Balade au pays des bulles, 240KM à travers le vignoble champenois.

Balades à moto Tourisme P.Bonamis J.Berghmans
Partager

La Champagne, on l'a déjà tous traversée pour se rendre en vacances dans le Sud, la plupart du temps sans y prêter la moindre attention. Grave erreur que les BBB se proposent de réparer en vous emmenant pour 240km de balade au départ de Reims…La Champagne, on l'a déjà tous traversée pour se rendre en vacances dans le Sud, la plupart du temps sans y prêter la moindre attention. Grave erreur que les BBB se proposent de réparer en vous emmenant pour 240km de balade au départ de Reims…La Champagne, on l'a déjà tous traversée pour se rendre en vacances dans le Sud, la plupart du temps sans y prêter la moindre attention. Grave erreur que les BBB se proposent de réparer en vous emmenant pour 240km de balade au départ de Reims…

Vous vous en êtes aperçus, amis lecteurs, les BBB prennent un peu de champ et s'éloignent légèrement du concept originel de «Belle Balade Belge», ceci pour la bonne raison que la Wallonie est un mouchoir de poche que nous avons battu et rebattu en tous sens. Le mois dernier, nous sommes partis en Allemagne, à la découverte de l'Eifel des volcans. Et cette fois, c'est vers le département de la Marne que nous mettons le cap. Les destinations se faisant plus lointaines, il devient problématique, et surtout peu agréable, de prévoir ce genre d'escapade sur une seule journée. Le mois dernier, nous vous avions dégotté un petit hôtel sympa sur l'itinéraire. Et ce mois-ci aussi, nous avons choisi de prévoir une nuit d'hôtel, au départ de notre parcours. Nous nous sommes rabattus sur un établissement d'une grande chaîne hôtelière. Mais il va de soi que Reims et sa région proposent toutes sortes d'hébergements: du Formule 1 à l'établissement de luxe, en passant par la chambre d'hôtes campagnardes, il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Cette mise au point étant faite, rendez-vous au Campanile de Reims-Tinqueux, idéalement placé à la sortie ouest de la grande cité champenoise, pour le début des festivités. Que les distraits n'oublient pas de faire le plein, car les possibilités de ravitailler ne seront pas légion si l'on reste sur la «trace» que nous avons repérée pour vous.

 

Montagne de Saint-Thierry

Qu'il fait bon rouler dans la fraicheur de ce début de matinée! La journée s'annonce belle et la campagne champenoise exhale des odeurs d'herbe détrempée et de terre qui ravissent les amateurs de nature que nous sommes. Les premiers kilomètres de l'itinéraire suivent à peu près la «Route Touristique du Champagne» mais s'en écartent à certains moments. Gaffe au GPS! Les petits villages du Massif de Saint-Thierry, au nord-ouest de Reims, semblent avoir été répartis un peu au hasard dans ce coin de Champagne assez vallonné. Très vite, les premières vignes font leur apparition et l'on retrouve leur traditionnelle odeur soufrée. Pas encore la moindre touche de vert dans les vignes – notre reconnaissance à eu lieu à la mi-avril – mais partout, les vignerons sont à l'ouvrage et le vignoble se voit piqueté des taches colorées de leurs fourgonnettes, parfois maculées d'une bonne couche de poussière crayeuse. Dans cette région, les petits villages ont l'air encore bien vivants: ici on entend les cris des gosses à l'heure de la récré, alors que là-bas, c'est une bonne odeur de pain sorti du four qui vient nous chatouiller les narines. On déguste tout cela à petites gorgées sans se presser, sur des routes assez sinueuses. Particularité locale: les départementales qui traversent les villages dans leur axe principal comportent de nombreux panneaux «stop». Et les locaux s'arrêtent… Faites donc de même, tout le monde s'en portera mieux. Nous accordons une mention spéciale au sympathique petit village de Trigny pour son bar à vin et restaurant «L'Épicurien» (voir les «Arrêts gourmands») qui nous ont laissé une très bon souvenir. Toujours sympa de discuter le coup avec quelques anciens attablés devant un petit blanc local… Sauf qu'ici, c'est du champagne, évidemment!

