SWM Gran Milano Outlaw: la «fugitive» a du répondant

Essais Motos Bernard Dorsimont
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Bien que riche d’un glorieux passé, la marque italienne SWM est pratiquement inconnue de la génération actuelle des amateurs de deux-roues. Disparue du paysage pendant près de trente ans, elle renaît en 2014 grâce à l’aide de capitaux chinois. L’expérience et le génie transalpin d’un côté, le sens des affaires et la puissance industrielle asiatique de l’autre. Font-ils bon ménage? L’essai de la Gran Milano Outlaw 500 apporte une première réponse.

Après les modèles Gran Turismo, Gran Milano et Six Days, cette Outlaw est la dernière-née de la gamme Classique développée par le département SWM Garage. Pensée selon le concept «Urban Scrambler» actuellement en vogue, elle affiche d’abord un look soigné et sympa.

Grand guidon, double sortie d’échappement relevée, selle surpiquée, optiques et clignos au design travaillé, pneus à crampons… elle a tout pour séduire le jeune aventurier des villes.

Lorsqu’on la détaille d’un regard plus attentif, on est même surpris par sa qualité de fabrication. Quelques points ici et là font encore tâche, comme les soudures des pots d’échappement ou le barillet de contact d’aspect bon marché, mais dans l’ensemble, ce n’est pas mal du tout.

Le monocylindre de 445cc est à la base un moteur Honda revu et produit par le groupe chinois Shineray. Doté d’un simple arbre à cames en tête et de quatre soupapes, il est annoncé pour 30ch à 7.000tr/min, se voit refroidi par air et huile, comme à l’ancienne, ce qui permet d’apprécier visuellement ses ailettes, et dispose d’une boîte à cinq rapports. Afin de satisfaire aux normes Euro 4, il est aujourd’hui alimenté par une injection.

Les suspensions se répartissent en une fourche inversée de 47mm et un combiné d’amortisseurs, chacun réglable en compression et détente. Preuve que SWM n’a pas fait que confier les clés de la marque à un partenaire étranger mais entend, au contraire, contrôler la qualité des équipements : le freinage est confié à des étriers Brembo et les pneus sont des Pirelli Scorpion STR. L’éclairage est aussi full LED et au final, l’Outlaw surprend agréablement par la qualité de sa finition.

Vif et volontaire

Une fois installé au guidon, on découvre un petit compteur digital très simple qui affiche la vitesse, le nombre de tours minute (difficilement visible sur le pourtour) et via un petit commutateur sur la gauche du compteur, le choix entre l’affichage d’un odomètre, d’un trip partiel ou de l’heure. Par contre, on dénote l’absence de rapport engagé et, surtout, de jauge à essence, seul un témoin de passage en réserve étant prévu.

L’Outlaw n’est pas très haute et on pose facilement les pieds à plat sur le sol. Bien installé sur une selle épaisse et confortable, on agrippe le grand guidon pratiquement droit qui tombe bien en main et on découvre un dernier petit raffinement avec le levier de frein réglable en écartement. Tout s’annonce sous les meilleurs auspices tant que l’on n’a pas touché au récalcitrant barillet de contact. On finit toujours par pouvoir tourner la clé mais il faut souvent s’y reprendre à plusieurs fois. Un peu énervant et à revoir.

Le moteur s’ébroue sans problème au coup de démarreur et émet un son assez agréable. Les commandes se révèlent dans l’ensemble très douces et un peu curieux de voir ce que cela va donner, on s’élance dans la campagne brabançonne pour vérifier si cette «Outlaw» mérite vraiment ce qualificatif qui désigne, aux USA, un hors-la-loi ou un fugitif.

Première impression: le petit monocylindre se montre volontaire et relance avec entrain à chaque rotation de la poignée. On a même peine à croire qu’il n’affiche que 30ch sur sa fiche technique. Par rapport à la Mash 6.5 essayée il y a peu, il n’y a, en tout cas, pratiquement pas de différence et je donnerais même un petit avantage en vivacité à la SWM. Bonne surprise aussi pour les vibrations uniquement présentes dans le haut du compte-tours.

