Motos à Bruxelles: une étude oui, une interdiction non!

Actualités Motos Julien Lahaye
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Vous avez peut-être vu passer l’info sur les réseaux sociaux ou à la télévision: le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale envisagerait à terme une interdiction des deux-roues motorisés sur son territoire! Cette annonce a bien évidemment suscité de nombreuses réaction parmi notre communauté motarde. Mais au fait, est-ce bien le cas? 

Cette nouvelle lubie concernant un éventuel bannissement des deux-roues motorisés de nos villes, nous la devons à une étude de TRUE (The Real Urban Emissions Initiative), publiée récemment par l’ICCT et baptisée « Remote sensing of vehicle emissions in Paris ». L’ICCT a mesuré les émissions de 180.000 véhicules roulant à Paris. Les résultats laissent perplexe: les deux-roues motorisés émettraient jusqu’à 10 fois plus de monoxyde de carbone et 5 fois plus d’oxyde d’azote qu’une voiture à essence. Toujours selon cette étude, les motos produiraient plus de CO qu’une voiture diesel et presque autant de particules fines. 

Ok, voyons cela de plus près. Cette «étude»  compare les motos aux normes applicables aux nouvelles voitures. Hors, prendre en compte une telle comparaison n’a tout simplement aucun sens, comme l’a déjà affirmé le Dr. Prof. Leonidas Ntziachristos de l’EMISIA (European Environment Agency), qui conclut que la méthodologie employée n’est simplement pas pertinente. En effet, cette étude ne prend tout simplement pas en compte un facteur extrêmement important: à l’inverse des 4 roues, les 2RM ne restent pas bloqués dans le trafic!

Notons également le fait que les cycles de test des motos diffèrent entièrement de ceux des voitures. Le numéro de la norme Euro n’a dans ce cas que peu de pertinence! FEBIAC souligne d’ailleurs que la norme Euro 5 entrera en vigueur pour les motos en 2020 et que le secteur des motos est soumis à une forte pression en ce qui concerne le respect des normes. L’industrie automobile a quant à elle eu besoin de bien plus longtemps pour franchir les étapes successives. La période de transition de l’Euro 4 à l’Euro 5 était de 5 à 6 ans pour les voitures, mais seulement de 4 ans pour les motos, et de 3 ans pour les cyclomoteurs! 

Philippe Dehennin, le président de FEBIAC, dénonce avec vigueur ce qu’il considère comme une nouvelle provocation : « Ce genre d’annonces simplistes et cyniques doivent cesser. Elles sont simplistes car elles stigmatisent une minorité d’usagers de la route et elles sont cyniques car il est admis qu’il suffirait que 10% d’automobilistes optent pour la moto pour que diminue la congestion de 40% . » 

Dès lors, on en est-on vraiment? Contacté par nos soins, le Cabinet de Philippe Close, Bourgmestre de Bruxelles, nous a assuré ne pas être derrière cette annonce, jugée incompréhensible. Il en va de même pour le Cabinet de l'Échevin de la Mobilité et des Travaux publics Bart Dhondt.

La réponse la plus pertinente nous provient du porte-parole du Ministre Maron, Ministre du Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale. «La DH tire des conclusions tout à fait personnelles et hâtives qui ne reflètent en rien l’état des discussions à ce sujet à Bruxelles. Il n’est pas question d’interdire la circulation des motos dans la Capitale. La seule chose qui est prévue, c’est une étude qui sera réalisée l’an prochain afin d’évaluer dans quelles mesures les motos contribuent à la pollution atmosphériques à Bruxelles et, le cas échéant, la nécessité (ou non) d’élargir la Low Emission Zone à certaines catégories de motos (les plus anciennes et les plus polluantes).» 

Nous voici rassurés… pour le moment!