en ce mois de janvier sur les lacets de la Costa Brava.

Ambassadrice

Quand on se trouve face à la Z650, il n’y a pas de surprise. On est bel et bien devant une ambassadrice des Kawasaki Z modernes: un design sugomi affirmé, une machine compacte mais musclée ; le terrain est connu. Certaines nouveautés font néanmoins leur apparition.

Un catalyseur de plus gros volume, un silencieux redessiné – et par ailleurs plus court – et les émissions respectent désormais les nouvelles normes en vigueur. Ensuite, mais nous n’aurons malheureusement pas l’occasion de vérifier, le confort est annoncé en hausse pour le passager grâce à une selle dotée d’une couche d’uréthane plus épaisse (environ 5mm au centre et 10mm sur les côtés) et surtout plus large.

Au niveau du style, la Z650 renforce son apparence grâce à un phare avant à LED, un saute-vent plus étroit ainsi que des épaules plus musclées. Nous sommes d’accord, tout ceci tient du détail. Mais les fleuves ne sont-ils pas formés par plusieurs rivières? Le nouveau panneau d’instrumentation TFT, par contre, n’a rien d’un détail. Adieu l’élément vieillot et peu valorisant de l’ancienne génération. Kawa dote sa Z650 d’un élément très moderne, parfaitement lisible et très simple d’utilisation. Malheureusement, pour naviguer, le commodo au guidon a été oublié. Dommage.

D’une taille de 4,3 pouces, cet élément en couleur offre – outre les indispensables vitesse, régime moteur et température du liquide de refroidissement – un signal de changement de vitesse, un indicateur de rapport engagé, une jauge, un témoin de conduite économique, l’horloge ainsi qu’un choix entre, d'une part, trip A, B ou odomètre et, d'autre part, l’état de la batterie, la consommation instantanée, la consommation moyenne, l’autonomie, la vitesse moyenne ou le temps écoulé depuis le départ. En fait, comme sur la Z900, seule manque la température extérieure car un rappel de service et de changement d’huile peut aussi être paramétré tandis que la luminosité de l’écran s’adapte automatiquement à la lumière ambiante sans oublier le choix, pour le fond d’écran, entre du blanc ou du noir.

Enfin, vu que nous sommes en 2020, la Z650 n’échappe pas à l’inévitable connectivité Smartphone. Grâce à une puce placée dans le panneau d’instrumentation, le motard moderne – jeune branché ou moins jeune tout aussi branché – pourra se connecter sans fil afin d’accéder à différentes fonctions. À commencer, bien évidemment, par un relevé des infos déjà disponibles sur le tableau de bord mais également des données GPS venant des trajets effectués, une notification d’appel ou de mail entrants ainsi que la possibilité de modifier les réglages via le téléphone portable en lieu et place du tableau de bord.

Valorisante

Si le style sugomi se veut le parfait exemple du design particulièrement clivant, on ne peut toutefois que constater la maturité affichée par la Z650 2020. Cette véritable machine de moyenne cylindrée ne rend, en effet, presque rien à ses grandes sœurs. Elle se montre très valorisante au niveau de sa stature, de ses dimensions, de sa finition ou de sa prestance générale. Notons de petits détails sympas comme le liseré des jantes ou les deux leviers réglables en écartement. Mais relevons aussi quelques petits manquements. Les valves ne sont pas coudées, le garde-boue a bien entendu – comme c’est désormais l’usage – été jeté aux orties, le porte-plaque ne s’avère pas des plus sexy et seuls trois coloris déjà vus et revus sont disponibles.

Au guidon, on enregistre un confort de bonne facture pour un roadster, avec une position de conduite agréable, vraiment pas typée sport. Avec une selle étroite dans sa partie frontale et dont la hauteur a été fixée à 790mm, la Z650 permet de poser les deux pieds très tranquillement au sol. Idéal pour un large public masculin et féminin.