Cette boucle de Saint-Thierry se termine par une incursion sur l'ancien circuit de Reims, un tracé ultrarapide qui accueillait les Formule 1 dans les années 50 et sur lequel on a couru jusqu'au début des années 70. Les bâtiments subsistants (tribunes, stands…), jadis abandonnés, ont été restaurés par des passionnés. Pour en savoir plus sur ce site assez extraordinaire, reportez-vous à notre BBB du mois de juillet 2015 qui se terminait en ces lieux (Moto 80 n°776). Notre itinéraire vous fait passer par la ligne droite qui empruntait la Nationale Soissons-Reims, avant de bifurquer à droite par le célèbre virage de Thillois, aujourd'hui transformé en giratoire. Sic transit… Notre itinéraire évite ensuite le village de Gueux pour retrouver le vignoble en pénétrant sur le territoire du Parc Naturel Régional de la Montagne de Reims, au sud de la ville.

 

Phare au milieu d'une mer… de vignes

Les localités, reliées par de petites départementales à l'abri des radars (mais pour combien de temps encore?), se succèdent: Vrigny, Ville-Dommange, Sacy, Chamery, puis Nogent et Sermiers. À hauteur de Villers-Allerand, nous traversons la grosse D951 qui relie Epernay à Reims: à fuir comme la peste vu qu'elle est littéralement truffée de pompes à fric particulièrement vicieuses. Passons… et revenons au terroir champenois: le vignoble de la Montagne de Reims comporte nombre de parcelles appartenant à de très grandes maisons de champagne comme Veuve Clicquot, entre autres… Ici, on est vraiment au cœur du sujet! Les horizons sont plus larges, avec la ville de Reims que l'on aperçoit au loin mais le plaisir du pilotage est aussi au rendez-vous avec de belles courbes et un relief assez marqué. À un point tel que nous avons failli manquer le phare de Verzenay, qui mérite pourtant une halte et quelques mots d'explication…

Créer un phare au milieu des vignes, telle a été l'idée d'un certain Joseph Goulet, fils du fondateur des magasins à succursales Goulet-Turpin qui, bien plus tard, allait lancer la première épicerie libre-service en France (1948) et le premier supermarché français (1958). Héritier de l'affaire de ses parents, qu'il développe et fait prospérer, Joseph Goulet crée sa propre maison de champagne en 1909 et décide d'associer sa marque à une ambiance de fête. Et pour faire parler d'elle, il construit un phare sur une butte, jouxté d'un restaurant et d'une guinguette qui n'allaient pas tarder à devenir le lieu de rencontre des Rémois et des Sparnaciens (habitants d'Epernay). Une réalisation étonnante, aujourd'hui restaurée mais qui a bien failli disparaître avant d'être rachetée par la commune de Verzenay en 1987. Les lieux se visitent et abritent un intéressant écomusée de la vigne. Et du haut de la tour, dont on atteint le sommet après avoir gravi 101 marches, on bénéficie d'un panorama superbe (infos, heures d'ouverture et tarifs sur www.lepharedeverzenay.com). Après cette pause historico-contemplative, nous reprenons les motos pour contourner la Montagne de Reims par l'est. Peu à peu, les parcelles de vignobles se font plus petites et, oserait-on dire, moins oppressantes. Le paysage gagne en variété. On passe successivement par Verzy, Villers-Marmery, Trépail et Vaudemange avant d'atteindre Bouzy, connu pour son excellent vin rouge non pétillant – une singularité en cette région vouée aux bulles – avant de rejoindre la vallée de la Marne à hauteur de Mareuil sur Ay.

