Le Pirelli Angel ST devient GT avec comme objectif de vous offrir plus longtemps autant d’adhérence sur le sec que sur le mouillé. A l’aide d’une recette bien gardée…
En 50 ans de moto, j’en ai fait des choses. Des normales, des un peu spéciales, d’autres hors du commun et même parfois «borderline», mais je n’avais jamais imaginé rouler sur un porte-avion! Et pourtant, c’est ce que m’a proposé Pirelli pour le lancement de son nouveau Angel GT. Le manufacturier transalpin avait, ni plus ni moins, réquisitionné un navire de guerre de la marine italienne pour permettre à la presse mondiale de découvrir son nouveau produit en parcourant à trois reprises un pont d’envol mouillé par l’arrosage automatique anti-NBC (retombées radioactives). Test plus folklorique qu’efficace convenons-en car le pont d’envol d’un porte-avion affiche un coefficient d’adhérence de 0,9 contre 0,6 pour une route normale, soit 50% supplémentaires. Le risque n’était donc pas grand. Bon, comme vous le lirez plus loin, cela m’a permis de visiter un navire de guerre et d’y loger. Mais revenons à nos moutons…
Répartition de la chaleur
Le cahier de charge des ingénieurs italiens était de proposer une durée de vie plus longue à l’Angel ST tout en conservant les qualités propres à ce pneumatique. La forme et le dessin ont été légèrement remaniés. D’abord la forme, plus ronde sur la bande de roulement, question de réduire son empreinte au sol en longueur de 6% mais de l’augmenter en largeur de 15%. Un choix qui d’un côté diminue la chaleur et de l’autre la répartit sur une plus grande surface de roulement. Donc, l’usure de la gomme est moindre et plus constante. Côté dessin, tant pour l’avant que pour l’arrière, les canaux sont plus en flèches, les sculptures du pneu arrière étant un peu plus espacées qu’auparavant, de manière à mieux disperser l’eau.
Bi-gomme
Seul l’Angel GT destiné aux roues arrière associe deux types de gomme. Si les flancs sont à 100% constitués de silice, le centre de la bande de roulement associe silice, résines et carbone, une nécessité liée à l’ambition d’augmenter au maximum la longévité. Les responsables de Pirelli annoncent une durée de vie de 13.000km pour un pilote à la conduite sportive normale (normale, pas extrême s’entend!). Soit 30% de plus que la version précédente. L’avant, unigomme, réalisé uniquement à base de silice, est prévu pour couvrir 16.000 bornes dans de mêmes conditions de roulage. Un objectif atteint également par l’emploi d’une carcasse 60% plus rigide et directement dérivée de l’expérience acquise au Mondial Superbike.
Naturellement, le lendemain de la balade sur le porte-avion, en seulement quelques tours sur le circuit intérieur de Nardo, au centre de l’ovale qui permet d’établir les records mondiaux de distance et de vitesse, il ne m’a pas été permis de juger du bien fondé de cette longévité. Par contre, un test center allemand indépendant a constaté que, face à une panoplie d’autres produits de marque, le kilométrage de l’Angel GT était le plus élevé des pneus Sport Touring. On verra plus tard, dans le cadre d’un essai routier longue durée, ce qu’il en est réellement. Néanmoins, l’heure passée à Nardo au guidon de différentes motos m’a permis de constater la constance de ces pneus. Pas une seule dérobade ou amorce de glissade. Une excellente traction et un répondant efficace au freinage à des allures vraisemblablement plus élevées que celles adoptées par l’ensemble des motards au vu des limitations de vitesse de nos pays européens.
Une expérience qui se confirmait quelques jours plus tard sur les routes corses au guidon de la grosse Ducati Diavel Strada montée d’origine en Angel GT (essai à lire dans le présent Moto 80). Décliné dans toutes les dimensions habituelles, ce Pirelli est déjà disponible dans le réseau. Quant à son prix, un peu plus élevé qu’auparavant, je vous laisse discuter avec votre concessionnaire habituel puisque ce marché est sujet aux remises les plus diverses!
Un essai signé Philippe Borguet et publié dans le Moto 80 n°750.