Routes du patrimoine: 130km de Stavelot à Malmedy

Balades à moto Tourisme Philippe Bonamis
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Pour cette balade d’après rentrée des classes, prenons de l’altitude et allons tutoyer les sommets vertigineux, en grimpant jusqu’au Signal de Botrange, point culminant de notre petite terre d’héroïsme, à près de 700m d’altitude. Vous avez l’oxygène, les crampons et le piolet? On est parti!

C’est pile-poil devant l’Abbaye de Stavelot que débute notre itinéraire. Il suffit de descendre la rue du Châtelet jusqu’à l’Amblève, de franchir le pont puis de rester sur la route principale à gauche (chemin du Château) et vous êtes sur les rails. Les premiers kilomètres grimpent sévèrement mais le rythme reste paisible. L’œil est irrésistiblement attiré par les vastes panoramas sur le côté gauche et nous prenons le temps de laisser doucement les mécaniques grimper en température, d’un virage à l’autre.

Nous longeons l’espace d’un instant l’E42 qui relie Verviers à Prüm, en territoire allemand, avant de franchir la frontière linguistique à l’approche de Recht, petite localité certes belge mais à l’atmosphère déjà très germanique. Arrêt traditionnel dans une boucherie-charcuterie, Michels (Bergstrasse, 4) en l’occurence, le temps d’embarquer quelques savoureuses pipes d’Ardenne pour la pause de 11 heures. Après dégustation, nous vous recommandons goulument les produits de cette maison! Par le bien nommé Sankt-Vither Weg, nous arrivons à Saint-Vith que nous traversons de part en part. Voilà une petite ville animée qui vous dépaysera à coup sûr: nous avons beau nous trouver administrativement en Région wallonne, tout ici évoque l’Allemagne toute proche.

Une fois sortis de la ville, en quelques coups de gaz à peine, nous voici sur la N626, une vraie route à moto qui fait la part belle aux courbes moyennes à rapides, avec en prime, le croiriez-vous, un revêtement impeccable qui se dégrade toutefois à l’approche de Schönberg, où notre itinéraire enjambe l’Our, riant cours d’eau, qui prend sa source non loin d’ici, du côté de Manderfeld.

Hill Climb

Après un repas agréable, résolument local, servi avec autant de célérité que de gentillesse au café-restaurant Zum Burghof, nous reprenons la route cap au nord, direction Andler, petite localité réputée par son épreuve de montée impossible à moto (Hill Climb), disputée chaque année à la fin août. Un truc haut en couleur, très spectaculaire mais plutôt dans le genre brutal. Avis aux amateurs de sensations!

N’hésitez pas, après avoir quitté la vallée, à vous arrêter dans la montée qui conduit à Herresbach: vous aurez, en regardant vers la vallée, un aperçu saisissant du site de l’épreuve! Une fois sur le plateau, ça tournicote agréablement du côté d’Heppenbach et Möderscheid. La N658 que nous avions prévue d’emprunter pour rallier Büllingen était en travaux, ce qui nous a contraints à une petite déviation, bien agréable au demeurant. La 658 se révèle diablement sympa jusqu’à Rocherath avant de s’enfoncer dans les bois pour franchir la frontière allemande. Va pour une petite incursion en territoire germanique!

Nous abandonnons, après quelques bornes seulement, la célébrissime B258 qui relie Aachen à Coblence en passant par le Nürburgring, pour emprunter un véritable toboggan, sinueux en diable, par Rohren et Widdau. Une vraie route de montagne jouissive! Nous passons à proximité de Monschau (Montjoie) que l’on contourne par l’est puis le nord. Plutôt que de revenir en territoire belge par la route directe comme nous l’avons déjà souvent fait, nous préférons passer par Mützenich. Très plaisant aussi, malgré un radar au centre de la localité: il a l’air parfaitement fonctionnel si l’on en juge par la conduite des locaux qui respectent scrupuleusement les 30km/h imposés! Vous voilà prévenus…

Nous nous lâchons un peu plus dans les courbes plaisantes, quoique peu rapides, qui conduisent à Kalterherberg, à la frontière belge. Après quelques kilomètres à travers de vastes étendues sévères (fagnes et bois), nous passons à proximité du camp militaire d’Elsenborn, créé par l’armée prussienne en 1901. Les artilleurs de l’armée belge s’y entraînent toujours aujourd’hui. Reste que les lieux ont connu des jours meilleurs et que les abords immédiats du camp, avec leur cortège de bâtiments abandonnés qui succombent doucement aux assauts du temps, donne plus l’impression de se trouver dans un coin perdu de Russie qu’en Belgique!

718m

Le Signal de Botrange, que l’on atteint par une route hélas sans intérêt, se trouve à présent à deux pas. Hormis le fait qu’il s’agit du point culminant de la Belgique à 694m d’altitude (devant le Weisser Stein à Mürringen, 693m, et la Baraque Michel, 674m) les lieux ne valent pas une messe. Signalons toutefois que la butte Baltia, construite en 1923, permet d’atteindre artificiellement 700m et même 718m au sommet de sa tour de pierre… On se consolera aisément avec les derniers kilomètres qui, par la viroleuse N88, vous feront dévaler sur Malmedy: le genre de route qui vous fait goûter au mieux les plaisirs que seule une moto vous réserve! Après ça, vous aurez bien mérité un rafraîchissement sur l’une des accueillantes terrasses de la place Albert Ier à Malmedy, où prend fin notre road-book. Sur ce, bonne route et prudence, toujours!