Relativement grands et placés sur de longues tiges, les rétros permettent de bien surveiller ses arrières, l’embrayage assisté apporte toujours un confort apprécié par les «petites mains» tandis que le bas du dos pourra se caler contre le bas de la selle passager, comme si l’on avait placé un dosseret de selle passager. Dommage que ce bon bulletin soit pénalisé par des vibrations irritantes de 4.500 tours à 6.500 tours, soit la plage d'utilisation principale, sur les 2e, 3e et 4e rapports.

Quand on commence à titiller la zone rouge, on pourrait croire que ces vibrations tendent à disparaitre. Mais c'est surtout parce que l’attention se porte davantage sur la route. Heureusement, les vibrations s'estompent en 5e et 6e vitesses. Le cruising sur autoroute à 120 est sauf…

Performante

Au niveau des prestations, les performances du bicylindre parallèle de 649cc développant 68ch à 8.000tr/min se montrent très respectables. En passant de l’Euro 4 à l’Euro 5, ce bloc a bien sûr perdu en couple. Mais si peu: 64Nm à 6.700tr/min au lieu de 65,7Nm précédemment. Par contre, Kawasaki annonce des mi-régimes mieux remplis. Une déclaration très difficile à valider sur la route sans mesurer les deux machines côte à côte. Ce qui est certain, par contre, c’est que la Z650 s’extrait sans forcer de toutes les situations.

En ville, ce petit gabarit fera valoir sa légèreté ainsi que sa maniabilité pour explorer les centres engorgés. Rouler entre les files, digérer les ronds-points et rebondir sur les cassis ne posera aucun problème majeur. Sur les lacets campagnards ou, comme ici, sur les sinueuses routes espagnoles, l’amateur de conduite sportive pourra sortir ses sliders et opter pour un style de conduite beaucoup plus engagé.

Malgré une remise des gaz parfois un poil sèche à bas régimes et un petit creux avant que le couple n’arrive réellement vers 5.000 tours – évitez d’ailleurs de vouloir reprendre sous les 2.500 tours – les 68 chevaux répondront ensuite présent et offriront largement de quoi se faire plaisir à allure «raisonnable et presque légale». Ce caractère un peu timoré «en bas», la Z650 le doit à son calage de vilebrequin à 180°. Un choix qui ravira sans doute davantage un public large qu’une audience plutôt rock & roll.

Vous l’aurez compris, la Z650 met rapidement son pilote en confiance. Ici, pas de chichi technologique. Ni cartographies, ni contrôle de traction, ni quoi que ce soit. De la conduite pure, sans se faire peur. Et si, toutefois, un imprévu devait subitement vous barrer la route, vous pourrez compter sur un frein avant particulièrement mordant.

Conclusion

La Z650 est bien plus qu’une machine polyvalente: il s’agit d’un chaînon tout à fait essentiel dans le segment des Z, au cœur de la gamme Kawasaki. Un chaînon essentiel car, premièrement, son côté «multifonctions» lui permet de séduire les hommes comme les femmes, les jeunes comme les plus expérimentés ainsi que les sages et les sportifs. Une prouesse pas forcément à la portée de toutes les machines!

Un chaînon essentiel car, deuxièmement, elle se montre financièrement accessible. En effet, avec une tarification stratégiquement positionnée sous la barre des 7.000€, on retiendra évidemment davantage les points forts de la Z650 que ses petits défauts, même si certains se révèlent pourtant assez irritants.

Face à ce bilan très positif, il est étrange – et ce n’est pas une nouveauté – de constater que cette cylindrée ne se voit pas davantage exploitée par la concurrence… Excellente affaire pour Kawasaki.

Les up

– Moto polyvalente…

– …à prix modéré

– Frein avant costaud

Les down

– Trop de vibrations

– Parfois un peu sèche

– Creuse en bas

Prix de base: 6.999€

Consommation indiquée: 5,3l/100km

Disponibilité: immédiate