Des Ardennes à la Moselle, le Luxembourg recèle de trésors à découvrir. Entre nature préservée et vestiges historiques grandioses, chaque région du pays offre un dépaysement enchanteur. Nul besoin de partir à l’autre bout du monde, le bonheur se trouve là, à deux pas de chez nous!
Si toutes les routes mènent à Rome, les plus belles d’entre elles traversent assurément le Luxembourg. Un constat qui saute aux yeux au passage de la frontière: adieu trous et ornières «made in Belgium»! Dès l’entrée en terre luxembourgeoise, le contraste est saisissant. Des rubans d’asphalte aussi lisses qu’un parquet en bambou s’étendent sous mes roues. Un régal.
Afin d’être d’attaque pour le copieux menu de ces trois journées de découvertes, j’établirai mon camp de base au nord du pays, dans le splendide Château d’Urspelt, situé à quelques encablures de Clervaux, superbe cité pittoresque nichée dans le Parc naturel de l’Our. L’endroit, déjà visité l’an dernier à l’occasion de notre comparatif spécial voyageuses, respire la quiétude.
Construit au XIIIe siècle, le château fut laissé à l’abandon lors de la libération du Luxembourg pour sombrer petit à petit dans l’oubli jusqu’en 2005, date à laquelle il fut entièrement rénové par un entrepreneur tombé amoureux des lieux. Aujourd’hui, ce havre de paix comporte 55 chambres luxueusement aménagées, un centre wellness, un restaurant gastronomique et un lounge bar très intimiste, entièrement creusé à la main au départ des caves situées sous la partie résidentielle. Enfin, notons la présence d’un parking extérieur surveillé par caméra. De quoi m’endormir sur mes deux oreilles! Le voyage commence bien…
Comtes et châteaux
Reposé et repu après un bon petit-déjeuner, j’entame mon périple en prenant le direction de Vianden, via la N25. Cette superbe chaussée reliant Wiltz à Kautenbach fait l’objet d’un projet-pilote visant à sécuriser les utilisateurs de deux-roues motorisés. La route, très fréquentée par les motards, regorge de virages serrés invitant à l’arsouille. L’administration luxembourgeoise a donc décidé d’y réaliser des travaux de marquage au sol en vue d’inviter les motards à tenir des trajectoires correctes. Nombre de ces virages peuvent, en effet, se révéler piégeux et il faut absolument veiller à conserver une marge de sécurité afin d’éviter de se prendre un bus ou une voiture en pleine face.
Pour le reste, le Luxembourg s’avère être un véritable paradis pour motards: asphalte irréprochable, priorités de droite rarissimes, feux de signalisation épars et glissières de sécurité doublées y sont la norme. Je continue ma route en direction de Vianden via la CR322 ; les virages s’enchaînent et les épingles laissent à présent place à de belles courbes rapides.
Bien que l’invitation à rouler soit omniprésente, n’oubliez pas de vous arrêter afin d’admirer le superbe Château de Vianden, dont la construction remonte au XIe siècle. Restauré depuis 1977 dans le respect des formes historiques, ce vestige féodal est aujourd’hui un monument de rang européen.
Mon périple se poursuit par la vallée de la Sûre, en direction de Boursheid et de son splendide… château! Encore un mais le plus grand du pays et l’un des plus importants entre le Rhin et la Meuse, dont la construction remonte à l’an 1000. La route continue d’épouser les méandres de la rivière, elle me mène au ravissant village médiéval d’Esch-sur-Sûre, abritant lui aussi les ruines d’un… château, encore un! Avis aux amateurs de ce type d’ouvrage.
Malheureusement, le temps file et je suis déjà en retard. Je me résous donc à faire l’impasse sur le tour du lac, situé à seulement 1km à l’ouest du village et me dirige vers Bekerich afin de récupérer quelques forces grâce à un savoureux plat de saison.
Je reprends le guidon de ma Yamaha FJR 1300 et entre dans la très belle région du Guttland, nichée au cœur du pays. Le patrimoine historique y est omniprésent, que ce soit dans la Vallée des Sept Châteaux, sur les divers sites gallo-romains ou dans les nombreux musées ruraux.
En ce début juin, la chaleur se fait ressentir et je profite des jardins du château d’Ansembourg afin de me rafraîchir un peu avant de prendre la direction de Esch-Belval et de changer radicalement de décor. Cette ville marquée par sa culture industrielle abrite, entre autres, la célèbre Rockhal, lieu culturel bien connu des amateurs de décibels. Cette halte urbaine est pour moi l’occasion de visiter les hauts-fourneaux, vestiges d’un passé métallurgique pas si lointain ainsi que le très moderne Luxembourg Learning Center, une bibliothèque universitaire dernier cri.
La journée touche à sa fin et j’entre dans la région vinicole de la Moselle en passant à proximité de la bucolique ville thermale de Mondorf-les-Bains. Il est 19 heures lorsque j’arrive à l’hôtel de l’Ecluse, superbe établissement contemporain situé en bordure de Moselle. La FJR prend place sur le parking couvert et surveillé. Nous avons tous deux grand besoin de repos… enfin, surtout moi!
