Les routes de notre patrimoine: 140km au départ de Treignes

Balades à moto Tourisme Philippe Bonamis
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Treignes, dans l’Entre-Sambre-et-Meuse est aussi, pour ceux que la poignée de gaz démange, la porte d’entrée des Ardennes françaises et de ses belles routes sinueuses, en forêt ou au bord de l’eau… Votre plein est fait? Nous sommes partis…

Notre road-book démarre à l’église de Treignes: impossible de se tromper! À la sortie du village, après avoir franchi l’antique pont de pierre qui enjambe le Viroin, nous grimpons à travers bois, direction Le Mesnil, puis Oignies-en-Thiérache. Avant de dévaler vers la Meuse, en territoire français, sur un bitume irréprochable (une fois n’est pas coutume…), nous marquons la pause dans un jolie clairière qui fut considérée en son temps comme le centre géographique de l’Europe, à une époque où l’Union européenne ne comptait que 15 pays membres. Anecdotique, mais sympathique, surtout que Toine Culot y a enterré le dernier franc belge, début 2002…

Itinéraire montagneux

Après une halte roborative à l’Hostellerie de la Vallée à Fumay, une adresse toujours aussi recommandable pour les amateurs de bonne chère, nous reprenons les bécanes pour, via Haybes, grimper jusque Hargnies et sa vaste place arborée, par une route riche en virolos des plus réjouissants. Après quelques kilomètres vers le sud, sur la D989 en direction de Monthermé, nous bifurquons à droite vers le lieu-dit «Les Hauts Buttés». Nous roulons à présent cap à l’ouest, au beau milieu de profondes forêts. Attention au gibier qui abonde par ici!

Le profil de la route ressemble furieusement à celui d’un itinéraire route de montagne avec différents points de vue spectaculaires sur le sillon mosan. Nous passons devant l’impressionnant monument à la mémoire du Maquis des Manises, où 106 résistants, pour la plupart réfractaires au service de travail obligatoire, perdirent la vie le 13 juin 1944, cernés puis assassinés par la SS. Après Revin, nous remontons le cours de la Meuse en direction de Monthermé, la route longe la splendide voie verte «Trans-Ardennes» que les amateurs de vélo connaissent bien.

Semoy et Semois

Après avoir laissé derrière nous les impressionnantes Roches de Laifour, nous pénétrons dans Monthermé, où le fleuve reçoit les eaux de la Semoy (orthographe française ; on écrit Semois en Belgique, comme chacun sait…). Multipliant les détours à la recherche de courbes jubilatoires, notre itinéraire vous fait ensuite passer par Nouzonville, où il traverse une nouvelle fois la Meuse avant de se lancer dans un long intermède forestier et de rejoindre la Semoy à hauteur des Hautes-Rivières, quasiment à la frontière belge. Ensuite, ça grimpe sec vers Linchamps, où l’on a un peu l’impression d’être au bout du monde, avant de pénétrer en territoire wallon et de quitter le couvert forestier du côté de Louette-Saint-Pierre.

Les localités se font plus rapprochées et les paysages plus ouverts: nous passons par Gedinne, Sart-Custinne, Vencimont et Felenne. Après une halte au sympathique Moulin d’Olenne, dont la roue était jadis animée par la Houille, nous franchissons une fois encore la frontière pour gagner Charnois et Rancennes, accompagnés sur notre gauche par les panaches de vapeur de la centrale nucléaire de Chooz. Quelques coups de gaz plus tard, et voici Givet, où vous aurez bien mérité de boire la dernière sur l’une des nombreuses terrasses du quai des Fours, en bord de Meuse. Bonne route et prudence, toujours!