110KM entre Ardennes et Champagne – La route du Porcien

Balades à moto Tourisme P.Bonamis J.Berghmans
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Le Porcien, vous connaissez? Pas sûr, même si vous l’avez certainement déjà traversé pour relier Couvin à Reims. Cette petite région naturelle fait en quelque sorte la jonction entre les crêtes pré-ardennaises, au sud de Charleville, et la Champagne. Un coin paumé et très rural où les motards hexagonaux ne vont pour ainsi dire jamais. Les lieux ne manquent pourtant pas d’intérêt…

Comme nous l’avions déjà fait par le passé, lors de notre BBB consacrée aux églises fortifiées de Thiérache, nous nous sommes librement inspirés, pour concocter cet itinéraire, de la «Route touristique du Porcien», un circuit balisé mis en place par le CDT (Comité Départemental de Tourisme) du département des Ardennes. Le point de départ n’est autre que l’aimable bourgade de Signy-l’Abbaye, que les habitués de nos balades connaissent bien. Pour les autres, c’est on ne peut plus facile à trouver. À Couvin, continuez plein sud vers la frontière. Au Brûly, chopez la D985 direction Rethel et continuez tout droit – enfin, façon de parler, parce que la route tournicote agréablement – et vous ne pourrez faire autrement qu’arriver à Signy-l’Abbaye. Depuis Bruxelles, comptez 1h30 pour être peinard. Inutile d’allumer les flashs des flics hexagonaux. La 985 est maintenant dotée de radars fixes, souvent signalés mais la gendarmerie n’hésite pas à s’embusquer à l’occasion avec des bagnoles banalisées. On en a vu! Donc, calmos, surtout que le temps où les PV français n’arrivaient pas chez nous est définitivement révolu! Revenons maintenant au Porcien et à l’origine de ce nom. C’est probablement dû au passage de bac, ou portus, qui permettait de traverser l’Aisne à l’emplacement actuel de Château-Porcien que la région doit sa dénomination. À l’époque romaine, en effet, un axe routier partait de Reims vers le nord et franchissait la rivière à cet endroit.

Une halle et un château

Notre itinéraire emprunte la plupart du temps de toutes petites routes, parfois bien étroites. Attention aux traces de boue laissées par les tracteurs. Soyez aussi attentifs au road-book: ne suivez pas aveuglement le fléchage «Route du Porcien», d’abord parce que certains panneaux ont disparu, ensuite parce que, nous l’avons dit, le parcours que nous vous proposons s’écarte à certains moments du tracé prévu par le CDT. Au départ de Signy-l’Abbaye, on commence par mettre la cap au sud, vers Lalobbe et sa cidrerie artisanale (cidrerie Capitaine). La boutique est ouverte 7 jours sur 7 et l’accès est fléché. Aucune raison donc de ne pas ramener «l’une ou l’autre» bouteille dans ses valises, que l’on savourera au retour, une fois la boutanche bien refroidie… Mais ne traînons pas. Nous avons à peine parcouru 5 bornes depuis le départ et les routes aimablement sinueuses invitent à rouler! À Wasigny, une averse nous surprend. Nous trouvons refuge sous la halle (voir encadré) où nous rencontrons une cycliste, originaire de la région d’Eupen, en route pour Saint-Jacques-de- Compostelle. Et dire que nous recevons parfois des courriels de lecteurs inquiets nous demandant s’il est «envisageable» de faire nos BBB avec une 500cc, qu’ils «craignent de trouver un peu juste…». Ou les dégâts du marketing à outrance… Passons.

Quelques coups de gaz plus tard, nous arrivons au château de Doumely. Entrée prudente. Les lieux sont manifestement privés, ce qui n’empêche pas les propriétaires de nous accueillir avec beaucoup de gentillesse et de nous raconter le coup de cœur qu’ils ont eu, jeunes mariés, pour ce bâtiment chargé d’histoire, avec lequel de leur propre aveu, «ils n’en auront jamais fini…»

On poursuit vers Chaumont-Porcien, localité que nous effleurons à peine et qui doit son nom à la présence d’une colline nue ou «mont chauve», sur laquelle une chapelle baroque rappelle le souvenir d’une abbaye aujourd’hui disparue. Entre-temps, le soleil a fait sa réapparition et il commence à faire chaud sous les casques. Nous marquons la pause à Rocquigny, à la terrasse du «Saint-Christophe», le bistrot de la localité. Le timing n’est pas trop serré et on se laisse aller à paresser au soleil. Refaire le monde avec ses potes, ça aussi ça fait partie du plaisir de la balade, non? On en vient à parler de Jean Mermoz, figure de proue de l’Aéropostale dans l’entre-deux-guerres, qui, enfant, a vécu ici et dont la place du village porte le nom… On se remet en route vers les sommets du Porcien qui, bien que modestes, dominent la vallée de l’Aisne et nous offrent de vastes panoramas. Par ici la circulation est quasi inexistante, les virages nombreux et l’on se régale d’une conduite à l’instinct, sans devoir perpétuellement surveiller son tableau de bord. Peu à peu le paysage s’ouvre et annonce la Champagne… Mais point encore de vignes à l’horizon. Elles sont plus au sud vers Reims et Epernay.

