Pour les 100 ans de la «Grande Guerre»

Balades à moto Tourisme P.Bonamis J.Berghmans
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Cette année 2014 marque les 100 ans du début de la Première Guerre mondiale, un conflit d’une violence inouïe, particulièrement meurtrier, qui fit dire aux peuples d’Europe, en 1918, «plus jamais ça!». L’être humain étant ce qu’il est on sait ce qu’il en est advenu… On vous emmène pour une balade du souvenir de plus de 200 bornes.

Ce ne sont pas les lieux de mémoire qui manquent dès qu’il est question de la Première Guerre mondiale: l’Yser, la Somme, la Marne, Verdun, le Chemin des Dames… Mais pour y tracer un bel itinéraire de BBB, c’est pas vraiment coton. C’est trop loin, ou bien les routes manquent d’intérêt, ou bien que sais-je encore… Aussi avons-nous choisi de nous mettre en quête des traces de la Grande Guerre dans le département des Ardennes tout proche. Et là, surprise, le pays sedanais, que les amateurs d’histoire militaire connaissent surtout pour la percée allemande à Sedan en mai-juin 1940, recèle nombre de lieux de mémoire que nous nous proposons de vous faire découvrir. Et les Ardennes françaises, c’est aussi la certitude de dégotter des routes agréables, en bon état mais peu fréquentées. Z’avez déjà vu un Français qui passe ses vacances dans le 08 (c’est le n° du département des Ardennes), vous? Nous pas et c’est tant mieux. Aussi nous étions-nous fixé rencard à Gedinne, à un jet de pierre de l’Hexagone. Pour rallier cette aimable localité – que nous avions déjà visitée dans le cadre de notre BBB «Court-circuit» où il était question des circuits moto de Chimay, Gedinne et Jehonville – le mieux est de quitter l’E411 Bruxelles-Luxembourg à Achène (sortie n° 20 bis), d’emprunter la Route Charlemagne vers Philippeville et de l’abandonner après quelques  kilomètres pour rallier Dinant, d’où l’on mettra le cap sur Beauraing. La route reliant Beauraing à Gedinne est dans un état plus que correct pour une route wallonne et ses grandes courbes sont un vrai plaisir. On se méfiera seulement d’un éventuel radar dans la traversée de Vonêche. A l’entrée de Gedinne, à hauteur du Garage du Circuit, ne continuez pas vers Gedinne-Station, mais prenez à droite vers Gedinne-village. Vous emprunterez une partie du tracé du circuit de Gedinne. Une belle entrée en matière…

This point…

Gedinne, nous y voilà! Diable, pas moyen de trouver un troquet ouvert. C’est pourtant jour de marché… Et il est déjà 9h. Tant pis pour les bistrotiers gedinnois! De commun accord avec Serge, qui nous accompagne pour cette reconnaissance avec sa 1200 GS «à eau», on décide de s’arrêter au premier caboulot un peu sympa. Cap au sud, direction la Semois. Jaco et moi-même laissons filer Serge, manifestement «chaud boulette»… Nos Tigres respectifs, âgés de 12 et 10 ans, pourraient suivre vaille que vaille, mais sans notre noir matinal, notre humeur n’est pas à la performance… A Bohan, nous trouvons un café ouvert près du pont. Comme de coutume à la Semois, les Flamands et Hollandais sont en majorité. Même le cafetier vient d’Outre-Moerdijk… Cela dit, l’accueil est charmant et nous avons chacun droit à un miniverre d’Advokaat en prime. On se croirait presque en Batavie… Peu après Sugny, nos pneus poussent un «ouf» de soulagement en mordant le bitume français. 

Même si la France n’est pas actuellement dans la meilleure passe de son histoire (euphémisme…), force est de reconnaître qu’elle conserve plus qu’une longueur d’avance sur notre petit pays pour ce qui est de la qualité du réseau routier. A Saint-Menges, une «maison forte» criblée de trous d’obus nous voit passer au large: elle date de mai 40, pas de 14-18! Profitons de la traversée de Sedan pour faire le plein de «quatre-vingt-quinze» à la station d’un hypermarché, et roulons! Du côté de Wadelincourt, nous attend «This Point», le monument US marquant l’avancée extrême des troupes américaines lors de la Première Guerre mondiale. L’endroit est peu connu, mais hautement symbolique, puisque dans les derniers temps de la guerre 14-18, la participation américaine a joué un rôle déterminant dans la victoire finale. Quelques kilomètres plus loin, voici les cimetières français et allemand de Noyers-Pont-Maugis, des sites majestueux et aujourd’hui paisibles qui méritent d’être honorés d’une visite.