Terroir et traditions
En cette deuxième journée, le soleil brille sur la Moselle et sur les innombrables vignobles la bordant. Je remonte le cours de cette paisible rivière et pose mes roues dans la célèbre commune de Schengen, mondialement connue pour son traité sur la suppression des contrôles aux frontières européennes qui y fut signé en 1985. Amateurs d’histoire, prenez le temps de visiter le Musée européen, accessible gratuitement. Un cadenas gravé à votre nom vous sera remis au terme de votre visite pour marquer de votre empreinte le monument aux cadenas, symbolisant l’esprit de libre circulation au sein de l’espace Schengen.
Parenthèse culturelle refermée, il est à présent temps de poursuivre la découverte de cette belle région. Les villages pittoresques se succèdent, ponctués par de multiples habitations aux façades de couleurs pastel. Si la police n’est pas omniprésente en cette saison, je veille cependant à respecter la population locale habituée à voir circuler un flot incessant de motos une fois l’été venu. Les routes boisées laissent progressivement place à des plaines s’étendant à perte de vue.
Arrivé à hauteur de Junglinster, un panneau attire mon attention et je décide d’y marquer l’arrêt. Il s’agit d’un monument érigé en hommage aux victimes de la route. Ce lieu invite à la méditation et je ne peux m’empêcher de me laisser envahir par l’émotion, repensant à mes amis motards disparus bien trop tôt. Une piqûre de rappel parfois nécessaire afin de calmer les ardeurs.
Je repars de cet endroit symbolique en direction de Bech et de son superbe restaurant, le Becher-Gare. Installé comme son l’indique dans une ancienne gare, cet établissement mêle le goût de la tradition à la modernité afin de vous faire déguster une cuisine du terroir dans un cadre grandiose. Je profite également de l’occasion pour découvrir la micro-brasserie de Bech ( www.echternacher-brauerei.lu) mais, moto oblige, je ferai l’impasse sur la dégustation.
Mon ventre est plein mais j’ai veillé à garder de la place pour le dessert: le Mullerthal. Souvent désignée comme la Petite Suisse luxembourgeoise, cette région doit cette appellation à son paysage vallonné rappelant le pays helvète. De nombreuses formations rocheuses ornent les routes serpentant à travers bois. Les virages s’enchaînent pour me conduire au pied du château de Beaufort, dont la partie la plus ancienne date du début du XIe siècle. Bon à savoir: de nombreux bars, hôtels et campings se situent à proximité.
Pas le temps de rêvasser, il faut déjà reprendre la route! Les virages au revêtement parfait se succèdent pour me mener sur la place d’Echternach, plus ancienne ville du pays, et centre historique et culturel de la Région du Mullerthal. Chaque année, le mardi de la Pentecôte, le centre-ville moyenâgeux vit au rythme d’une procession dansante. Documentée dès l’an 1100, la procession voue un culte à saint Willibrord, moine et fondateur de l’Abbaye d’Echternach, vénéré pour ses activités missionnaires, ses bienfaits et son don de guérir certaines maladies. Le centre-ville accueille un musée de la préhistoire et au bord du lac non loin de la ville, se trouvent les restes de la plus grande villa romaine au nord des Alpes.
Cette visite historique m’ayant donné soif, je décide de prendre la direction de Born. Situé à quelques encablures d’Echternach, ce petit village héberge l’unique cidrerie du pays. Fondée en 2014, l’établissement Ramborn a déjà remporté de nombreuses récompenses et au vu de la qualité des breuvages dégustés, je comprends aisément pourquoi! Chose intéressante, les associés ont tenu à faire revivre les nombreux vergers oubliés du pays. N’hésitez pas à vous y arrêter et à y prendre un (petit) verre d’histoire!
Clou du spectacle
Ce troisième et dernier jour chez nos voisins luxembourgeois constitue, pour moi, l’occasion de visiter pour la première fois leur capitale. Située au confluent de l’Alzette et de la Pétrusse, la ville prend place sur un éperon rocheux très escarpé qui forme, en quelque sorte, une fortification naturelle. À l’origine de la ville de Luxembourg, il n’y avait qu’un petit fortin construit peu après le milieu du Xe siècle sur un rocher quasi inaccessible. Le comte ardennais Sigefroi acquit ce fortin baptisé «Lucilinburhuc» par un acte d’échange avec l’abbaye Saint-Maximin de Trèves et en fit une résidence comtale.
Malgré les nombreux sièges et le poids des ans, les vieux quartiers et les fortifications de la ville de Luxembourg restent fidèles à leurs époques respectives. Les bastions et autres ouvrages fortifiés caractérisent toujours le site de la ville, même s’ils ont perdu toute signification militaire. Aujourd’hui, les vestiges des anciennes forteresses et les créations de l’architecture contemporaine s’y mélangent dans une harmonie parfaite. La vieille ville de Luxembourg fait d’ailleurs depuis longtemps déjà partie du patrimoine mondial de l’Unesco.