 

La Côte des Blancs

Quelques kilomètres «de transition» nous permettent de rallier Pierry, dans la banlieue sud d'Epernay – possibilité d'essence en grande surface – avant de partir musarder sur la D9 qui est l'axe central de la Côte des Blancs, une autre région fameuse du vignoble champenois. La région est tout à fait charmante avec un coup de cœur pour Oger, un village typiquement viticole, superbement fleuri à la belle saison et qui s'enorgueillit d'un étonnant «musée du mariage», créé en 1994 par un couple de passionnés. La collection regroupe une multitude d'objets des XVIIIe et XIXe siècles dont des «globes de mariage», un objet-souvenir qui indiquait jadis, par son contenu, le rang social de la famille (www.oger-en-champagne.com). Autre village où il fait bon s'arrêter, Vertus est la première commune de Champagne dans le département de la Marne avec 500 hectares plantés, et la deuxième de toute la Champagne après Les Riceys. Vertus est aussi le berceau de l'une des dernières grandes maisons de champagne familiales et indépendantes: Duval-Leroy, présente sur la commune depuis 1859. La petite ville est une localité assez importante qui a aussi le mérite, capital pour nos estomacs affamés, d'abriter plusieurs restos.

Désaltérés et l'estomac bien calé, nous quittons momentanément les vignobles pour mettre le cap sur des étendues plus boisées. Moins fréquentées, les routes ne sont pas avares en plaisir de pilotage, ni en découvertes. Là, c'est un château majestueux – celui de Montmort-Lucy – qui se profile à l'horizon. Ici, du côté de Condé-en-Brie, c'est la craie, emblématique de la Champagne, qui affleure à flanc de coteau, à quelques centaines de mètres de la route… À Dormans, que nous atteignons après une série de courbes moyennes réjouissantes, nous revenons dans la vallée de la Marne, qui coule en direction de Paris, c'est-à-dire plein ouest… Et nous renouons avec le vignoble! Notre cap s'infléchit à présent vers l'est et Châtillon-sur Marne, localité qui a vu naître, en 1040, Eudes de Châtillon, plus connu sous le nom d'Urbain II, le pape qui fut à l'origine de la première croisade. Sa statue colossale (33m de haut!) se voit de très loin. Le site est très agréable car il offre un joli panorama sur les vignes et villages des alentours. Il y a aussi une table d’orientation pour ceux que ça intéresse… Le cap des 200 bornes est à présent derrière nous. Une dernière incursion dans les vignes pour aller tournicoter du côté de Baslieux, Cuchery et Fleury-la-Rivière et nous dégringolons vers les bords de Marne où se termine cette virée champenoise, à quelques kilomètres à l'ouest d'Epernay. Bonne route et prudence, toujours!

 

La Champagne

Des vins et un terroir hors du commun

Le Champagne est l'une des fiertés de la France, et à juste titre. Vin de fête et des grandes occasions, il possède une personnalité à nulle autre pareille. Cédric de Wilde, sommelier et animateur de l'ASBL «Plaisir Goût Vin» à Grand-Leez (Gembloux), nous explique pourquoi.