On continue en empruntant quelques départementales paisibles, où il fait bon rouler «à l’instinct», sans devoir surveiller sans cesse son compteur. Ces petites routes vous conduiront successivement à Thelonne, Bulson, Maisoncelle-et-Villers, Raucourt-et-Flaba. On passe à proximité de la Butte de Stonne. Au sommet de celle-ci on jouit d’une vue panoramique imprenable sur ce petit coin de France où blindés français et allemands s’affrontèrent en mai 1940… Première ou Deuxième Guerre mondiale, les terres de la région sont gorgées de sang… Nous avons goupillé notre itinéraire pour que vous arriviez vers l’heure de midi à Buzancy, où vous attend un de ces petits restaus sympa comme nous les aimons (voir nos «arrêts gourmands»). Et si vous êtes un peu tôt, buvez donc un (petit) coup à notre santé. Mais pas d’excès, hein, parce que l’après-midi, ça va continuer à tournicoter! En partant, jetez aussi un œil à la Maison du Cheval de Trait Ardennais…

Souvenir de Roland Garros

L’estomac lesté et le moral au beau fixe, nous poursuivons sous un beau soleil par les routes viroleuses jusqu’à Saint-Morel où nous nous mettons en quête de la stèle à la mémoire de Roland Garros, illustre pilote de chasse français de la Première Guerre mondiale. Dès 1913, l’homme réalisa la première traversée de la Méditerranée en avion, ce qui lui valut à l’époque une énorme popularité. Notre road-book vous amènera directement au bon endroit, mais nous avons un peu galéré pour la trouver, cette stèle. L’accès, au lieu-dit «Champ du Prêtre», en est pourtant fléché, mais nombre de panneaux ont disparu. Alors, nous avons fait comme dans le temps: demander notre chemin aux habitants. L’occasion d’échanges souvent enrichissants, même si des gros trails peuvent être un peu intimidants pour le profane. Du côté de Savigny-sur-Aisne, on se régale de l’une ou l’autre épingle, rares en cette région aux douces ondulations, avant de longer l’eau vers Falaise.
Nous approchons de la Nécropole Nationale de Chestres. Encore une fois, prenez le temps de béquiller et de souffler un coup. Quel calme sous les frondaisons et quelle majesté. L’ambiance est ici au recueillement et au repos… Nous reprenons les motos direction Vouziers. Gaffe à l’approche de la ville: les «boîtes à images» sont là et bien là! Aussi est-ce en respectant scrupuleusement les limitations que nous pénétrons dans Vouziers. La Grand-Place nous accueille le temps d’une consommation. Quel bonheur que de se prélasser et d’échanger ses impressions sous un bon soleil…
Ragaillardis, nous repartons plein nord: encore de nombreux virages au programme, sur des routes peu fréquentées et bien revêtues. Une certaine idée du bonheur motocycliste. A Flize, nous voici aux portes de Charleville-Mézières. Nous contournons la préfecture des Ardennes par Vrigne-sur-Meuse où serait tombé le dernier mort de 14-18, Augustin-Joseph Trébuchon, tué 17 minutes avant le cessez-le-feu. On se dit qu’il y en a qui n’ont vraiment pas de chance…

Final forestier

Nous arrivons à présent dans les derniers kilomètres de cette boucle qui en compte 220… Neufmanil, Gespunsart, Nouzonville, Les Hautes-Rivières. Nous replongeons dans les grandes forêts ardennaises. La ligne d’arrivée et Gedinne sont en vue. Par ici, attention au gibier: un chevreuil qui déboule devant vos roues, ça vous fait grimper le pouls à 150, croyez-nous. Donc pas d’enthousiasme excessif, même si, côté français surtout, ces ultimes bornes toutes en virages sont bien séduisantes. Bonne route et soyez prudents!

Arrêts gourmands

– Hôtel-restaurant du Saumon: voilà un bon paquet d’années que nous arpentons le département des Ardennes, en long, en large et en travers. Et pourtant, nous ne connaissions pas l’hôtel-restaurant du Saumon à Buzancy. Quelle erreur! A notre décharge, il faut dire que Julie et Damien, les proprios, ont repris l’établissement il y a moins d’un an. Ils en ont fait un endroit où il fait bon s’attabler. Aux fourneaux, Damien, qui est passé par l’Ecole Hôtelière de Namur, sait ce que cuisine de qualité veut dire, tandis qu’en salle, Julie assure un service efficace et souriant. Le menu du jour, plus que recommandable, vous propose entrée, plat et dessert au prix de 15,50€. Que demander de plus?
Hôtel-restaurant du Saumon, 4 place du Général Chanzy, 08240 Buzancy.
Tél.: 00/33/(0)3 24.71.79.86. www.hotel-buzancy.fr

– Le Relais du Vert d’Eau: un peu plus loin sur notre itinéraire, dans la petite localité champêtre de Grandpré, le Vert d’Eau c’est vraiment le bar-tabac à l’ancienne, typique d’une certaine France rurale, hélas en voie de disparition. Il ne manque au tableau que Papy Moujeaux, béret sur le crane et Gitane papier-maïs au bec, arrivé là dans sa vieille fourgonnette 2 CV… L’endroit est accueillant en diable et aux heures des repas, il y aura toujours un plat du jour (8€) ou un menu du jour (13€) pour vous. Mieux vaut toutefois vous assurer de l’ouverture de l’établissement avant votre passage… Le week-end, réservation obligatoire.
Le Relais du Vert D’Eau, 08250 Grandpré.
Tél.: 00/33/(0) 24.30.50.33.