Sur les petites routes, ce moulin s’avère largement suffisant et son caractère joyeux vous met de bonne humeur. Il ne faut pas trop lui en demander non plus et sur un grand bout droit dégagé, nous parvenons à peine à dépasser les 150km/h au compteur. Mais l’autoroute ou les espaces rectilignes ne constituent certainement pas sa vocation et ce mono préfère plutôt les milieux urbains où son répondant peut s’exprimer.

Avec un bémol toutefois car, sous les 3.000tr/min, il a une fâcheuse tendance à cogner. Il est donc nécessaire de le maintenir un peu dans les tours et de jouer souvent de la boîte. La balade tranquille dans les bas régimes, il n’aime pas. De ce côté-là, il a bien un caractère d’Outlaw!

Suspensions étonnantes

Nous empruntons maintenant de petites routes en pavés où les inégalités et compressions diverses règnent en grand nombre. Et à notre grande surprise, les suspensions de marque Fast Ace se montrent efficaces. Combinées à la selle large et moelleuse, elles offrent un confort très acceptable qu’on n’attend pas spécialement sur une petite machine de ce type.

Par contre, comme on pouvait espérer avec du Brembo, le freinage est puissant et endurant et pourvu de l’ABS à l’avant comme à l’arrière. Les Pirelli accrochent bien, eux aussi, mais le choix d’un large pneu à l’avant n’est peut-être pas le meilleur. Avec une chasse semble t-il assez fermée, il donne un ressenti pas très net lors du déclenchement du virage. Au début, on éprouve une petite résistance lors de la mise sur l’angle avant que, d’un coup, la moto ne bascule plus franchement. Pas vraiment gênant mais un peu perturbant quand même et dommage parce pour le reste, l’Outlaw tient bien sa ligne une fois engagée dans la courbe.

Il faudrait essayer la moto avec un pneu avant différent pour en avoir le cœur net. Autre petite remarque: j’ai noté un rayon de braquage trop limité, ce qui n’est pas l’idéal en ville alors qu’il s’agit là d’un des terrains de jeu favoris de ce petit roadster. Enfin, le tube d’échappement côté droit vient un peu empiéter sur l’espace réservé au pied et impose de le tenir légèrement de travers sous peine de se brûler les semelles. La boîte et l’embrayage sont, par contre, agréables et les cinq rapports brillent par leur étagement.

Conclusion

De petits détails de finition à améliorer ici et là, un moteur qui cogne un peu sous les 3.000tr/min et un pneu avant au joli dessin mais peut-être un peu large pour procurer des entrées en virages bien nettes: voici les défauts relativement mineurs pour cette Outlaw.

Cette moto constitue donc une bonne surprise. Ce petit roadster a du charme et même si on est déjà un motard expérimenté, au quotidien, on reprend chaque fois son guidon avec plaisir. Le partenariat avec la Chine fait souvent craindre une qualité moyenne mais ce n’est assurément pas le cas avec la Gran Milano Outlaw dont la production est d’ailleurs toujours réalisée en Italie, avec des contrôles de qualité bien présents.

Un moteur éprouvé, vif et joyeux à condition de le maintenir dans la plage de régime supérieure, des suspensions efficaces, un confort étonnant et un très bon freinage font de l’Outlaw une machine qui mérite le détour d’autant qu’elle se négocie à seulement 5.790€. Une offre intéressante pour le package proposé.

Les up

– Rapport budget/prestations

– Look soigné et trendy

– Accessibilité-polyvalence-confort

Les down

– Moteur un peu rugueux dans les bas régimes

– Manque de netteté à l’inscription en virage

– Barillet de contact à revoir/réseau encore à ses débuts

Prix de base: 5.790€

Prix de la moto essayée: 5.790€

Consommation: NC