Le vignoble de Champagne est un vignoble unique parce que l’on y produit des vins effervescents d’exception qui sont consommés partout dans le monde. «Mais la Champagne, c'est aussi un terroir très singulier, composé d’une mince couche de terre sur un substrat de craie qui joue un rôle important de régulateur hydrique. La Champagne est le vignoble le plus septentrional de la France, situé sur les rives de la Marne avec comme ville principales Reims et Epernay.» Le climat est de type continental avec des hivers qui sont généralement froids et des printemps incertains. La Champagne est subdivisée en cinq régions de production: Montagne de Reims, Vallée de la Marne, Côte des Blancs, Côte de Sézanne et Côte des Bars (Bar-sur-Seine et Bar-sur-Aube). Le champagne est produit à base de trois cépages: le Pinot noir, le Pinot meunier et le Chardonnay. Le champagne traditionnel est élaboré en règle générale avec ces trois cépages. Le champagne «Blanc de Blancs» est composé uniquement de Chardonnay et le champagne «Blanc de Noirs» uniquement de Pinot (noir & meunier). On y produit  également en Champagne, dans de moindres proportions, deux autres vin dits «tranquilles», c'est-à-dire non effervescents: le Coteau Champenois, d'une part, et le Rosé des Riceys à base de Pinot (noir & meunier) d'autre part. «L'ASBL "Plaisir Goût Vin" a pour objectif la mise  en valeur des vins de qualité, les vins qui font le bonheur du palais sans nécessairement trouer le portefeuille. Elle s'attache à dénicher les vrais produits du terroir que l’on trouve chez le producteur et qui expriment tout le savoir-faire de l’artisan. Depuis le mois de septembre 2013, l'association organise des cours d’œnologie basés sur la découverte et l’apprentissage des principes de la dégustation. Ces cours sont dispensés à Grand-Leez, à quelques kilomètres de Gembloux».

Plus d'infos sur www.facebook.com/PlaisirGoutVin.

 

Arrêts gourmands

– La ville de Reims a beau ne pas être la préfecture du département de la Marne (elle laisse cet honneur à Châlons-en-Champagne, distante d'une quarantaine de kilomètres), elle n'en possède pas moins des offres d'hébergement bien plus nombreuses et variées. Nous avons joué la carte de la simplicité et de l'efficacité, à défaut de celle du charme, en optant pour l'hôtel Campanile de Reims-Tinqueux, idéalement situé à la sortie ouest de Reims, au début de notre itinéraire. Un établissement sans reproche, bon accueil, chambres correctes, petit-déjeuner idem. Pas grand-chose à en dire…

– Pour prendre l'apéro, par contre, on vous a dégotté un bistro-restau de village comme on n'en fait plus. Il est situé à Trigny, sur la boucle nord qui marque le début de notre itinéraire, et s'appelle l'Épicurien. Tout un programme! Accueil supersympa du patron, natif du coin, et de sa compagne… australienne. Moto oblige, nous n'avons goûté que très, très modérément au champagne local, pourtant excellent. Possibilité de se restaurer à prix démocratiques – les suggestions au tableau avaient l'air bien alléchantes – tous les midis du mardi au vendredi et le vendredi soir sur réservation. Bar ouvert tous les jours de 7h à 14h et de 16h à 21h, voire 23 h. Plus d'infos sur la page Facebook.

L'Épicurien, place de la Mairie, 4 à 51140 Trigny. Tél.: 00/33(0)3.26.08.95.47.

– À l'heure de la pause-déjeuner, nous nous sommes arrêtés à Vertus, à la pointe sud de la Côte des Blancs. Le restaurant «Le Café des Arts» nous a ravis de sa cuisine simple et savoureuse à prix très raisonnables. Menu du jour 3 services très recommandable à 14,50€, 1 boisson comprise ; plat du jour à 8,50€. À la carte: salades, steaks et… andouillette grillée sauce Chaource! Ouvert tous les jours sauf le dimanche et le lundi soir. Pensez à arriver tôt parce que l'endroit est très couru par les gens qui bossent dans le coin et autres habitués. La cuisine ferme à 14h pile. À bon entendeur…

Café des Arts, place Léon Bourgeois, 11 à 51130 Vertus. Tél.: 00/33(0)3.26.52.20.16, www.cafedesarts-vertus.fr.

– Pour boire le traditionnel pot de fin de balade, nous nous sommes arrêtés au «Bateau-Lavoir», à Damery, un café-restaurant traditionnel situé tout près du pont qui enjambe la Marne. L'endroit idéal pour un coup en terrasse, au bord de l'eau, ou presque, avant de reprendre la route…

Le Bateau-Lavoir, rue du Port-au-Bois, 3 à 51480 Damery. Tél.: 00/33(0)3.26.58.40.88, www.au-bateau-lavoir.com.