Église hors du commun

À Asfeld, on rejoint des contrées plus fréquentées et, l’heure avançant, nous cherchons un endroit où casser la croûte. Las, point de nourriture terrestre ici, du moins à l’heure et au jour de notre passage. Rien que des nourritures spirituelles, avec l’étonnante et très vaste église Saint-Didier, au style baroque un peu incongru dans cette région si rurale… Jetez-y au moins un coup d’œil. Il s’agit d’un édifice unique en France et probablement dans le monde puisque cette église tout en briques présente la forme d’une viole de gambe, ancêtre du violoncelle! Ceux que l’histoire de la musique et le salut de leur âme laissent froid seront déjà sur la D 926, en train d’angler en direction de Rethel. Cet axe routier au relief peu marqué fait la part belle aux courbes moyennes, ce qui permet de se faire plaisir sans débouler à des vitesses hautement prohibées. On coupe quand même dans la traversée de Château-Porcien, toujours en quête d’un de ces petits menus dont l’Hexagone a le secret. Là, on a dû mal regarder, parce qu’on n’a rien trouvé. Mais nous devons à l’honnêteté de dire que nous n’avons pas quitté la départementale qui traverse la localité. Tant pis! C’est finalement à Rethel, dans un petit restau bien sympa découvert par Tché, notre gourmand photographe, alors qu’il prenait quelque clichés bucoliques des bords de l’Aisne, que nous trouvons notre bonheur. Pas d’andouillette (notre péché mignon!) au menu du jour mais un excellent boudin blanc de Rethel qu’il serait vraiment dommage de ne pas goûter en passant par ici! Et les salaisons ardennaises proposées en entrée n’étaient pas mal non plus…

On remonte paresseusement sur les motos à la fin du repas… Ça sent l’écurie: il ne reste plus que quelques bornes (plaisantes) à parcourir en direction de Sorbon d’abord, minuscule village où naquit Robert de Sorbon, fondateur de la célèbre Sorbonne parisienne, et de Rocroi ensuite pour boucler la boucle à Signy-l’Abbaye. Nous voulions nous enfiler le petit dernier pour la route au Gibergeon mais pas de chance, c’était exceptionnellement fermé. Nous avons donc été écluser le verre de l’amitié au centre ville de Rocroi, devant une autre belle halle ancienne, qui vaut bien celle de Wasigny! Voilà! Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à parcourir cet itinéraire que nous en avons eu à le reconnaître. D’accord, ce n’est pas la Route Napoléon ou la Deutsche Alpenstrasse mais c’est bien sympa quand même et idéal pour se remettre en jambes en début de saison. Bonne route et prudence, toujours!

Arrêts gourmands

Le Gibergeon

Ah, le Gibergeon! Combien de fois n’avons-nous pas béquillé nos bécanes devant la porte, toujours heureux d’y revenir? Ce bar-restau sans aucune prétention nous a toujours réservé un bon accueil et pratique des prix depuis longtemps révolus chez nous. Bref, le «camp de base» idéal pour cette balade. Et pour achever de plaire, la boulangerie à côté vend des croissants vraiment top. Des vrais croissants de France… En Belgique, très rares sont les boulangeries qui vendent des croissants dignes de ce nom, il faut bien le reconnaître.

Le Gibergeon, Place de l’Eglise, 7 à 08460 Signy-l’Abbaye. Tél.: +33 (0)3 24.52.80.90. www.gibergeon.fr

Régal et Vous

C’est le hasard qui nous a fait dénicher cette adresse rethéloise. Et le hasard a bien fait les choses! Sous un abord un peu rébarbatif – le restau est installé dans un moche petit centre commercial le long de l’Aisne – cet établissement propose une cuisine revigorante, un accueil sympa, un service diligent et des prix raisonnables. Profitez de votre passage pour goûter le fameux boudin blanc, spécialité de la ville (plat à 11,00€). Vous nous en direz des nouvelles!

Regal et Vous, boulevard de la 2e Division d’Infanterie, 3 à 08300 Rethel. Tél.: +33 (0)3.24.38.24.13.