Non loin du centre historique se trouve le quartier européen. Celui-ci abrite, outre les bâtiments des institutions européennes, le Musée d’art moderne et la Philharmonie Luxembourg, dans un écrin ultramoderne. Comme toujours au Grand-Duché, les vestiges historiques ne sont jamais bien loin et je m’amuse de voir cette curieuse cohabitation entre passé, présent et futur.
Conclusion
Une fois de plus, l’heure avance et il est déjà temps pour moi de regagner la Belgique. Toutefois, je ne tarderai pas à revenir poser mes roues dans la région tant ce pays m’a séduit! Ces trois journées de roulage m’ont permis de découvrir une nature omniprésente et majestueuse, une gastronomie du terroir simple et savoureuse, ainsi qu’ une population accueillante et toujours prête à vous faire découvrir les secrets du pays. Vous l’aurez compris, le Luxembourg a bien plus que de belles routes et de l’essence bon marché à offrir!
—
Yamaha FJR 1300 AS
Avec un périple de près de 1.000km, dont plus de 400km sur autoroute, mieux vaut prévoir une monture adaptée! Mon choix s’est donc porté sur la Yamaha FJR 1300, dans sa version AS (pour semi-automatique). Cette dernière se démarque par sa commande d’embrayage robotisée dont le système baptisé YCC-S (Yamaha Chip Controlled Shift) permet au pilote de passer les vitesses, soit à l’aide des deux palettes disposées au commodo gauche, soit au pied.
Afin d’éviter de se retrouver en fâcheuse posture, Yamaha y a adjoint la fonction «Stop Mode». Cette dernière, une fois sélectionnée, rétrograde automatiquement les rapports jusqu’au premier, lorsqu’on s’arrête, ou lorsque la moto roule à très basse vitesse: hyperpratique au quotidien, même s’il reste néanmoins possible de le désactiver.
GT dans l’âme, cette FJR 1300 AS s’est avérée d’un confort royal, tout en restant suffisamment sportive pour partir à l’assaut des innombrables virages luxembourgeois.
Attention toutefois aux excès d’optimisme en entrée de courbe. Les 296kg de la machine se font parfois ressentir, poussant le pilote à devoir s’engager physiquement afin de resserrer les trajectoires. Prudence donc! Côté rangements, les deux valises totalisant une contenance de 30l m’ont permis d’emporter le strict nécessaire, à savoir vêtements anti-pluie, affaires de toilette et quelques habits. Pour les voyages en duo, il faudra donc faire quelques compromis avec votre passagère! Celle-ci appréciera néanmoins la selle très accueillante dotée d’une légère courbure offrant un excellent maintien, tout comme le confort prodigué par les suspensions électroniques, réglables au guidon en quelques secondes. Tarif: 20.999€.
—
Luxembourg Card
Valable pendant une année complète, la Luxembourg Card propose de nombreuses remises dans plus de 70 attractions touristiques ainsi que la gratuité des transports publics au Grand-Duché. La Luxembourg Card est valable soit pour un, deux ou trois jours, pour une personne (13€, 20€, 28€) ou pour de petits groupes jusqu’à 5 personnes (28€, 48€, 68€). Ce passeport touristique est en vente dans les bureaux de l’Office du Tourisme, dans les hôtels, campings et auberges de jeunesse. La Luxembourg Card peut également être commandée sur internet ou via application sur App Store ou Google Play. Pour plus d’informations, visitez: www.visitluxembourg.com/fr/luxembourg-card.
—
Où dormir?
– Château d’Urspelt
Am Schlass à 9774 Urspelt. Tél.: +352/26.90.56.10. Web: www.chateau-urspelt.lu.
– Hotel-Restaurant l’Écluse
Waistrooss, 29 à 5450 Stadtbredimus. Tél.: +352/23.61.91.91. Web: www.hotel-ecluse.lu.
– Éco Lodges Péitche Lauer
Am Tremel, 4 à 8706 Useldange. Tél.: +352/281.37.21. Web: www.http://peitchelauer.lu.
—
À découvrir
– Ardennes Luxembourgeoises
www.visit-eislek.lu
– Cidrerie Ramborn
Duerfstrooss, 23 à 6660 Born. Tél.: +352/26.72.92.04. Web: www.ramborn.com.
– La «Petite Suisse»
www.mullerthal.lu
– La vallée des sept châteaux
www.visitguttland.lu
– Luxembourg Capital City
www.visitluxembourg.com
– Pundel Vinspurs
Wengertswee, 50 à 5485 Wormeldange-haut Luxembourg. Tél.: +352/62.12.80.978. Web: www.pundel-vinspurs.lu.
– Vianden
www.vianden-info.lu
—
Où manger?
– Restaurant An der Millen
Huewelerstrooss, 103 à 8521 Beckerich. Tél.: +352/23.62.21.841. Web: www.andermille.lu.
– Restaurant Becher Gare
Becher Gare, 1 à 6230 Bech. Tél.: +352/26.78.42.40. Web: www.bechergare.lu.